Quelques jours suivant la clôture de la « semaine de gestes qui sauvent » qui s’est déroulée du 16 au 20 mai dernier, le LBB s’est entretenu avec Céline Faurie-Gauhtier, Conseillère municipale déléguée aux hôpitaux, à la prévention et à la santé, afin de dresser un bilan sur cette semaine, durant laquelle, lyonnaises et lyonnais, ont pu s’initier à travers divers ateliers préventifs. Rencontre.
Pourquoi avoir choisi Lyon cette année comme ville d’accueil à cette première édition de la semaine des gestes qui sauvent ? Quelles sont les villes qui ont déjà accueilli cet événement ?
« C’est un événement purement lyonnais. Je pense que d’autres villes font sans doute d’autres événements. Là, c’est une fabrication locale sous mon égide, et depuis des années je travaille avec la fédération française de cardiologie qui m’alerte sur le fait que si on avait plus de français formés aux gestes qui sauvent, on pourrait sauver par an, 10 000 vies. Donc, fort de tout cela, en réfléchissant avec eux, on s’est dit qu’on allait organiser un événement, enfin, une semaine complète où on allait initier à peu près 2 000 lyonnaises et lyonnais à ces gestes et surtout, faire parler de ces gestes pour que tout le monde se retrouve face à leur importance. Donc on a fabriqué cette semaine en sachant qu’en plus, la ville de Lyon est équipée de nombreuses structures sur les gymnases, les piscines, les équipements de police, les mairies d’arrondissements, les salles de spectacles ; de défibrillateurs automatiques. C’était une de mes priorités depuis que je suis élue. Maintenant, ces défibrillateurs, en cas de malaise cardiaque, sont extrêmement utiles, mais ils ne sont pas encore bien connus alors qu’ils sont faciles à utiliser. On les a installés, ils sont utilisables par les agents de la ville de Lyon mais aussi par le grand public, mais ils ne sont pas assez connus. Donc l’idée c’était aussi de bien faire connaître ces défibrillateurs, expliquer comment les utiliser de manière très simple, accompagné bien entendu du massage cardiaque, donc c’était aussi pour cette raison là que j’ai organisé cette semaine sur ces journées d’initiations. »
Durant cette semaine des gestes qui sauvent, de nombreuses initiations ont donc, comme vous l’avez dit, été organisées. Telles que la prise en charge d’un arrêt cardio-respiratoire, la prévention d’une noyade, apprendre à localiser un défibrillateur etc. Quelle conclusion avez-vous sur ce qui a été produit ?
« Pour qu’on ait aussi un moment d’échanges entre professionnels, entre spécialistes du secourisme, on avait organisé jeudi soir un colloque avec des intervenants sur les différents sujets du secourisme. Il est important de le faire, pour essayer de mobiliser encore plus le grand public à ces initiations. Donc on avait un colloque entre professionnels jeudi. C’était vraiment une semaine complète où on offrait à tous, cela, sachant en plus que nos partenaires comme, AG2R La Mondiale, les mutuelles, la mutualité française, la mutuelle générale, enfin, il y avait beaucoup de partenaires, qui eux-mêmes, dans leur propre structure, ont profité de cette semaine-là, pour former leurs membres en même temps dans leur structure. En plus il y avait une communication avec « Qui ne sauve pas n’est pas lyonnais », qui a bien marqué les esprits, donc une grosse communication qui fait, je pense, que peu de gens ont pu échapper à cet événement. »
Pensez-vous que cela a eu un impact sur la population lyonnaise ? Avez-vous senti un certain engouement ou, au contraire, estimez-vous que l’événement aurait pu susciter plus de public ?
« Ces journées ont eu un très grand succès, tout a été très vite rempli. Les inscriptions en deux jours ont toutes été prises, donc cela montre l’intérêt des lyonnais. Sur la place Bellecour on a eu de la chance d’avoir le beau temps, mais il y a eu vraiment beaucoup de monde et tout le monde était très content, à tel point que le SAMU nous a dit que tout le monde avait envie qu’on recommence l’opération. La première journée c’était les agents de la ville de Lyon, parce que l’idée c’était qu’ils soient les plus formés possibles, parce que bien souvent, ils sont en lien avec le public, donc c’est important qu’ils puissent être formés, et puis, c’est aussi important de montrer l’exemple en tant que collectivité. La ville de Lyon montre un peu l’exemple en formant ses agents. Ensuite, on avait du grand public au centre commercial de la part dieu donc, au cœur du centre commercial par flot de 50 personnes sur 45 minutes, qui étaient formées toute la journée. Ça n’a pas désemplie, ça a extrêmement bien marché. La directrice du centre commercial qui était partenaire financier de notre opération m’a clairement dit que ça l’intéressait de recommencer cette opération. Donc ça a vraiment eu un beau succès. Ensuite, on avait toujours le grand public, on avait samedi place Bellecour, la rue des secours avec l’ensemble des partenaires, puisque ce projet, cette fédération, c’est la ville de Lyon, associée, coorganisée avec la fédération de cardiologie, mais, ça n’aurait pas pu voir le jour si on n’avait pas mis autour de la table depuis une petite année, l’ensemble des acteurs de secourisme. Donc ça part bien évidemment du SAMU, les sapeurs-pompiers de la métropole bien entendu, on a le service de santé aussi comme partenaire, et puis toutes les associations de secourisme, qui sont très nombreuses sur notre territoire, qui ont accepté justement de venir bénévolement former pendant ces journées-là. Donc là, sur la rue des secours, on avait tout le monde, ce qui a permis à tout le monde d’expliquer très clairement l’ensemble des gestes : ça va du massage cardiaque qui est très important, mais jusqu’à la pose d’un garrot, puisque maintenant, il y aussi une attente quand même de la population en cas, hélas d’attentats, de savoir faire un garrot. Donc il y avait aussi ce genre de gestes qu’on pouvait apprendre, mais aussi comment faire si quelqu’un s’étouffe. On avait en même temps sur le centre nautique, des explications sur la prévention de la noyade, et puis dans toutes les casernes de pompiers de Lyon, il y avait aussi des formations pendant toute la journée, qui étaient absolument complètes, donc ça a extrêmement bien fonctionné. »
En dehors de cette semaine spéciale, où pouvons-nous retrouver ces différents stages de prévention ?
« Alors normalement, on doit pouvoir avoir accès à l’ensemble des associations. L’idée c’est qu’on puisse inscrire sur le site de la ville de Lyon « pour vous former, voici la liste des associations sur la métropole » en gros, parce qu’il n’y a pas forcément que la ville. Mais l’idée c’est de renvoyer les personnes à toutes les associations qui proposent des formations. Quand on en a reparlé après l’événement, je me suis dit qu’il fallait absolument qu’on l’écrive nous, en tout cas sur le site de la ville. Après il y a beaucoup de gens également, qui appellent le service de la ville pour poser la question, et nous on leur répond bien entendu ».
Les défibrillateurs sont présents en nombre dans la ville de Lyon puisqu’ils sont environs 110 à être implantés dans des zones stratégiques. Ce nombre va-t-il augmenter ?
« Les défibrillateurs, il y en a 110 en effet qui appartiennent à la ville de Lyon. Mais il y en a énormément plus puisqu’il y a toutes les structures autres, publiques par exemple, dans les gares, les centres commerciaux, les commerces. Il y en a un certain nombre aussi dans les établissements de santé etc. Donc en fait, il y en a énormément sur le territoire. L’important c’est d’avoir une meilleure connaissance de ce qui existe sur le territoire, et de voir avec le SAMU, c’est un travail que nous allons engager, en faisant une corrélation avec des zones où on a des problématiques d’arrêt cardiaque qui sont plus fortes que d’autres. Parce que c’est cela qui compte, c’est ce que nous a expliqué le professeur Pierre-Yves GUEUGNIAUD, qui est donc le patron du SAMU. Il faut qu’il y en ait le plus possible bien entendu, mais il faut aussi qu’ils soient à des endroits où on sait qu’ils seront très importants. Donc on va fait le travail avec eux pour éventuellement compléter, voir sur la ville, soit sur d’autres, mais en allant voir sur les zones qui pourraient porter ces aménagements. Donc on n’a pas encore défini clairement de développement, il faut qu’on travaille plus sur la qualité de ce qui existe aujourd’hui sur l’ensemble de la ville ».
N’importe qui peut apprendre ces gestes de premier secours ? que ce soit un enfant ou une personne âgée ?
« Je souhaitais qu’on touche vraiment tout le public de tous les âges, puisque les gestes qui sauvent s’apprennent dès l’âge de 10 ans. On a complété la semaine par des formations de 360 élèves de CM1 CM2, le vendredi après-midi dans chaque arrondissement. Et là c’est pareil j’y ai assisté puisque je suis allée un peu partout. C’est vrai que les gamins étaient admiratifs, parce qu’ils adorent ça. Ce sont des choses extrêmement complètes, ils participent, ils trouvent cela extrêmement utile donc c’est vraiment bien. »
Existe-t-il justement des interventions de prévention dans les écoles primaires et les collèges ? Est-ce qu’à Lyon, on fait en sorte que les plus jeunes soient sensibilisés à ces préventions ?
« Alors, normalement, l’école primaire et le collège, sont plutôt sous l’égide de l’éducation nationale. Là on a profité du corps périscolaire pour cet événement-là, qui a permis d’avoir une première formation. C’est vrai que nous, en toute logique, toutes ces formations, devraient être toutes faites selon la loi. Ils devraient tous avoir un parcours de formation secouriste en primaire, collège et lycée, mais elles ne sont pas toujours faites, ça c’est clair. Après on ne peut pas se substituer nous, à tout ce qui devrait être fait dans le cadre de l’éducation nationale. D’abord parce que ça a un coût important, mais par contre il faut qu’on réfléchisse à comment est-ce qu’on peut, peut-être nous, comme on a fait cette semaine-là, de temps en temps, proposer des choses dans les établissements. Donc on va y réfléchir en tout cas puisqu’on a la chance d’avoir des pompiers et des pompiers qui font partie de la collectivité de la métropole, donc on va sans doute réfléchir avec eux pour voir, notamment dans les collèges, comment on peut être un peu plus présent. Mais c’est vrai qu’on ne peut pas nous, se substituer et faire l’ensemble des formations de tout ce qui doit être fait, ce n’est pas possible. Mais voilà, il faut qu’on progresse, qu’on essaie de faire des propositions qui, aujourd’hui, ne sont pas forcément à l’ordre du jour, mais on y travaille ».
Cette édition se verra-t-elle réitérer une nouvelle fois à Lyon dans les années à venir ?
« En tout cas nous on va faire un vrai bilan bientôt, parce qu’on a notamment les petits questionnaires qualitatifs des personnes qui ont été initiées. Donc on va traiter un peu tout cela. Et puis, après est-ce que ça sera tous les ans, tous les deux ans, je ne sais pas, mais en tout cas le succès était vraiment au rendez-vous et nul doute qu’on va la renouveler oui. Il y a de fortes chances. »