Les Fatals Picards, groupe de « rock indé-débile » étaient la tête d’affiche du concert d’intégration de Lyon 2 jeudi 13 septembre. Marion et Milena les ont rencontrés. Interview.
Crédits photos : Marion Carette et Margaux Cannaméla
Depuis plus de dix ans, Paul (chant), Yves (basse et guitare), Jean-Marc (batterie) et Laurent (guitares) sillonnent les routes de France pour le plus grand plaisir des spectateurs. Le concert de la semaine dernière faisait partie de la seconde tournée Coming Out, album sorti en 2010. Plus consensuel et lissé que les premiers albums (le totalement barré Navet Maria ou l’invraisemblable Picardia Independenza), le groupe reste dans un rock plutôt engagé.
L’association Esprits Critiques a pu passer en coulisse et réaliser le fantasme de tous leurs fans : Interviewer Paul Léger, le chanteur des Fatals Picards.
Alors ce retour à la fac, ça te plaît ?
Ça me rappelle des mauvais souvenirs (rires). Mes souvenirs de la fac remontent à loin, j’ai fait une licence en Lettres Modernes, mais pour moi, ça a surtout été le début de l’indépendance : je suis parti de chez mes parents, j’ai pris un appart et j’ai arrêté la fac !
Vous vous définissez comme un groupe de rock « indé-débile », tu peux nous en dire plus ?
Il faut déjà savoir que cette phrase, on l’a mis une fois dans une plaquette de présentation il y a dix ans. Et on en sort deux par an de ces plaquettes. La formule est restée mais c’était une connerie comme une autre !
Alors comment définir votre musique ?
Tout d’abord, c’est une musique merveilleuse, non, vraiment, elle est géniale (rires). Disons qu’on est à mi-chemin entre Guns and Roses et Alice au pays des merveilles. Entre Lewis Caroll et Alex Rose ! Plus sérieusement, c’est plutôt du rock mais on essaye de faire un vrai mélange des genres selon nos chansons. Entre Mon père était tellement de gauche (plutôt chanson française) et Les dictateurs (style reggae), il n’y a rien à voir !
Vous avez participez à plusieurs fêtes de l’humanité, à un concert au « non » à la constitution européenne… C’est central pour vous l’engagement politique ?
Il y a quelques années oui, avec Yvan (ancien chanteur du groupe ndlr), c’était vrai. Aujourd’hui un peu moins. On a par exemple eu des propositions pour une soirée de soutien à Jean-Luc Mélenchon ou lors de la victoire à la présidentielle de François Hollande qu’on a refusées. C’est vrai qu’on a plutôt une sensibilité gauchiste mais on ne veut pas s’engager en tant que groupe. C’est important pour nous de ne pas associer l’image des Fatals Picards à un mouvement politique. Individuellement par contre, on pourrait tout à fait participer à ce genre d’événements.
Le concert de ce soir, organisé par l’université, est gratuit pour les étudiants. Vous attachez une importance particulière à participer à ce genre de soirée ?
Ah non, nous on fait rien de gratuit, on est toujours payé rubis sur l’ongle ! (rires)
L’Olympia en 2010, ça vous a pas un peu tourné la tête ?
Déjà on a pas fait un Olympia, mais quatre ! Non, je ne pense pas qu’on ait pris la grosse tête… Enfin moi, mes potes disent que si mais en fait, je l’ai depuis la troisième !
Qu’est ce qu’il s’est donc passé en 3ème ?
En troisième, on m’a enlevé mes bagues, mes boutons ont disparu, et je suis sorti avec une super fille pendant le voyage en Espagne. C’est à partir de là que je me suis dis que j’étais quelqu’un de génial et que les gens avaient de la chance de me connaître (rires) !
Petite question technique, vous sortez cette année votre deuxième album live (Fatals sur scène) après Public (en 2008). J’ai remarqué que l’on retrouve encore beaucoup de titres de Pamplemousse mécanique (sorti il y a cinq ans).
Oh, il n’y a que quelque chansons de Pamplemousse dans ce nouvel album, peut-être deux ou trois.
Ce serait plutôt six ou sept.
Ah, quand même ! (rires)
Effectivement Pamplemousse Mécanique est un album charnière. Déjà c’est notre premier (et seul) disque d’or, aussi parce qu’il a été l’album de la reconnaissance par le grand public (avec L’amour à la française) et enfin parce qu’il a été très apprécié par nos fans. En concert aussi on retrouve plusieurs chansons de cet album, j’ai dû chanter plus de mille fois Bernard Lavilliers ! A force, cela perd un peu d’intérêt et je préfère chanter des chansons de nos nouveaux albums, mais c’est ce que le public attend. Quand je vais voir un groupe que j’écoute depuis des années et qu’ils ne font pas leurs grands succès, je suis toujours un peu déçu. Nous c’est pareil, si on joue pas Punk à chiens ou La française des jeux, on se fait huer (rires) !
Un nouvel album live, la tournée de Coming Out qui dure depuis plus d’un an, tu peux nous faire un point sur votre actualité ?
Effectivement, Coming Out a eu pas mal de succès, donc la tournée aura durée plus de deux ans en tout. Notre deuxième album en public vient de sortir et on sera bientôt en concert au Bataclan. Et un nouvel album studio sortira début 2013.
Une exclu à propos ce cet album ?
Tout ce que je peux dire, c’est qu’il y aura un twist !
A Édimbourg ? (cf. la chanson Highlander présente dans le spectacle Gundur et le dauphin magique ndla)
Non, plutôt un twist asiatique…
A découvrir donc dans quelques mois !
C’est sur ces belles paroles, quelques vannes et trois photos, que nous avons quitté Paul.
Quelques heures plus tard, sur scène, après un discours instructif de notre Président d’université, nous retrouvons les quatre musiciens. Pendant plus de deux heures les Fatals Picards ont mis le feu sur la pelouse du bâtiment Europe, jouant leurs plus grands succès comme leurs nouveaux titres. Les étudiants survoltés ont pu se déchaîner en rythme sur un rock énergique aux paroles parfois acides, mais toujours drôles.