[SCD] Le Togo face aux défis posés par les Objectifs de Développement Durable

Réélu dès le premier tour de la présidentielle, le président togolais Faure Gnassingbé a fait “un coup KO”, comme on dit en Afrique de l’Ouest. Alors que sa famille règne depuis cinquante-trois ans sur le pays, sera-t-il en mesure de relever les défis immenses auxquels est aujourd’hui confronté le Togo, notamment ceux posés par les fameux Objectifs de Développement Durable et l’Agenda 2030 ?

Méconnu et peu médiatique, le Togo est l’un des plus petits Etats Africains. Situé dans le golfe de Guinée, en Afrique de l’Ouest, sa population est estimée à environ 8,6 millions d’habitants. Il est le 11eme pays le plus pauvre du monde et plus de la moitié de ses habitants vivent de dessous du seuil de pauvreté.

Selon le gouvernement togolais, le Plan National de Développement (PND) 2018-2022 devrait contribuer significativement à la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD).

Engagé, au même titre que les 196… Etats des Nations dans la réalisation des ODD, le Togo fait face à de nombreuses difficultés structurelles. Le 3 août 2018, le gouvernement togolais a d’ailleurs lancé le Plan National de Développement (PND) 2018-2022, ayant pour objectif d’amorcer des transformations économiques profondes, et notamment de moderniser certaines infrastructures.

Certains questionnements avaient été formulés au chef d’Etat quant à la contribution du PND dans la réalisation des Objectifs de Développement Durable. Parmi les 169 cibles des ODD, le PND en intègre environ une cinquantaine. Outre les priorités économiques auxquelles font face le Togo, la réalisation de trois ODD demeurent des préoccupations majeures pour la population : l’ODD 6 (eau et assainissement) ; l’ODD 4 ( accès à une éducation de qualité) et l’ODD 5 (égalité entre les sexes).

 

Il faut savoir que la gestion des ordures est pratiquement inexistante surtout au nord du pays et qu’en moyenne seulement 11% des ménages ont accès à des toilettes. Ainsi la Société Togolaise des Eaux (TdE) s’est saisie de cette problématique et s’est spécialisée dans la gestion de l’eau et de l’assainissement. Créée en 1964, elle s’est fixée comme mission la mise à disposition d’une eau de qualité, en quantité suffisante et à moindre coût pour le plus grand nombre de foyer. Toutefois, cette société fonctionne sur le principe d’abonnement des ménages à ce dispositif et une bonne communication autour de ce projet reste compliquée à mettre en place.

Cette difficulté renvoie, en partie, au taux d’alphabétisation qui est encore très élevé au Togo. Il demeure très touché par des disparités régionales en termes d’éducation notamment entre les villes et les campagnes. Les données recensées sur la mesure du taux d’alphabétisation au Togo sont relativement anciennes et n’ont pas été actualisées depuis 2011. A cette époque, l’analphabétisme touchait environ 43,3% de jeunes et d’adultes de 15 à 44 ans, dont plus des deux-tiers étaient des femmes.

Ce chiffre reflète un problème majeur et structurel de la société togolaise. Alors que le protocole de Maputo, initié en 2005, avait pour objectif de garantir le droit des femmes et l’égalité sociale et politique, les mœurs peinent à changer. La femme est toujours et encore considérée comme le sexe faible et ne dispose ainsi pas du même accès que les hommes à l’éducation ni même au titre foncier ou encore à l’indépendance financière. Et elles sont encore trop nombreuses à subir des violences physiques et/ ou sexuelles ainsi que des mariages précoces, forcé et polygame.

Le Plan National de Développement mise ainsi sur des avancées économiques afin d’inscrire le Togo comme une puissance régionale mais semble encore laisser de côté certaines thématiques de développement durable et social.  Il semblerait, au même titre que tous les autres pays confrontés aux Objectifs du Développement Durable, que ce soient majoritairement les associations locales et la société civile qui nécessitent de bâtir une intelligence collective afin d’initier une évolution des mœurs en termes d’égalité.

Article rédigé par Camille Nicolaï, Antoine Lelarge et Myriam Cappello, de l’association SCD.

Cet article a été produit avec l’aide financière de l’Union européenne. Le contenu de ce document relève de la seule responsabilité du bénéficiaire et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’Union européenne.

La rédaction

Crée en 2008, la rédaction du Lyon Bondy Blog s'applique à proposer une information locale différente et complémentaire des médias traditionnels.

Voir tous les articles de La rédaction →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *