“Sans éducation, pas d’égalité” : conférence sur la mixité dans les métiers du bâtiment et les milieux sportifs

Dans la continuité de la Journée internationale des droits des femmes, la préfète de la région Auvergne-Rhône-Alpes Fabienne Buccio, s’est rendue ce lundi 10 mars au CFA des compagnons du Tour de France de Lyon. Cette dernière a pu échanger avec des femmes participantes ou ayant participé à des actions d’accompagnement autour des thématiques de l’égalité dans les métiers du bâtiment et la mixité dans les milieux sportifs.

Chaque année, le 8 mars a pour objectif de réduire les inégalités, femmes/hommes pour favoriser l’autonomie économique ou encore assurer une égalité des chances dans l’éducation et la formation professionnelle. Dans le droit-fil de cette journée du 8 mars, une rencontre a eu lieu entre la préfète Fabienne Buccio et plusieurs membres d’associations engagés dans la mixité et l’insertion des jeunes filles dans le monde du travail. À cette occasion, trois organismes se sont rassemblés pour discuter et présenter des programmes d’action à la préfète.

Enjeu d’égalités entre femmes et hommes

Dans un premier temps, William Lanvin, délégué régional des Compagnons du Tour de France, a présenté les formations et les projets menés au sein de la structure. Il explique qu’actuellement, dans la région AURA, on compte environ 100 à 120 apprenties féminines en formation, soit environ 10% de tous les centres de formations de la région : des chiffres qui ont augmenté depuis deux ans, mais qui nécessite de plus grands efforts dans la sensibilisation et l’insertion des femmes dans les métiers du bâtiment. Le projet des Compagnons du Tour de France est basé sur trois axes : l’immersion des métiers pour découvrir le parcours des femmes dans les métiers du bâtiment, la formation professionnelle afin de sensibiliser aux violences sexuelles sexistes, en organisant des tables rondes, ainsi que la sensibilisation sur les questions d’accessibilité pour toutes et tous. Cela permet ainsi de “casser l’image” des stéréotypes du métier des bâtiments où des femmes peuvent se sentir éloignées de ce secteur.

William Lanvin a ainsi évoqué la journée Essenti’elle, qui permet une immersion des femmes dans la formation du métier du bâtiment. En deux ans, 27 portes ouvertes ont été organisées, avec la présence de 400 participants et environ 86 femmes qui ont pu être en immersion dans des ateliers. Le délégué régional souhaite freiner la circulation de vraies-fausses idées sur les métiers du bâtiment. Pour y parvenir, il peut compter sur des partenaires comme le Centre d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles (CIDFF), dont le projet est de promouvoir l’égalité des femmes et des hommes. L’enjeu est loin d’être gagné aux hommes et aux femmes, pour la membre de l’association, qui insiste néanmoins sur le fait de s’informer sur les questions de violences sexuelles, sexistes, car “sans éducation, il n’y a pas d’égalités”.

Des témoignages inspirants

L’association Sport dans la ville est également intervenue concernant les actions sportives pour les jeunes filles pour travailler sur la mixité dans le sport. La préfète a pu échanger avec deux d’entre elles. Ce temps de discussion, encadré par Romain Garçon, animateur de projet au sein des Compagnons du Tour de France, a permis d’aborder les points positifs à partager sur des récits professionnels et personnels.

Deux anciennes femmes de l’association Sport dans la ville ont ainsi témoigné de ce que leur a apporté l’association et sur les débouchés qu’elle offrait. Elles ont participé à des programmes d’initiation sportive pour promouvoir la mixité des genres. Intégrer Sport dans la ville a été un déclencheur pour les deux jeunes femmes, où l’image du football par exemple en tant que “sport de garçons” a changé leur vision du sport et ont permis de prendre confiance en soi. Elles ont intégré le programme Job dans la ville, un des nombreux programmes affiliés à l’association, qui permet de “trouver le chemin de la formation et de l’emploi”. Aujourd’hui elles travaillent dans le milieu de l’éducation et de l’animation. Une d’entre elles prévoit notamment de travailler à l’avenir pour Sport dans la ville afin de “transmettre aux prochaines générations” tout ce que l’association lui a apporté.

Échange entre la préfète et une ancienne adhérente de l’association Sport dans la ville

Les trois autres intervenantes sont actuellement, ou sont passées par les Compagnons du Tour de France. Une d’entre elles est en première année de formation, en maçonnerie, la seule sur le territoire régionale. Un aspect salué par la préfète qui espère que d’autres femmes suivent son exemple dans ce secteur notamment. Suite à un décrochage scolaire, elle intègre l’école dans le domaine maçonnerie, malgré la difficile acceptation de ses parents, et surtout de son père, qui trouvait que ce milieu n’était pas fait pour une jeune femme comme elle, à porter des charges lourdes toute la journée. Mais elle ne leur a pas laissé le choix et elle poursuit son chemin. Les deux autres intervenantes sont chef d’entreprise depuis deux ans dans une microentreprise de chantier et une ancienne paysagiste qui travaille maintenant dans le milieu dans les Travaux Publics. Les trois témoignages ont permis de partager des expériences exceptionnelles de l’avant à l’après-formation, pour montrer la diversité des parcours des femmes dans ce secteur.

Le dernier témoignage concernait l’histoire bouleversante d’une dame qui a par la suite intégré le CIDFF. Par respect de la personne, toujours en situation post-traumatique, nous ne nous attarderons pas sur son témoignage, qui reste néanmoins poignant et très émouvant.