Après la victoire surprise face au Havre (2-0) en coupe Gambardella, les U18 de Lyon-La Duchère disputeront demain face à Caen (14h30 au stade Balmont) les premiers quarts de finale de l’histoire du club dans la compétition. 24h avant le match, le LBB a pris la température auprès du coach Salah Miloudi.
LBB : L’émotion suite à un tel exploit doit être un peu nouvelle pour des joueurs de cette catégorie. Comment la gérer, conseillez-vous aux joueurs de savourer le moment ?
Salah Miloudi : Ce qui est bien particulier avec la Gambardella, c’est qu’elle ne se joue qu’une seule fois. C’est pas comme la Coupe de France chez les seniors qu’on peut jouer tous les ans, la Gambardella c’est une seule année, une seule génération, et une fois qu’on a passé l’âge, c’est fini. En plus de ça, contrairement au championnat, il y a obligatoirement quelqu’un qui passe et quelqu’un qui sort. Donc c’est vrai que c’est une émotion particulière. Mais je veux vraiment pas axer le truc sur le fait de profiter du moment, non. Même sur toutes mes causeries, on est jamais sur « profitez du moment », parce que même si on est les petits par rapport aux gros, on s’entraîne quand même quatre fois par semaine, on travaille dur pour atteindre ce niveau-là. C’est une chance de pouvoir jouer contre des centres de formation, mais on n’est pas là pour profiter, surtout pas. On est de vrais compétiteurs.
Cette expérience de la victoire est, j’imagine, très importante quand on vise le monde professionnel…
Exactement. De ne surtout pas se sentir supérieur. C’est comme le Paris Saint Germain ! Même s’ils ont dominé 70% de la confrontation aller-retour, au final ils ont perdu. Ça fait partie de la formation. Après avoir battu Le Havre -qui pour moi était l’un des favoris de la Gambardella puisqu’ils avaient sorti le PSG au tour d’avant-, c’était un peu dur. On a manqué d’humilité sur le match d’après, en championnat (défaite 5-2 face à Oullins Cascol, ndlr). On a perdu, on a pris une belle tarte, mais du coup ça nous a fait du bien, ça nous a remis les idées en place. C’était bénéfique. Pas comptablement, parce qu’on a un objectif élevé en championnat, mais c’était bénéfique pour l’apprentissage des joueurs.
Avec un peu plus de recul, est-ce que le fait d’atteindre les quarts de finale pour la première fois cette année entre en résonance avec la nouvelle politique du club, plus tournée vers l’école de football et un peu moins vers l’équipe première ?
C’est un peu anecdotique. Depuis quinze ans, le club travaille bien chez les jeunes. On peut mettre en avant le travail de Mohamed Metoui sur les jeunes qui a été juste exceptionnel. Il y a quinze ans il y avait très peu d’équipes jeunes, voire pas d’équipe jeune à la Duchère, c’est lui qui a mis tout ça en place. C’était aussi l’entraîneur qui avait les U19 et qui avait atteint les huitièmes de finale, le précédent record. J’étais son adjoint à l’époque. C’est un petit clin d’œil, il y a une continuité.
“Le club a toujours fait l’effort financier pour les jeunes. Là ou on est pas suivi, c’est au niveau des installations de la ville”
Après, il faut se rendre compte d’une chose : le club a toujours fait l’effort financier pour les jeunes. Là ou on est pas suivi, c’est au niveau des installations de la ville. Le fait qu’on soit qualifié n’est pas un exploit parce que c’est notre travail. Par contre, avoir ce niveau de performance dans toutes nos équipes jeunes aujourd’hui, c’est un exploit par rapport aux installations qu’on a. Aujourd’hui on s’entraîne à 19h45 sur des terrains synthétiques qui sont totalement carbonisés, il n’y a pas d’éclairage ou l’éclairage est très mauvais, on est obligés d’attendre de passer après beaucoup d’associations pour pouvoir s’entraîner, on a pas de terrain propre à nous… C’est très dur au niveau des installations. On a même pas assez de vestiaires pour l’ensemble de nos équipes sur la Plaine des jeux de Gerland. Aujourd’hui, par rapport à tout ça, les résultats des jeunes sont justes exceptionnels.
Et sur le terrain, comment allez- vous aborder ce match face à Caen ?
On aborde le match avec un objectif qui est clair : se qualifier en demi-finales. Ça peut paraître présomptueux mais non, c’est logique, on joue un match de foot, c’est pour le gagner. Du point de vue des ingrédients : remettre en place notre jeu à nous. Jouer, surtout. On est pas là pour faire bloc bas, on est là pour jouer. Il faut aussi mettre la rigueur qu’on a pu avoir pendant toute la compétition. Puis surtout, la solidarité. On est passé par des tours précédents où on a joué à dix, longtemps, où on a été menés au score, c’est vrai que c’est un parcours avec plein de rebondissements. Il faut essayer de garder cette solidarité qui ne nous a jamais échappé !