La viande va faire son retour dans les menus des cantines d’écoles lyonnaises à partir de la rentrée du 26 avril… Enfin, seulement un jour sur cinq et dépouillée de son entrée. Retour sur une annonce qui divise.
La mairie a annoncé mardi dernier la réintroduction, à partir du 26 avril, de la viande dans les cantines scolaires. La mesure sera mise en place partiellement, tous les cinq repas. Les enfants devraient ainsi avoir le choix au retour des classes en présentiel, même si les modalités de la rentrée scolaire restent indéfinies au niveau national, le protocole n’ayant pas été modifié depuis février.
Critiqué, le choix de mettre en place des menus sans viande avait permis de gagner « environ 10 minutes » à chaque service d’après Stéphanie Léger, adjointe à l’éducation à la ville de Lyon. Aujourd’hui, afin de compenser le retour de la viande dans les menus, il a été décidé de supprimer l’entrée pour faire manger tous les enfants dans des délais raisonnables et ainsi bien s’adapter au protocole sanitaire établi.
Un menu sans viande pour s’adapter aux restrictions sanitaires
Lors des vacances de février, de nouvelles mesures nationales avaient été mises en place pour répondre aux besoins de la crise sanitaire. Embrayant sur ces contraintes, la municipalité de Lyon avait ainsi décidé de prendre une mesure supplémentaire : proposer uniquement des menus sans viandes.
Cette décision a provoqué un tollé de l’opposition faisant remonter le débat au niveau national. « La mairie a décidé que les enfants ne pouvaient plus manger de viande, parce que c’était plus long à préparer. Sauf qu’aucune autre ville de France n’a pris cette mesure. Je ne vois pas en quoi préparer de la viande prend plus de temps que de préparer du poisson, parce que de toute façon les plats sont cuits », explique Béatrice De Montille (LR), conseillère municipale d’opposition. « Dès le début, on avait demandé de réintroduire la viande au niveau du conseil municipal, dans un menu par semaine puisque c’est la loi, selon un arrêté de 2011. Ils auraient pu revenir en arrière, mais cela aurait été un peu une défaite de leur part donc ils ont décidé de jouer la montre ». Pour Guy Corazzol, ancien adjoint à l’éducation dans le 8ème arrondissement et membre du groupe métropolitain Les Progressistes, le problème, c’est le manque de choix : « Je ne remets pas en cause la proposition du menu végétarien, puisque c’est moi qui l’avais mis en place à la fin de mon mandat. Ce que je conteste par contre, c’est le fait d’imposer cela aux enfants. Il faut de la pédagogie et de l’accompagnement. »
L’exécutif municipal s’est défendu dans une lettre adressée aux parents d’élèves, arguant que le menu sans viande permettait « moins de manipulation lors de la chauffe des aliments et un gain de temps lors du service », en plus d’être « le moins excluant ». La ville assure que ces menus ont été « validés par une commission des menus où sont présents des diététiciens et des représentants de parents d’élèves ». Patrick Odiard, élu écologiste et adjoint à l’éducation dans le 8ème arrondissement, précise que la mesure n’était en rien « un choix politique, mais une question pratique » et qu’ils s’étaient « engagé[s] à réintroduire la viande après les vacances de Pâques. »
La réintroduction de la viande s’accompagne de la suppression de l’entrée
Mardi 13 avril, la municipalité décide donc de remettre de la viande au menu. Patrick Odiard explique que « les conditions sanitaires étant encore compliquées, ils ont trouvé comme compromis d’un menu avec viande au choix, mais sans entrée. On pensait pouvoir retourner à la normale, or ce n’est pas encore le cas il a donc fallu s’adapter. » Il s’agit d’assurer une meilleure rotation des élèves, de façon à pouvoir respecter la distanciation : « Il y a un protocole national. Après la déclinaison locale est mise en place selon les possibilités qui se dégagent. On a 24 000 repas à assurer, il faut donc trouver une organisation qui puisse convenir à toutes les écoles. » L’équipe municipale précise que « cette organisation reste temporaire et sera réexaminée à l’aune d’éventuels nouveaux protocoles sanitaires ».
La mesure sera mise en place dans toutes les cantines de Lyon à partir de la rentrée. Si Béatrice De Montille se réjouit de l’avancée, la décision suscite tout de même une part d’incompréhension du côté de l’opposition. « L’idée de supprimer les entrées pour les menus carnée, je ne la comprends pas non plus. C’est encore une fois pour gagner du temps. Mais pourquoi à Lyon on n’y arriverait pas, alors qu’on y arrive dans toutes les villes de France ? À cette question-là, ils n’ont jamais répondu. », s’indigne Béatrice De Montille. La conseillère municipale s’étonne de la coïncidence entre la couleur politique du maire et cette décision de supprimer la viande dans les menus. Idée partagée par Guy Corazzol : « À la prochaine rentrée, ils auraient pu justement retomber sur des menus normaux. Mais ils ont préféré supprimer les entrées pour le menu avec de la viande. Je ne comprends pas la logique. Moi je pense que l’exécutif actuel essaye d’imposer, par la crise, le menu végétarien. »
Une polémique qui pourrait persister puisque la Ville va mettre en place « le nouveau marché de la restauration scolaire » pour la rentrée 2022.
Inès Pallot