Le rap conscient garde sa place dans les quartiers populaires

C’est une catégorie de poids lourds où l’on se bat avec des flows très caractérisés et des couplets aux thématiques sociétales et politiques marquées. Parmi ces voix ou ces plumes, certaines ont traversé le temps malgré une véritable sous-médiatisation. Alors que dans les quartiers populaires les nouvelles générations adhèrent à une vision plus commerciale, sans pour autant oublier les bases ou les racines du hip hop.


Une feuille, un stylo et un micro suffisent à ces MC en quête d’authenticité à exprimer des messages plus mélancoliques ou sombres que ceux émis par les rappeurs plus commerciaux. On les décrit comme indépendants et underground, à contre-courant des lois du marché mais le rap conscient garde un public fidèle avec de nombreux concerts et des salles pleines à craquer. Iam, La Rumeur, Kerry James ou Keny Arkana ont porté à bout de bras ce style très riche au sens lyrique du terme.

L’un des sanctuaires du rap conscient

A Lyon, Casus Belli, IPM ou le collectif L’Animalerie ont indéniablement marqué l’histoire du mouvement hip hop local et des quartiers populaires portés désormais sur un rap plus commercial (Jul, Booba, PNL…).

Le groupe lyonnais Matière Sombre formé en 2010 par Comin Death et AJT roule sa bosse depuis plusieurs années dans le paysage hip hop lyonnais. Il a honoré de nombreuses scènes, effectué des collaborations avec d’autres artistes lyonnais et sorti un album en 2014 : « Panorama Paradoxal ». On y trouve des morceaux introspectifs, des références de films et une manière propre de s’exprimer. Pour AJT, le rap conscient gardera toujours son public même s’il sera moins important que par le passé.

« Le but du jeu concernant Matière Sombre est de transmettre un message pouvant transcender certains clivages sociaux ou idéologiques. Je pense que certaines de nos chansons, de nos paroles peuvent être à la fois approuvées par des riches et des pauvres. Ce qui me semble important c’est d’encourager l’hétérogénéité du paysage rapologique français. »

Le rap conscient, toujours dans les gênes

Chaque commune, arrondissement ou quartier lyonnais met en avant ses artistes foisonnant dans les réseaux sociaux. Avec les moyens du bord, les rappeurs se lancent dans la conception de projets artistiques comme les mixtapes, souvent en téléchargement gratuit. Certains artistes lyonnais triomphent dans les réseaux sociaux avec un rap très commercial mais indéniablement efficace comme Lafamax ou Vrax, tous deux venus de Saint-Fons. Cependant les signatures dans les majors restent encore un mirage…

AJT précise : « de nombreux auditeurs apprécient autant PNL qu’Oxmo Puccino. Aimer le rap commercial et le rap conscient n’a donc rien d’incompatible. Il est même nécessaire que ces deux courants à côté d’autres coexistent. Une équipe de foot composée de 11 attaquants aura du mal à gagner un match. C’est pareil dans la musique… »

Le rap conscient ou engagé est encore ancré dans la culture des quartiers populaires car il constitue une base technique et artistique à l’image de NTM ou Oxmo Puccino. Le chanteur de Matière Sombre assure : « le rap conscient gardera toujours son public même s’il sera moins important que par le passé ».

Mohamed Braiki

Natif de Lyon et enfant des Minguettes, je suis diplômé de Lettres de la Fac de Lyon 2 et l’EFAP Rhône Alpes. J’ai roulé ma bosse dans des rédactions lyonnaises comme la radio Lyon Sport 98.4, Le Progrès, Foot 69.fr, Tribune de Lyon et Lyon Capitale. braikimohamed@yahoo.fr

Voir tous les articles de Mohamed Braiki →

Une réflexion sur « Le rap conscient garde sa place dans les quartiers populaires »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *