La soirée consacrée à la danse lors de la première Biennale des cultures urbaines s’est déroulée au centre culturel Charlie Chaplin le 20 novembre dernier. Trois artistes-chorégraphes nous présentent leurs créations aux univers différents, mais qui ont toutes pour point commun la passion. Ils se rejoignent sur une chose : la danse est un moyen d’expression qui fait passer des émotions.
« Slave No Limits » de Kadia Faraux , « Le Général » de Bboy Lilou et « Bounce » de Ousmane Sy (Babson) racontent, transportent, dénoncent et encouragent à travers les thèmes de la résistance, de l’esclavage et du combat.
De la danse à l’expression
La danse part d’une passion, mais seuls les plus motivés parviendront à s’y consacrer pleinement. D’un simple mouvement de corps, la danse devient un véritable moyen d’expression. Pour Ousmane Sy aka Babson, chorégraphe de la compagnie Paradox-Sal, ce cheminement passe par plusieurs étapes :
« Dans un premier temps, on cherche à être performant, à faire des choses qui impressionnent. Dans un second temps, on cherche à séduire. Et enfin, on cherche à s’exprimer. »
C’est là que s’opère la transformation du danseur en véritable artiste. Mais le résultat ne dépend pas que de lui : la musique conduit les gestes ; les décors ainsi que la lumière mettent en valeur le spectacle.
Les groupes de danse, c’est comme une famille et cela se ressent pendant les performances. Même si les gestes sont définis par le chorégraphe, le danseur transmet son propre message, selon son expérience et sa sensibilité. Babson ajoute :
« La danse, ça m’évite de trop parler. C’est le langage du corps qui parle à tout le monde. Je pense que c’est quelque chose qui évite les préjugés. Pour moi, c’est la meilleure façon de m’exprimer sans que le message soit faussé. »
« On ne doit pas être esclave, ni de soi ni des autres »
Quatorze filles et un dynamisme incroyable : Paradox-Sal ambiance le public avant de monter sur scène ! De véritables divas combattantes qui nous transportent dans leur univers et se distinguent par leur énergie de groupe. Pas de limites, c’est le mot d’ordre. Un condensé d’émotions. Pour la chorégraphe, le message est simple : « on ne doit pas être esclave, ni de soi ni des autres ».
La deuxième partie du show s’ouvre avec la création « Le Général ». À travers des musiques engagées de Médine, les danseurs expriment leur foi en l’avenir. Bboy Lilou et les cinq danseurs qui l’accompagnent proposent un show renversant techniquement et transmettent un message fort. Bboy Lilou raconte :
« Le général c’est moi. Je suis avec mes soldats et je m’adresse à mon public, à une jeunesse délaissée, pas assez écoutée. C’est vraiment mon univers qu’il y a sur scène. C’est tout ce que je kiffe : passer des messages d’unité, ne pas se laisser abattre et ne pas se laisser manipuler par les médias. »
Durant « Slave No Limits », de la compagnie de Kadia Faraux, les danseurs communiquent des sentiments et des émotions profondes. Les techniques sont impressionnantes et la lenteur de la danse « consciente » nous amène dans les méandres du combat intérieur de l’Artiste.
La salle ressent l’énergie des danseurs tout au long des performances. Quant aux spectateurs, enfants ou adultes, tous sont venus célébrer une des soirées de la Biennale. Raphaëlle, en compagnie de sa famille, est ravie :
« C’est une excellente idée de rassembler plusieurs groupes d’artistes parce qu’on n’a pas souvent d’occasions pareilles. C’est l’une des premières fois sur Vaulx-en-Velin et c’est vraiment bien de mettre la “Old School” à l’affiche ce soir. »