Emmanuel Macron (27,6 %) et Marine Le Pen (23,41%) se sont qualifiés au second tour de l’élection présidentielle. Jean Luc Mélenchon (21,95%) arrive troisième mais affiche un meilleur score à Lyon et ses banlieues. Le LBB s’est rendu à la préfecture pour recueillir les réactions d’élus locaux.
Le Monde titre ce matin « Macron et Le Pen au second tour, Mélenchon en arbitre, et derrière, un chaos politique« . En effet, en dehors du trio de tête, à part Eric Zemmour (7,05%), tous les candidats affichent un score inférieur à 5%. La plus grosse surprise de la soirée reste la déroute de Valérie Pécresse, candidate des Républicains, qui récolte seulement 4,79% des suffrages alors même qu’elle était créditée de plus ou moins 9% des intentions de vote dans les derniers sondages. Alexandre Vincendet, maire Les Républicains de Rillieux-La-Pape et conseiller métropolitain, n’a pas hésité à qualifier l’évènement de « crash absolu« . Un record d’abstention à néanmoins été évité : si elle est plus élevée qu’en 2017, 25, 14% contre 22,2%, elle n’atteint pas le niveau de 2002 (28,1%).
J.L Mélenchon, populaire à Lyon et dans ses banlieues
Jean-Luc-Mélenchon arrive deuxième dans le département du Rhône (25,20%), assez loin derrière E.Macron (30,61%), tandis que Marine Le Pen affiche un score de 16, 55%. Cependant, L’Insoumis est au coude à coude avec le président sortant à Lyon, autrefois qualifiée de « laboratoire du macronisme » : il obtient 31,06% des voix contre 31,84% pour E. Macron. En 2017, il était troisième (22,84%) derrière François Fillion (23,41%) et Emmanuel Macron (30,31%). Cette année, il remporte 5 arrondissements sur 9 dans la ville berceau de La République en Marche (le 1er, le 4ème, le 7ème, le 8ème et le 9ème).
Le candidat de l’Union Populaire arrive en tête dans les villes qui sont historiquement qualifiées de « banlieues de Lyon ». Il est majoritaire à Vaulx-en-Velin (54,94%) et à Saint-Fons (53,65%), loin devant Emmanuel Macron (17,28% et 16,56%). Ces villes affichent cependant un très haut score d’abstention (40,45% et 38,78%). Jean-Luc Mélenchon remporte également les suffrages à Villeurbanne (37,88 %), à Vénissieux (48,79%), à Bron (32,02%), à Décines-Charpieu (29,11%) et à Rillieux-la-Pape (32,50%).
Deux mots d’ordre en cette soirée électorale : faire barrage au Front National et, parfois, redéfinir les lignes politiques
Au vu du gigantesque jeu des reports de voix qui s’annonce, les consignes de vote des différents partis étaient attendus avec impatience. Anne Hidalgo, Valérie Pécresse, Yannick Jadot et Fabien Roussel appellent à voter Emmanuel Macron le 24 avril tandis qu’Eric Zemmour soutiendra Marine Le Pen. Jean-Luc Mélenchon a seulement déclaré : « Il ne faut pas donner une seule voix à Madame Le Pen« . Eleni Ferlet, ex candidate LFI aux législatives, précise qu’il y aura une consultation parmi les militants. Elle ajoute que le président sortant sort « affaibli » de l’élection car « ses mesures sont vides, en particulier sur les questions sociales« .
C’est une grande déception du côté des écologistes qui espéraient « créer la surprise » comme aux européennes de 2019. Elle est d’autant plus amer à Lyon que la mairie et la métropole sont tenus par des partisans d’Europe Ecologie les Verts (EELV). Les résultats leurs semblent néanmoins encourageant puisque leur mouvement enregistre des scores plus hauts que la moyenne nationale (7,67% à Lyon). Bruno Bernard, président de la Métropole, et Grégory Doucet, maire de Lyon, expliquent le faible score de Yannick Jadot au niveau national (4,58%) par un report de voix de leurs électeurs vers le « vote utile » que représentait J.L Mélenchon et par un vote conservateur en faveur d’Emmanuel Macron au vu de la crise sanitaire et de la guerre en Ukraine. Ils comptent cependant sur un vote « en faveur du climat » aux législatives prochaines. Pour ce faire, Bruno Bernard se dit ouvert aux alliances avec les autres partis de gauche, même les Insoumis.
Pour Thomaz Rudigoz, député LREM, Emmanuel Macron a « largement remporté le premier tour » car les citoyens ont compris « le danger que représentait une seconde position » au vu des multiples crises qui traversent le pays. Il se dit « confiant » pour le second tour grâce au nombre de responsables politiques qui appellent à faire barrage au Rassemblement National. Selon lui, ce point ne représente pas nécessairement un risque de manque de légitimité pour le président sortant s’il remporte les élections. Pour éviter les crises sociales lors de futures réformes, Thomas Rudigoz précise que le président fera preuve de plus de démocratie participative en mobilisant des consultations.
Pour Thibault Verny, coordonateur régional de Reconquête!, la déception est de mise, mais il insiste sur « la vague d’espoir pour l’union des droites » que représente le parti dans le paysage politique français : « 125 000 adhérant en 4 mois, c’est du jamais vu pour la Vème République et on est capable de présenter un candidat dans chacune des circonscriptions en France ».
Alexandre Vincendet, qui ne mâche pas ses mots, dresse un constat sans appel chez Les Républicains: « J’entends certaines personnes sur les plateaux télé dire qu’ils ne voteront pas Emmanuel Macron, ça va poser un problème. Il y aura une ligne politique très claire à faire appliquer. Notre famille politique ne peut pas être dans l’ambiguïté quand vous avez une extrême droite aux portes du pouvoir« .
Raphaël Debû, conseiller métropolitain et secrétaire fédéral du Rhône du PCF, appelle quant à lui à reconstruire la gauche. Si Fabien Roussel a récolté seulement 2,31% des voix, il affirme que la campagne a permis d’intéresser à nouveau des personnes au débat politique et de reconquérir petit à petit l’électorat ouvrier. « Si on doit utiliser le bulletin Macron pour faire barrage à l’extrême droite pour le second tour, on le fera« , précise-t-il.
Christiane Constant, secrétaire de la Fédération du PS du Rhône déclare : « on est dans un climat de reconstruction, on va redémarrer. Jamais on ne baissera les bras car on a des valeurs ancrées solidement. Les socialistes ne sont pas morts. Tous les partis historiques sont aujourd’hui remis en question. La gauche doit s’unir pour les législatives « . Elle mentionne que la reconstruction du PS se fera à gauche, sans suivre « n’importe qu’elle personnalité« .