[Présidentielles 2012] Poutou : un ouvrier qui veut renverser le capitalisme

Le Nouveau Parti Anticapitaliste et son porte-parole Philippe Poutou donnait un meeting à Lyon ce jeudi 5 avril. Un exercice dans lequel le candidat-ouvrier semble de plus en plus à l’aise.

C’est dans une petite salle du 6è arrondissement de Lyon que le Nouveau Parti Anticapitaliste a donné rendez-vous à ses militants. Loin des grandes enceintes où la tribune de l’orateur domine l’assemblée, le candidat et son équipe font face à un public confortablement installé dans les sièges du théâtre Victor Hugo. Une disposition collective qui tranche avec le tribun unique que l’on rencontre traditionnellement dans les meetings politiques. Cette attitude est en accord avec l’idéologie du NPA qui réfute toute personnification et qui avait abouti à la désignation de Philippe Poutou en lieu et place de l’emblématique facteur, Olivier Besancenot.

Dans une ambiance intimiste et partisane, les quelques trois cents spectateurs ont pu découvrir un autre Philippe Poutou que celui qui est décrit dans les médias. Pendant une heure et demie, le candidat-ouvrier a fait preuve d’un talent oratoire que peu lui connaissait : sans notes, fluide et engagé, le candidat a conquis son auditoire par une grande maitrise de l’ironie. Loin « du bruit et de la fureur, du tumulte et du fracas » de M. Mélenchon, Philippe Poutou utilise un langage proche du peuple, parfois familier, rompant ainsi avec les commodités politiciennes.


Combattre le capitalisme.

Et cette dialectique directe répond à une urgence qui l’est tout autant. Accusant le capitalisme d’être responsable de la crise, il prône une rupture totale avec ce système économique : «Il faut renverser le capitalisme : il n’y a pas moyen de la moraliser, il faut le dénoncer et le combattre.» Fustigeant la course perpétuelle au profit et à la rentabilité ainsi que les conflits d’intérêts qui gangrènent la vie politique, il estime que la pensée libérale et ses excès sont sources de précarité et de licenciement.
Face à la crise qu’il n’estime pas la même selon que l’on « soit en haut ou en bas», -rappelant que «les profits du CAC 40 ont explosé de 35% en un an» -le NPA propose des mesures d’urgences qui s’articulent autour de quatre pôles majeurs : bouclier social avec 300€ d’augmentation pour tous et toutes, une fiscalité anticapitaliste avec notamment l’annulation pure et simple de la dette et l’arrêt des cadeaux fiscaux, la réquisition des banques ainsi qu’une ambitieuse sortie du nucléaire en 10 ans.
L’exemple DSK.

Le NPA n’a pas seulement pour vocation de faire entendre la voix des «opprimés». Il se veut le porte-parole de la condition féminine : égalité réelle des salaires, accès aux postes selon les compétences et non selon le sexe, lutte contre la violence faite aux femmes. Sur ce dernier aspect, il n’a pas hésité à reprendre l’exemple de l’affaire DSK afin de mettre en lumière le fait que les violences aux femmes ne sont pas uniquement le fait des «classe populaire comme certains le disent, mais bel et bien un fait de société qui touche toutes les couches sociales.». Dans ce domaine, il propose la création de centres publics d’accueil d’urgence.
Le NPA et son candidat Philippe Poutou sont des internationalistes. Ainsi, outre la voix anti-raciste qu’ils défendent, ce parti lutte pour l’égalité des droits sociaux et politiques pour tous. Cela passe par la régularisation de tous les sans-papiers, droit de vote et d’éligibilité pour les étrangers à tous les scrutins ainsi que la liberté de circulation et d’installation.

Convergence des luttes.

Cette volonté internationaliste se traduit aussi par une voix anti-impérialisme. Dénonçant le néo-colonialisme en prenant l’exemple de l’exploitation par les firmes multinationales des enfants du Niger, le NPA est favorable à l’autodétermination des peuples. Ainsi, Philippe Poutou estime que «les territoires d’Outre-mer ainsi que la Corse, la Bretagne, le Pays-Basques ont le droit de défendre leur système de valeur, leur langue et leur tradition». C’est un appel clair à l’autonomie voire à l’indépendance qui va à l’encontre de l’article premier de la constitution de la Vème république qui assure que la « France est une République indivisible ».

Avec 0,5% des voix dans les sondages, la Corse est loin d’être indépendante. En effet, la campagne de Philippe Poutou ne décolle pas. Le candidat admet : «il faut être réaliste, j’ai très peu de chance d’être élu». L’essentiel n’est pas là ; pour le NPA, l’élection présidentielle va servir à deux choses : selon le candidat-ouvrier, il faut dans un premier temps « dégager Sarkozy et toute sa bande », cet «imposteur qui se revendique candidat du peuple». Cela passe par un vote en faveur d’Hollande au second tour, mais «sans lui faire confiance». Ensuite, l’élection doit permettre la convergence de l’ensemble des luttes sociales, ainsi que le rassemblement des «opprimés» et de «sans voix, ceux qu’on n’entend jamais».

Fidèle à ses idéaux, le meeting du NPA se termine pas une prise de parole par les militants. Un débat en meeting présidentiel, c’est assez rare pour être souligné.

Maxime Hanssen

Ex Service civique au #LBB. Diplômé d'une maîtrise d'Histoire après un mémoire de recherche sur l'histoire politique de la Hongrie. Journaliste à Acteurs de l'économie - La Tribune. En formation professionnelle à l'ESJ Lille Pro. Contributeur éternel au LBB et citoyen européen.

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