Troisième et dernier volet de notre dossier sur la fusion Assedic/Anpe. Saïda est allée à la rencontre d’une conseillère affectée à une agence Pôle Emploi située dans une zone urbaine sensible.
Quels changements significatifs avez-vous noté depuis la fusion ? Au niveau de l’organisation de notre travail, on se retrouve surchargé à cause de la mise en place du 3949, un numéro unique qui oriente les demandeurs d’emploi vers des services automatisés. L’inconvénient de ce dispositif est la déshumanisation du Pôle Emploi car non seulement il coûte 11 centimes la minute aux usagers mais, en plus, ils ont du mal à nous joindre. Quand ils y parviennent, ils n’hésitent pas à passer un savon à l’agent qui leur répond. Au pire, ils viennent à l’agence se plaindre et cela crée des incidents.
Vous voulez dire que les relations avec les demandeurs d’emploi sont de plus en plus tendues ?
Oui effectivement, nous sommes soumis à des objectifs de résultats qui consistent principalement à convoquer une fois par mois les inscrits qui ne comprennent pas qu’on les fasse déplacer pour ne rien leur proposer. Avec l’augmentation du chômage nous ne sommes plus en mesure de leur soumettre des offres d’emplois correspondants à leurs attentes. Par ailleurs, nous avons tellement de retard au niveau des inscriptions et des dossiers d’indemnisation que la direction nous a obligé à faire des heures supplémentaires non rémunérées pour pallier à ces retards de traitement.
Des recrutements supplémentaires n’étaient-ils pas prévus pour faire face à cet accroissement d’activité ?
Malheureusement non, nous sommes obligés de fonctionner avec le même effectif.
Quelle est l’ambiance au sein de votre agence ?
Elle reste bonne malgré tout car nous sommes très solidaires face à la dégradation de nos conditions de travail. Depuis la fusion, notre salaire a fortement baissé car la prime de résultat d’un montant annuel de 450 euros brut annuel et la prime ZUS ont été supprimées. A titre personnel, je me retrouve avec un salaire de 1100 euros net après 8 années d’ancienneté, ce qui est loin d’être motivant.
Qu’est-ce qui est le plus difficile à supporter finalement ?
Au-delà de la dégradation de la politique salariale de Pôle Emploi, je trouve déplorable de mettre en place des services qui nous éloignent des demandeurs d’emploi qui se sentent de plus en plus isolés. Je pense qu’ils n’ont pas à subir les conséquences liées aux difficultés que nous rencontrons pour remplir notre mission.
Voir aussi :
– Une matinée à Pôle Emploi
– Fusion Assedic/Anpe : de la fiction à la réalité
Auteur : Saïda Zakat