Piquet de grève contre la fermeture de Renault Lyon Est

Vendredi midi, les 105 salariés du groupe Renault Lyon Est ont fait grève pour contester la fermeture de leur atelier à Vaulx-en-Velin. Les raisons invoquées sont stigmatisantes et injustifiées pour les ouvriers comme pour les élus locaux.

La centaine de salariés du site Renault Lyon Est à Vaulx-en-Velin ont appris le 15 avril dernier la fermeture du site en décembre prochain. Ouvert en 1973, il regroupe aujourd’hui une concession et des ateliers de réparation. Ce vendredi midi, les employés ont installé un piquet de grève afin de faire pression sur la direction. Elle doit « s’engager à répondre rapidement sur les mutations des salariés vers les autres sites » et «ne pas laisser un délai trop long afin que les salariés puissent s’organiser », d’après les mots d’Amara Fenniche, délégué syndical de l’entreprise. Des élus communistes et des responsables syndicaux vaudais ont vite rejoint le rassemblement.

Barbecue organisé pendant le piquet de grève.

Des arguments d’insécurité et de rentabilité jugés fallacieux par les salariés et les élus

Alors même que l’État est actionnaire de Renault, les élus locaux comme la préfecture ont appris la fermeture du site de Vaulx-en-Velin par un article du Progrès. Les arguments utilisés pour légitimer la nouvelle, qui figurent dans le rapport du CSE du 15 avril dernier, ont été rapidement condamnés. Dans sa première version, il mentionnait une « zone de non-droit et de trafique clairement défavorable » aux activités de l’entreprise. L’établissement s’entourerait « d’un centre commercial périclitant » et « d’une population à faibles revenus par foyer, inférieurs à la moyenne nationale ». En d’autres termes, la population aurait des moyens insuffisants pour continuer à être cliente chez Renault.  Des raisons « très floues voire insultantes pour les habitants de Vaulx-en-Velin », témoigne Patrice Odet, employé dans la section carrosserie depuis 3 ans et demi.

Les salariés viennent se chercher à manger au stand installé par leurs collègues

La maire de Vaulx-en-Velin Hélène Geoffroy et Ivan Bouchier, préfet délégué à la défense et à la sécurité ont condamné dans un courrier « la facilité intellectuelle consistant à stigmatiser la commune et ses habitants pour justifier cette décision ». D’après la maire, Renault n’a jamais alerté les pouvoirs publics concernant une insécurité éventuelle. Les salariés affirment unanimement n’avoir subi aucune agression ni dégradation.

Un quartier pourtant en pleine transformation

Le Carré de Soie, où se situe Renault Lyon Est, est un quartier qui bénéficie d’un projet urbain soutenu par la Métropole depuis de nombreuses années. « C’est un non-sens, a expliqué ce matin Hélène Geoffroy au micro de RMC, Renault est installé dans un quartier en pleine transformation, récent, pour lequel le foncier a été multiplié par trois sur les cinq dernières années et qui gagne des habitants. Le quartier est complètement neuf et avec un niveau de vie moyen en augmentation, la classe moyenne se réinstalle ».

Un point de vue partagé par les salariés. « C’est une fausse raison », soutient Patrice Odet, « en termes de vente Dacia, on est classé dans les 10 premiers de France. Les chiffres sont loin d’être mauvais, au contraire, on était sur une bonne lancée. Notre implantation est ferme et stable, avec une clientèle qui se développe : il y a eu énormément de nouvelles constructions, l’emplacement est idéal. A Vaulx-en-Velin, on est un pilier en terme commercial. La fermeture entraînera des conséquences globales, aussi bien pour les commerces proches que pour les habitants ».

Des opérations capitalistes à l’échelle nationale et européenne pour les communistes

« On est très inquiet de la situation de l’industrie automobile, qui subit de très fortes pressions, s’est indigné Pierre-Alain Millet, président du groupe des élus communistes de la Métropole de Lyon et adjoint au maire à Vénissieux. La vérité, c’est que Renault a décidé d’une stratégie dans laquelle ils vont fermer de nombreux sites. » D’après lui, Renault ne répond pas aux besoins des habitants, l’atelier pourrait par exemple accompagner la transformation des véhicules non-conformes au vu de la ZFE (Zone à Faible Émission) et il condamne « une décision prise par des financiers qui font des calculs ».

De gauche à droite : Amara Fenniche, Pierre-Alain Millet, Paul Boghossian

Corinne Matignon, responsable départementale du Parti communiste, retourne l’argument sur l’insécurité : « une zone de non droit, c’est une zone où il n’y a plus de services publics et plus de commerces, pas une zone de trafique. C’est Renault, qui, en ayant cette attitude de dire « la population vaudaise est pauvre, donc on s’en va », créé une zone de non droit. C’est proprement scandaleux, inadmissible ». Elle poursuit : « La population ne s’est pas appauvrie de manière brutale, même s’il y a une dégradation du pouvoir d’achat ». Quant à Paul Boghossian, suppléant de Stéphanie Vella pour les législatives, il en appelle à la responsabilité de l’État de maintenir les emplois chez Renault au vu de sa position d’actionnaire.

Tous les salariés seront reclassés sur les trois sites restants de Renault Retail Group (RRG), soit à Vénissieux, Vaise et Rillieux. S’ils ont tous été reçus par la direction, ils ne savent pas si leurs postes respectifs seront conservés. Ange Vidal, élue communiste d’opposition à la mairie de Vaulx-en-Velin, avait évoqué la possibilité d’interpeler le Sénat et la Région, alors même que l’affaire atteint une envergure nationale. La maire et le préfet devraient rencontrer prochainement la direction de RRG.

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