Nouvelle constitution ? Le bilan de la politique algérienne

Le 3 novembre dernier, on apprenait la prochaine révision de la constitution algérienne par le président Abdelaziz Bouteflika. Farid, étudiant en droit à Lyon 3, particulièrement intéressé par la politique de son pays d’origine a répondu à nos questions.

Après l’annonce d’un éventuel troisième mandat pour le président Bouteflika, la plupart des partis politique algériens tels que le FLN, l’UGTA, l’UNPA et dernièrement le RND se sont prononcés favorablement pour cette initiative. D’après eux les bons résultats de la politique du président depuis son accession au pouvoir en 1999 sont manifestes. La loi sur la Concorde civile promulguée le 13 janvier 2000 en est l’un des exemples. Au grand dam des familles de victimes du terrorisme bien sûr.

Or, bien que la vague terroriste des années 90 s’est atténuée, la branche Al quaida du Maghreb trouve toujours de quoi s’occuper, comme nous le prouve les récents attentats sanglants à Alger. Ils soulignent également les progrès dans le monde du travail bien que depuis 2000, 300 000 personnes environ ont perdu leur poste dans les entreprises publiques. Quelqu’un a parlé de bons résultats ?

Pour Farid, le bilan reste mitigé puisque la politique de réconciliation n’a pas eu l’effet escompté, même si elle a contribué à une  amélioration sur le plan sécuritaire. « D’ailleurs cette progression, nous la devons avant tout au travail des forces de sécurité qui ont payé un lourd tribut dans la lutte anti-terroriste. Bouteflika a pu proposer la politique de réconciliation en position de force, qu’après une victoire militaire sur le terrain obtenue par les corps de sécurité. Sur le plan de l’économie, ces dix dernières années ont été une véritable renaissance pour l’Algérie. Les grands projets se multiplient dans tous les domaines (nouvelles technologies, agriculture, grands travaux, logement etc). Cela nous le devons avant tous à la croissance des recettes tirées des hydrocarbures. Ce n’est pas forcement lié à Bouteflika, mais plus à la conjoncture. Sur le plan de la politique étrangère le bilan est positif car c’est le domaine de prédilection de notre président, ancien ministre des Affaires étrangères sous Boumédienne. Il a réussi à redonner à l’Algérie la place qui était la sienne sur la scène internationale après 10 ans d’isolement. »

La révision de l’article 74 de la Constitution algérienne qui limite le quinquennat présidentiel à deux mandats n’a pour l’instant pas fait réagir l’armée algérienne déjà marginalisée par Bouteflika. Seuls quelques journalistes, intellectuels et universitaires, appuyés par quelques partis comme le RCD, le FFS et le FNA ont lancé une pétition sur le principe de « la défense constitutionnelle et du principe d’alternance ». Selon eux c’est le modèle bourguibien qui se reproduit de manière inquiétante en Algérie. Farid partage le même avis,« C’est un recule démocratique indéniable. La limitation des mandat imposé par la Constitution de 1996 promulguée sous Zéroual, visait à empêcher l’instauration d’un roi-président »

Alors que l’armée algérienne contrôlait le pays depuis les émeutes d’octobre 1988 en s’opposant au FIS, Bouteflika a éloigné celle-ci du pouvoir dès son arrivée. Notamment le général Lamari. Contrairement à son prédécesseur Zeroual qui a démissionné pour ne pas être la « marionnette » des généraux, l’actuel président n’a pas hésité à se prononcer en faveur d’un troisième mandat le 4 juillet 2006 en présence de tous les hauts commandants de l’armée. Alors qui donc pour l’arrêter? « Si la constitution est modifiée, légalement, nous ne pourront plus rien faire » affirme Farid. « Nous devons exclure l’usage de la violence d’autant plus que certaine rumeurs font états de graves problèmes de santé touchant le président. » Dans ce cas on peut alors dire ouf !

Auteur : Ibtissem Boufassa

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