U2E 2011 – L’U2E est un évènement organisé par l’AFEV, une association d’éducation populaire qui convie chaque année ses collaborateurs, partenaires et membres pour un temps de réflexion et d’échanges. L’équipe du LYON BONDY BLOG, en collaboration avec d’autres médias locaux (RADIO PLURIEL, MEDIAS CITOYENS, RADIO TRAIT D’UNION, BRESSE TV et ESPRITS CRITIQUES) était présente sur place.
Pierre Merle, professeur de sociologie à l’IUFM de Bretagne, a tenu mardi un cours sur le système de notation français. Accueilli par l’AFEV (Association de la Fondation Etudiante pour la Ville), il s’est intéressé aux raisons des dysfonctionnements scolaires.
Alors que 55 % des élèves français sondés avouent connaître le malaise de l’école, l’universitaire explique que cela est en partie dû aux notes données par les professeurs. De fait, de nombreux écoliers se disent insatisfaits du résultat qu’ils obtiennent. L’entrée en conflit est probante lorsqu’ils voient la note finale différente de leur idéal. La note demeure pour les élèves une preuve de réussite. Selon les matières aussi, la compréhension du barème est un facteur de satisfaction. Ainsi celle-ci est plus grande pour les mathématiques que pour le français, par exemple.
Dès le plus jeune âge, la note est assimilée comme le fruit de récompense d’un travail effectué. Parfois, la relation à la discipline et au professeur entrent également en compte. Les premières études réalisées sur le système de notation ont été réalisées à partir de 1930. Elles démontraient que le professeur était en réalité influencé selon s’il s’agissait des premières ou des dernières copies. Lorsque la copie précédente était très mauvaise, celle qui suivait bénéficiait inconsciemment d’un rebond de points, et vice-versa. A partir des années 1960-1970, les chercheurs donnaient aux correcteurs une information sur l’élève. La copie avec la mention « bon élève » était alors jugée bonne d’emblée, et les filles étaient mieux notées que les garçons. Il en était de même pour l’origine sociale des écoliers. L’enfant d’un médecin était aveuglément mieux considéré que celui d’un ouvrier.
La tendance s’inverse aujourd’hui sur la question géographique. Il n’est pas rare de voir des moyennes plus élevées dans les écoles de ZEP par rapport à celles des centre-ville. Généralement, le professeur est pris par différentes contraintes d’actions lors de la notation d’un élève. Certains chefs d’établissements n’hésitent pas à surélever ou baisser leurs barèmes pour justifier leur renommée. La profession impose aussi des normes. Ainsi une copie de philosophie n’excède généralement pas 16/20. Des enseignants vont même jusqu’à hiérarchiser l’élève sur une échelle sociale. Par exemple, dans l’entourage de Pierre Merle, un professeur agrégé de grammaire ne donne jamais plus de 17 aux élèves. Il se justifie en disant qu’à partir de 18 peut être évalué le professeur. L’écrivain aurait pour récompense un 19 et seul Dieu pourrait s’enorgueillir d’un 20.
Le système de notation est à la fois complexe et ancré chez les têtes blondes. Pour Pierre Merle, en sortir est possible, notamment lorsque la pédagogie prend le relais. De nombreuses écoles primaires de Bretagne utilisent maintenant les couleurs comme moyen alternatif. En revanche, la note risque sans doute d’être plus salée à l’arrivée au collège.
Hervé SAVARY