Nawelle Chhib, une jeune femme qui a du punch !

Portrait tout en douceur d’une championne de France prodige de full contact amateur.

Il est près de 19h15 à la MJC de Vaulx-en-Velin. C’est la cohue devant l’entrée. Les parents viennent récupérer leurs rejetons, direction la maison. Du haut de ses 21 ans, Nawelle Chhib, responsable du secteur « enfant full contact » observe la scène. Quand elle m’aperçoit, elle m’entraîne vite au bout du hall, dans le bureau du directeur. Personne ! Tant mieux ! Dans moins d’une heure, la jeune femme doit remettre ses gants de boxe. Mais qui est cette jeune femme dynamique qui ne lutte pas seulement avec le temps ?

Nawelle Chhib n’est rien d’autre « qu’une jeune fille ordinaire », comme elle aime à se définir. Née à Villeurbanne, elle est la cadette d’une famille de quatre enfants et grandit dans le quartier du Mas du Taureau, une zone sensible de la banlieue vaudaise dans les années 1990. Près de vingt ans plus tard, le quartier a considérablement changé. Vaulx-en-Velin a même reçu le prix de beauté de l’urbanisme en 2007. Une véritable reconnaissance pour les Vaudais et pour Nawelle. « Tu sais Naïma, j’ai un regard apaisé sur les banlieues. Je n’aime pas qu’on mette tout le monde dans le même sac à chaque fois qu’il se passe quelque chose dans nos quartiers, raconte-elle. Il y a quelques années, un écrivain a été invité à une conférence sur la ville. Dans son livre, il a dressé un portrait scandaleux sur les jeunes, notamment les filles des quartiers. J’ai été choquée, comme tous les autres. Ce jour-là, je me souviens avoir dit au micro que nous n’étions pas des bêtes de foires ! Il faut arrêter de nous traiter de jeunes de banlieues. On ne qualifie pas de jeunes bourges ceux qui vivent en ville ! Alors pourquoi nous montrer du doigt ? », s’insurge Nawelle, remontée par le sujet.

Mais très vite, le sourire revient. Mes questions n’auront pas mis la jeune fille au tapis et pour cause : Nawelle est passionnée de sport et gère son humeur comme elle l’entend. D’ailleurs, le sport, c’est une grande histoire d’amour, une histoire de famille ! « A la base, mon père a été un très bon footballeur et a failli entrer dans une équipe pro plus jeune. Je ne sais pas pour quelle raison il n’a pas pu. C’est lui qui m’a donné ce prénom, Nawelle, en hommage à Nawal El Moutawakel, une athlète marocaine, championne olympique en 1984 et actuellement ministre de la Jeunesse et des Sports au Maroc. » Du coup, depuis ses 6 ans, poussée par ses parents, la jeune fille s’essaye à de nombreuses disciplines : danse, natation, karaté, hand-ball avant de se consacrer exclusivement au full contact, un sport qu’elle pratique depuis huit ans. « Je me souviens de mes débuts à la MJC. On était seize filles pour dix garçons. Mon père était réticent à ce que je m’inscrive. Il ne voulait pas que les coups abîment mon visage. C’est ma mère qui l’a convaincu. »

Choix judicieux ! A 15 ans, Nawelle remporte les championnats du Rhône amateur en light contact [les coups ne sont pas portés]. L’année suivante, elle devient Championne de France amateur en semi contact [le combat est arrêté quand le coup est donné, puis reprend une fois le point comptabilisé]. L’année de ses 17 ans, elle ajoute à son palmarès un titre de Vice-championne de France amateur en light combat et, pour fêter sa majorité, elle devient championne de France amateur de full contact [KO autorisé].

Cette année, en plus de ses études en DEUST AGAPSC (Animation Gestion des Activités Physiques Sportives et Culturelles) et de son travail bénévole dans plusieurs associations vaudaises, Nawelle se prépare à défendre ses titres. Sans compter qu’en août 2008, année des Jeux olympiques, la jeune femme s’envolera pour la Chine afin de mener un mystérieux projet culturel et sportif d’envergure. « Silence sur le projet. Pour le moment, rien n’est moins sûr », ajoute-t-elle d’un air malicieux.

 

Naïma Daïra

La rédaction

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