Nana : brûlée à l’acide sulfurique par son ex-compagnon

A l’occasion du grenelle organisé jeudi 17 octobre dans le deuxième arrondissement de Lyon, Nana témoigne des violences conjugales qu’elle a subi. Insultes, violences physiques, humiliation en place publique ont dessiné la vie de cette femme de 48 ans jusqu’à ce qu’elle se fasse brûlée à l’acide sulfurique par son ex-compagnon.

Lors de ce grenelle, Nana témoigne micro à la main dans cette salle située en sous-sol d’un hôtel, face au public, elle livre deux ans de sa vie, deux ans qui la marqueront à jamais.

«Un mec qui attire l’œil»

Nana est une femme de 46 ans à l’époque de sa rencontre et à la fois une mère. En station balnéaire, elle rencontre un homme «qui attire l’œil». Ils s’attendrissent et mènent un bout de chemin ensemble où «une belle vie» aurait pu se dessiner. Le 13 décembre 2013, Nana se fait opérer d’une hernie discale, pendant un mois , elle se retrouve à la maison entourée d’amour et d’attention de la part de l’homme qui gâchera sa vie. Des phrases comme «je suis fou de toi, je t’aime, je ne peux plus vivre sans toi» berce le couple et amène Nana à croire en lui.

«Je ne reconnaissais pas l’homme que j’aimais»

Un an après leur rencontre, le couple décide de faire un voyage en Grèce. Loin des vacances rêvées, Nana commence à comprendre que cet homme n’est pas celui qu’il prétend être. «Il buvait toute la journée, il avait un comportement que je n’aimais pas et je ne reconnaissais pas l’homme que j’aimais.» «Il était sans cesse en demande de rapports sexuels qui n’étaient plus les mêmes.» « Je ne pensais qu’à une seule chose: rentrer en France.» Une fois arrivée en France, Nana lui annonce ne plus jamais vouloir partir en vacances avec lui.

«Tu aimes faire la pute»

A partir de 2015, la haine envahit cet homme. «Il tapait des crises tout le temps et ne cessait de me dire que je ne pouvais comprendre la chance que j’avais d’être avec homme comme [lui] et que je ne saisissais pas à quel point il m’aimait. En réalité, je devais comprendre que c’était un honneur d’avoir un homme comme lui à mes côtés

Au moment des courses, il l’humilie, lorsqu’ils se baladent en ville, il l’insulte. A l’époque Nana est assistante de direction dans une entreprise de transports et lorsqu’elle rentre du travail, l’homme l’agresse en l’accusant de faire des fellations aux chauffeurs. Chaque soir en allant prendre sa douche, il renifle ses slips pour contrôler s’il n y a pas la présence d’excrément, de sperme ou de sécrétions vaginales. «Pour lui tous les hommes voulaient me faire l’amour.»

«Je vais te rendre tétraplégique»

Les insultes et les menaces illustre le rythme de vie de Nana. Cependant, quelques minutes après que des phrases comme «Je vais te rendre tétraplégique, tu as une sale gueule» ont été prononcées, son ex-compagnon redevient normal. Elle se fait alors avoir à chaque fois en étant sous l’influence d’un manipulateur narcissique.

Un vendredi soir, ils mangent ensemble, font l’amour une partie de la nuit mais au bout d’un moment Nana se sent fatiguée et lui demande d’arrêter. A 7 heures du matin, il se réveille et veut recommencer. Sans dire non, par peur d’être une nouvelle fois insultée, Nana lui répond qu’elle est fatiguée mais qu’ils pourront reprendre plus tard. C’est alors qu’il lui répond au travers d’une gifle. «Je lui ai alors demandé de sortir de chez moi en lui disant que c’était un malade mental et qu’il devait aller se faire soigner. Son visage s’est alors déformé par l’émotion de la haine.» Quelques heures plus tard, il revient vers elle en s’excusant.

« Je ne supportais plus son odeur corporelle, le voir manger me donnait envie de vomir»

En février 2016, Nana décide de rompre avec lui. Un jour de semaine, après le travail, elle rentre chez elle et voit qu’il est à la maison avec son fils. Il l’agresse alors verbalement en lui disant qu’elle a une sale gueule. Elle se dirige alors vers lui, lui ouvre la porte pour lui montrer qu’il doit s’en aller mais en faisant ce geste, il lui met un coup de pied dans le ventre et deux coups de poings dans le visage en lui fissurant la dent. «Nous avons alors appelé les pompiers et le résultat était que j’avais le coccyx cassé. Je suis alors retournée au travail, mais j’avais honte de dire la vérité, finalement j’ai fini par avouer qu’il m’avait massacré.»

Six longs mois ont suivis Nana, six mois où l’homme n’a pas cessé de la suivre et de garer sa voiture en face de la sienne pour qu’elle ne puisse plus sortir du parking où elle s’était garée. Une présence constante.

En août 2018, il l’insulte une nouvelle fois publiquement, elle prend la décision d’appeler la police, mais la policière lui répond : «Appelez-moi quand il vous frappe, je ne me déplace pas pour des insultes

«Il m’a brûlé à l’acide sulfurique»

Le 18 août 2016, un jour caniculaire où la pluie tombe sur Villeurbanne. Nana est seule chez elle, son fils est en vacances au Canada, elle repasse dos à sa fenêtre. Elle sent une silhouette s’approcher d’elle, et comprend que c’est lui et le voit habillé tout en noir. Dans son regard, elle comprend qu’elle va se faire tuer. Après deux coups de poings dans son visage où elle n’est pas encore sonnée, elle en reçoit deux autres, où elle se retrouve une fois de plus couchée au sol.

Elle sent alors un liquide chaud coulé sur son visage et se dit « il veut encore m’humilier, il m’urine dessus.» Mais elle sent un goût chimique dans sa bouche. Ses seins, son pubis, son visage, son cou, son crâne et ses jambes sont brûlés à l’acide sulfurique. Elle a alors tellement mal qu’elle se dirige dans sa salle de bain pour s’arroser d’eau froide mais elle comprend qu’elle répartie toute l’acide sur son corps. Elle commence à hurler, ne peut plus débloquer son téléphone car elle ne voit plus rien. Elle hurle, l’acide l’a rongé. La police est arrivée le regard affolé, c’est alors qu’elle s’évanouit lorsque dans le talkie-walkie elle entend «on envoie une patrouille.» Nana est restée deux mois et demi dans le comas. Une fois réveillée, plus aucun souvenir ne lui revient en tête mais lorsqu’elle se voit pour la première fois dans un miroir«[elle] découvre son corps brûlé, un corps horrible, un corps tout rouge

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *