Nadège Prugnard :” Je suis heureuse de promouvoir les arts du spectacle”

Nadège Prugnard joue sa nouvelle pièce « Fado dans les veines », les 7 et 8 novembre 2024 au théâtre Renaissance à Oullins. Le Lyon Bondy Blog en a profité pour lui poser quelques questions et revenir sur la saison des Ateliers Frappaz. Elle nous pitche également sa nouvelle pièce à travers cet interview questions-réponses.

Lyon Bondy Blog : À Villeurbanne, aujourd’hui, nous sommes en compagnie de Nadège Prugnard, responsable des Ateliers Frappaz. Comment a eu lieu votre premier semestre en tant que directrice des ateliers Frappaz ?

Nadège Prugnard : Depuis ma venue en janvier dernier, je n’ai pas eu un instant libre. En tant que responsable du festival des invites de Villeurbanne 2024, c’était un véritable défi et une source d’enthousiasme. Ainsi, je me suis lancée dans la mise en œuvre de mon projet axé sur les écritures pour l’espace public. De plus, j’ai eu une excellente rencontre ici à Lyon avec le directeur et la directrice du festival. Voilà pourquoi c’était intense, laborieux, mais tout aussi passionnant. 

LBB :  Ainsi, à l’heure actuelle, on assiste à la mise en place des questions de budget. Actuellement, ne ressentez-vous pas une légère crainte face à la politique culturelle ?

N.P : Tous ceux qui ont en tout cas le pouvoir de diriger l’industrie culturelle ou les petites entreprises, etc. Tout le monde se consacre à la prévention, effectivement, de ce qui va arriver dans les deux prochaines années. Il est évident que nous sommes préoccupés, puisque depuis leur labellisation, les centres nationaux des arts de la rue ne bénéficient pas d’une recapitalisation financière.

En revanche, nous avons pris en compte 30 % d’inflation et le budget reste identique. Les entreprises, les artistes, etc., se voient de plus en plus exposés. Ainsi, tout cela est particulièrement compliqué.

Nous sommes en attente et nous avons beaucoup de préoccupations . En tout cas, nous souhaitons que nous puissions collaborer avec des budgets appropriés pour soutenir au mieux les créateurs et les créatrices.

LBB: Précisément, comment allez-vous débuter l’année 2025 ? Comment prévoyez-vous d’entamer cette nouvelle année qui arrive prochainement ?

N.P : On est tout simplement en train de le travailler. On travaille sur les événements prévus pour 2025, des artistes que nous prévoyons d’accueillir, de co-réaliser, etc. Ainsi, nous avons tous les piliers de ce grand canevas, c’est-à-dire tous les gestes artistiques, qui vont aussi alimenter la programmation. Pour le moment, nous n’avons pas de réponse. Cela signifie que pour le moment, ce sont des suggestions, des suppositions, et on souhaite que nous puissions finaliser cela tout simplement. Nous sommes contraints de faire des prédictions telles que « Sur quel pari va-t-on miser  ? », nous sommes contraints de faire des prédictions financières. Nous espérons ne pas subir de dommages financiers, que nous serons réapprovisionnés et que nous trouverons des fragments ici ou ailleurs. 

Ainsi, nous pourrons concentrer notre travail sur le développement économique du projet plutôt que sur son processus de récupération.

On prévoit d’accueillir des artistes et de les collaborer dans le processus que nous allons instaurer. Nous travaillons de manière normale, mais nous attendons des décisions concernant le budget culturel, bien sûr.

Après cela, nous aurons besoin de faire des choix et de travailler différemment.

LBB : Nous reviendrons sur l’actualité des ateliers Frappaz après.  Pour le moment, nous nous intéressons à votre nouvelle pièce de théâtre “ Fado dans les Veines”. Il y aura deux représentations les 7 et 8 novembre 2024 au Théâtre Renaissance à Oullins, pouvez-vous nous parler de votre dernière création ? 

N.P : Lorsque l’on rencontre des individus qui ont fui la guerre, la dictature et la violence. Nous nous interrogeons évidemment sur notre origine personnelle. Pour  faire simple, j’ai repensé à mon grand-père portugais arrivé en France en 1926, l’année de prise de pouvoir du dictateur Salazar. On sait que les Portugais ont plus de 48 ans de dictature, comme vous le savez. 

J’ai remarqué qu’il n’y avait presque aucune présentation concernant les déplacements portugais, la dictature salazariste. On évoquait souvent Franco, l’Espagne, Mussolini, l’Italie, l’exil italien, etc. Cependant, il n’y avait quasiment rien concernant le Portugal en raison du fait que ces communautés étaient aussi silencieuses.

Ainsi, il a été nécessaire que je libère ce silence en le questionnant et en le dissimulant, afin de créer un spectacle. 

LBB : Avec qui avez-vous collaboré pour faire ce spectacle ? Et comment avez-vous eu des témoignages ? Votre famille vous a-t-elle aidée ?

N.P : Oui, en effet, avec mon entourage. Nous sommes complètement acculturés, car notre grand-père refusait totalement la pratique du portugais, considérant qu’il symbolise la dictature, la religion et les célèbres 3F : FADO,  FATIMA et FOOTBALL.

LBB : Pour vous, la visite du Portugal a-t-elle constitué un instant unique ?

N.P : J’y suis allé  de nombreuses fois. Toutefois, il est indéniable que les Portugais ont du mal à évoquer cet endroit d’immigration et à évoquer ce qui a eu lieu sous Salazar.

Il est connu que les détenus des prisons salazaristes ont reçu une condition similaire à celle de la Grèce, c’est-à-dire qu’ils ont été contraints d’être silencieux dès leur libération.

Ainsi, il y avait un double silence. Tant pour les Portugais que pour les Grecs, on leur a demandé de garder le silence et de se concentrer uniquement sur ce qu’ils avaient vécu dans des conditions extraordinaires. 

Cela n’a pas dépassé les autres instants que j’ai eu l’opportunité de passer au Portugal, mais c’est tout simplement parce que je rencontrais des gens qui m’ont fait part de leur parcours. La manière dont ils ont fui, les maltraitances qu’ils ont endurées et la multitude de femmes violées dans ces péripéties, en réalité, c’est un peu le même parcours. Il est certain qu’ils viennent de moins en moins, mais ils ont également subi des violences tout au long du processus migratoire, lors de la traversée de l’Espagne et d’autres lieux.

Ils ont reçu un hébergement en France dans des conditions déplorables, car ce n’étaient que des bidonvilles notamment à Champigny. Effectivement, c’était similaire aux Nord-Africains qui, suite à leur indépendance, avaient émigré massivement en France dans les années 60.

LBB : Nous allons revenir sur le programme à venir au sein de Frappaz, vous assurez un spectacle le 15 novembre ?

N.P :  Le 15 novembre, un concert exceptionnel est organisé par une organisation historique associée à Générik Vapeur. En d’autres termes, Génerik Vapeur prend sa retraite. Cependant, les musiciens de ce dernier ont créé une compagnie nommée : « Ta mémé Cowboy ». Ils se dévoilent sous toutes leurs facettes, qu’ils se dévoilent totalement et se montrent extrêmement joyeux. C’est tout ça!

 Nous prévoyons d’autres temps forts, notamment l’organisation de masterclass. l’une d’elles est organisée par Cheval des 3. Elle implique plus de 20 à 30 instruments et soutient les amateurs, professionnels et semi-professionnels pour concevoir des compositions musicales basées sur des textes chantés en public.

J’ai également mis en place  des ateliers d’écriture depuis mon arrivée. Le prochain est avec un auteur magnifique Samuel Gallet qui est villeurbannais par ailleurs et qui a reçu de nombreux prix en littérature dramatique. Il viendra faire un atelier d’écriture le 11 décembre aux ateliers Frappaz, avec le récit de la vie de villeurbannais.

LBB : Comment ces ateliers se passent ? Sont-ils ouverts à tous les âges ?

N.P : La dernière fois que j ‘ai fait cet atelier,  on était à 50 personnes, c ‘est beaucoup. C’est ce que j’amène ici en tant qu ‘artiste car  je suis la seule femme artiste à la direction d’un centre national des arts de la rue, il y en a 14 en France, je suis la seule artiste d ‘ailleurs, voilà l ‘idée ! Moi j’essaie de travailler autrement, de mettre en place une troupe à partir de janvier, de créer des masterclasses, de faire de ce centre national un lieu artistique complet, pas faire que de la création et la diffusion, mais aussi de proposer plein de choses aux habitants, aux écoles supérieures, voilà à tous ceux qui en ont le besoin et l ‘envie de  formations en espace public. On travaille aussi sur la performance; Ca peut-être sur la musique et ouvrir la question de l’écriture  en espace public.

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