Même lieu, même heure. Depuis le début de la soirée, militants et journalistes sont regroupés à la fédération UMP du Rhône, rue Vauban, une semaine après le premier tour de la primaire le 2 juin. Les résultats, projetés sur un écran, arrivent peu à peu des douze bureaux de vote d’arrondissement. À notre arrivée, les résultats partiels donnent un score de 57% à Georges Fenech, contre 43% pour Michel Havard.
À 21 heures 25, l’écart a diminué : 51% contre 49%. Échauffés par sa brusque diminution, certains militants s’enflamment ; des « oh putain ! » fusent. Philippe Cochet, le président de la fédération UMP du Rhône, s’exclame au micro : « c’est ça, une soirée électorale ! ». Il faut dire que toutes les surprises sont possibles : Emmanuel Hamelin et Nora Berra, arrivés respectivement troisième et quatrième le 2 juin, ont rallié dès lundi les soutient à Georges Fenech, contre toute attente. Une victoire du député de Givors semblait alors plus que probable.
Une unité revendiquée
Peu après 22 heures, avec la publication des résultats du 9e arrondissement, la balance penche définitivement en faveur de Michel Havard : 56% contre 44%. Les militants se mettent à battre des mains en scandant « Michel, maire de Lyon ! ». Michel Forissier, le secrétaire général de l’UMP du Rhône, appelle l’ensemble des candidats à s’unir contre Gérard Collomb.
Un peu plus tard, Michel Havard fait son entrée, rayonnant : « Le temps est venu de nous rassembler. Avec vous tous rassemblés, je vais battre Gérard Collomb. Le temps est venu pour la génération Lyon. » Et de lancer des fleurs à Georges Fenech, « un compétiteur de haut niveau ». Le vainqueur a à peine terminé sa – courte – allocution que c’est le député de Givors qui arrive, entouré de Nora Berra et Emmanuel Hamelin.
Les quatre candidats les plus connus côte à côte, voilà l’image que l’UMP veut afficher en ce dimanche soir. Entre les deux tours, c’est Georges Fenech, fort des soutiens de candidats plus au centre comme Emmanuel Hamelin et surtout Nora Berra, qui s’est posé en rassembleur. L’élu, qui avait soutenu Jean-François Copé lors des primaires pour la présidence du parti en novembre dernier, a mené une campagne largement axée sur la sécurité. C’est finalement Michel Havard, à la tête du groupe d’opposition « Ensemble pour Lyon » (UMP, Nouveau centre et apparentés) au conseil municipal, qui a convaincu.
Havard en tête dans les arrondissements populaires
Au deuxième tour, la participation – qui ne représente que 2% des inscrits sur les listes électorales lyonnaises – a augmenté de plus d’un quart. Cette hausse, particulièrement marquée dans les 5e – le fief de Michel Havard – et 7e arrondissements, a principalement bénéficié au gagnant du vote. Force est de constater que la primaire, qui avait l’ambition de toucher les électeurs adhérant « aux valeurs de la droite et du centre », a peu mobilisé au-delà des 3 500 adhérents lyonnais de l’UMP (4 345 suffrages au premier tour et 5 452 au deuxième).
Les résultats des différents bureaux apparaissent assez polarisés : Georges Fenech est largement plébiscité dans la presqu’île et dans le 6e arrondissement, qui représentent plus de 35% de ses voix. Des quartiers plutôt huppés. À l’inverse, Michel Havard a fait le plein dans le 7e, le 8e et le 9e, très peuplés mais aussi plus « populaires ». Sa stratégie de candidat ancré et présent sur le terrain a porté ses fruits. De fait, il a souvent reproché au Givordin Georges Fenech son « parachutage », mettant en avant son statut de candidat préféré des instances parisiennes de l’UMP.
Les prises de position du collectif « En marche pour l’enfance », émanation lyonnaise de la « Manif pour tous » semblent avoir eu peu d’influence sur le scrutin, au premier comme au deuxième tour. L’association avait marqué sa préférence pour Georges Fenech et Emmanuel Hamelin, jugés les plus virulents sur la question du « mariage pour tous ». Un candidat plutôt centriste face à un Gérard Collomb à qui il est souvent reproché de n’être pas assez socialiste : la campagne de l’UMP « pour l’alternance » en 2014 s’annonce plutôt difficile.