Du mal aux mots : chanter pour libérer la parole

Depuis quelques années Mr Bonhomme, célèbre auteur, compositeur et interprète lyonnais, permet à des personnes en souffrance de s’exprimer grâce à la chanson. Une thérapie qui ne nécessite pas de formation spécifique mais du talent, de l’envie, de la patience et beaucoup d’humanisme.

guitareTout part d’une conversation avec une de ses connaissances, une infirmière qui travaille en milieu psychiatrique. Ils ont tous deux l’idée d’organiser une activité artistique au sein de la structure. Au commencement, l’atelier consiste simplement à chanter des chansons du répertoire français. Une fois par semaine ceux qui le souhaitent, soit de leur propre chef, soit sur avis du psychiatre, s’inscrivent et suivent cette activité. Une certaine assiduité est normalement requise mais le choix appartient à chacun. Il n’y a aucune contrainte, le but n’est pas d’apprendre à chanter, mais de prendre du plaisir.

 

Un atelier où chacun apporte sa plume

Après quelques années d’expérience, l’activité se renouvelle et s’enrichit. Les infirmières proposent d’en passer à la création. Il ne s’agit plus seulement de chanter mais de s’exprimer par le chant. Mr Bonhomme, toujours encadré par des infirmières compétentes, propose aux personnes présentes de réfléchir à un thème, quel qu’il soit. Ensuite ils élisent les thèmes et en discutent tous ensemble, chacun s’exprime et apporte sa vision. Cette année par exemple quatre thèmes ont été choisis: le soleil, le printemps, tourniquet (la chance qui tourne) et le cirque.
C’est là que le travail de l’artiste débute. Attentif aux points de vue de chacun, il prend des notes, construit des rimes et un refrain, crée une mélodie pour donner vie à une chanson dans laquelle tous retrouveront une part de leur expressivité. Une fois que le texte est écrit, il rectifie si nécessaire quelques détails de façon à donner à la fois un sentiment individualiste et collectif de création.

Écrire et chanter pour libérer la parole

L’autre aspect de cet atelier comporte une part de création entièrement libre. Si un membre amène son texte, l’artiste ne le retouche absolument pas. « On les incite à écrire. Certains participent beaucoup d’autres pas du tout. Mais là je ne touche pas un mot; c’est tout ou rien : c’est moi qui écrit ou c’est eux… Ce n’est pas un atelier d’écriture, le but n’est pas de leur apprendre à écrire. »
Cette façon de composer est un challenge pour le musicien car mettre en musique ces écrits particuliers. C’est aussi un enrichissement permanent. Il découvre des modes d’écriture totalement différents qui lui offrent un large potentiel créatif. « Le but c’est qu’il y ait une parole libérée. Je crois que ce qui leur fait beaucoup de bien, c’est qu’ils mettent dans leurs textes leurs angoisses, leurs souvenirs, leurs regrets. Ils prennent beaucoup de plaisir à le chanter après. C’est la fonction de l’art, finalement : comme il y a une liberté totale, qu’aucune consigne n’est donnée, cela donne des choses vraiment intéressantes. Ils sont en général très doués pour l’écriture. »

On peut penser que travailler avec des gens en grande souffrance est difficile. Mais comme le dit Mr Bonhomme: « je n’ai pas de rôle thérapeutique ou disciplinaire. Ça se passe sans problème, on est sur un pied d’égalité, ma seule compétence c’est la chanson. Je sais faire des choses qu’ils ne pourraient réaliser sans moi, c’est ce qui fait autorité. »

Les artistes sont d’ailleurs les bienvenus dans les hôpitaux psychiatriques car l’art atténue la souffrance de l’individu, tout autant que la parole et que l’écoute.

Vous pouvez voir le résultat de ce travail lors du concert qui aura lieu ce jeudi 20 Juin, à l’Agendarts.

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