Le Martin Luther King’s Day, organisé par l’association Réussite et Avenir pour tous à La Plaine des Jeux de Gerland, permet de remettre en avant la thématique de la lutte contre la discrimination et le vivre ensemble. L’esprit de lutte et d’engagement demeure présent malgré une méconnaissance de la jeune génération du combat des apôtres de la liberté.
Martin Luther King, assassiné il y a 47 ans à Memphis est le premier symbole de la lutte contre la ségrégation raciale aux États-Unis. Elle s’illustre par un discours historique devant le Lincoln Mémorial le 28 août 1963 à Washington et cette citation : « I have a dream ». À ce jour, il demeure le plus jeune prix Nobel de la paix, en 1964. Rendre hommage au plus célèbre pasteur de l’histoire demeure une initiative bien utile dans un contexte social difficile. Lui-même s’était rendu à Lyon en 1966 pour prononcer un discours à la Bourse du travail.
Réussite et Avenir pour tous, un vecteur pour la cohésion
Le MLK’s Day a été organisé, du 1er au 6 juin derniers, à l’initiative de l’association Réussite et Avenir pour tous basée dans le troisième et le huitième arrondissement. Elle invitait le grand public à se rassembler pour échanger, partager et débattre du vivre ensemble et des thématiques citoyennes sur l’égalité et la lutte contre les discriminations.
La directrice de l’association comptant trente bénévoles, Candice Blanc, a pour mot d’ordre l’insertion sociale des jeunes. Elle a reçu une délégation de onze jeunes Américains venus des quartiers difficiles de la ville de Cleveland. Ceux-ci ont rencontré le délégué aux affaires culturelles du consulat américain de Lyon, Victor Vitteli.
« C’est une semaine citoyenne qui permet de rassembler les jeunes sous différents aspects : le sport, la culture et le village associatif, explique Candice Blanc. C’est aussi le moyen de créer une cohésion entre jeunes Américains et Français et d‘échanger. Sur la semaine, il y a eu des conférences, des spectacles et surtout une inauguration en grande pompe à l’Hôtel de Région qui a eu lieu le lundi 1er juin avec 300 invités, dont de nombreux consuls et des VIP. »
Le vivre ensemble au programme
La journée du samedi 6 juin était le point d’orgue de cette semaine d’échanges. Une dizaine d’associations ont été conviées à la plaine des jeux de Gerland où étaient aussi organisés des tournois sportifs.
L’ambiance était colorée et festive : percussions, guitares et nombreux plats créoles plongeaient les visiteurs dans une ambiance utopique. Présidente de l’association Éphémère Classique, Jessica Barre a organisé le village associatif :
« On a des difficultés à porter une attention aux individus. Le MLK’s Day c’est le moyen de vivre et de faire ensemble. Toute la problématique est la manière dont on pense ces événements sur le fond. La ville de Lyon est chanceuse de disposer d’autant d’associations et de bénévoles. Elle devrait s’investir plus. »
Les jeunes de la délégation américaine ont donné un spectacle poétique au milieu du village associatif dont le thème est le surpassement de soi-même pour avancer. L’un d’entre eux, Jaleel Regues confie :
« En tant que jeune de quartier américain, c’est une chance extraordinaire de venir en France pour discuter avec d’autres personnes et pouvoir ensuite rentrer dans mon pays pour partager cette expérience avec mes frères et sœurs. L’accueil a été très chaleureux et témoigne de l’esprit d’accueil des Français. »
Une lutte peu connue du public
Thierry Wojchierwoski et Olivier Borel, de SOS Racisme, rappellent qu’ils ne sont pas là pour commémorer un personnage, mais continuer un combat :
« La jeune génération connaît moins le personnage de Martin Luther King par rapport à la population lambda. Le nom reste, mais la forme du combat pas forcément. Il y a une évolution, mais le racisme est très présent aux États-Unis avec les émeutes de Baltimore. Toutefois, le combat n’est jamais terminé. Il y a toujours des retours en arrière qui sont possibles. »
Konny et Majestic 16, deux rappeurs présents à Gerland auprès de l’association vaudaise de hip-hop FEDEVO, considèrent que le travail de l’artiste pourrait être celui de faire découvrir le parcours et le message de tels hommes, tout comme un acteur ou un réalisateur le ferait pour un film autobiographique.
« Les jeunes aiment les rappeurs trash, mais en tant que rappeurs activistes, on devrait être témoins de l’histoire. On est encore trop axés sur les quartiers actuellement. D’autant que peu de gens connaissent l’histoire des révolutionnaires qui se sont battus contre la ségrégation raciale. »
Aux États-Unis le MLK’s Day est un jour férié. En France, c’est encore un symbole. Les jeunes Américains ont apporté du rêve, mais en ont emporté également. C’est déjà l’amorce du partage et de l’échange pour les nouvelles générations.