Les addictions en France représentent un réel problème de santé publique. Chaque année, on dénombre près de 100 000 décès liés à une dépendance. Quant au coût social, il atteint près de 270 milliards d’euros par an. Pour lutter contre les pratiques addictives, cinq associations sont réunies en coordination et cherchent à développer leur rôle et leurs missions sur le territoire national.
Vendredi 28 octobre, le Lyon Bondy Blog a assisté à une « journée de réflexion sur le thème de l’entraide autour des addictions ». Organisée par la CAMERUP (Coordination des Associations et Mouvements d’Entraide Reconnus d’Utilité Publique de France), coordination de plusieurs structures associatives. Ce colloque s’adressait aux bénévoles, professionnels de l’addictologie, aux patients-experts et à toute personne potentiellement intéressée. C’est dans ce cadre que nous vous proposons une série d’articles pour détailler les différents sujets abordés lors de l’événement. L’occasion d’approfondir la question de l’addictologie sous plusieurs angles.
Pour débuter, revenons sur la CAMERUP. Fondée en 2011 cette coordination regroupe cinq associations : La Croix-Bleue, Entraide addict, Addiction alcool Vie libre, Amis de la santé et Alcool Écoute Joie et Santé. Des structures dont le rôle est de prime abord plutôt classique, comme l’explique Philippe Sayer, président de la CAMERUP et membre des Amis de la santé : « Les missions qui sont imparties par la direction générale de la santé c’est premièrement l’accompagnement des personnes en proie aux conduites addictives. Ensuite, la sensibilisation du grand public. Nous, nous occupons également de la formation des bénévoles et dernièrement le développement de notre communication ». De plus, la CAMERUP et les différentes associations la composant, cherchent aussi à établir un plaidoyer politique. Une nécessité pour faire évoluer la lutte contre les addictions, rapporte Philippe Sayer.
En 2015, le coût social des addictions s’élevait déjà à 250 milliards d’euros par an, selon l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT). Si aujourd’hui, les associations d’entraide visent toutes les addictions possibles, l’addiction à l’alcool reste la problématique la plus récurrente. Une expertise collective réalisée par l’IRSEM parut en 2021, chiffrait le coût social de l’alcool à 118 milliards d’euros par an. Plus qu’un coût financier, l’impact en matière de santé publique est colossal. D’après le rapport de l’IRSEM, la consommation d’alcool est responsable d’environ 41 000 décès par an (30 000 hommes et 11 000 femmes). Quant aux addictions au sens large, elles représentent près de 100 000 décès par an selon le ministère de la Santé et de la Prévention. Un problème social, sanitaire et médical qui nécessite un travail de la part du gouvernement, mais aussi des différentes structures associatives dont le rôle est essentiel.
Un manque de visibilité problématique
Pour le moment, les différentes associations membres de la CAMERUP remplissent leur rôle sur tout le territoire, 83 départements sont couverts par la coordination. Pour autant, leur visibilité reste faible. « J’ai connu des associations d’aide seulement en sortie de cure », témoigne un ancien addict. Un problème majeur pour la CAMERUP qui espère être plus connue à l’avenir. « L’objectif est d’être une référence », affirme Philippe Sayer.
Les associations d’entraide sont-elles scientifiquement efficaces ?
Le colloque a débuté sur un thème précis : « À qui servent les associations d’entraide ? Que nous apprennent les recherches scientifiques sur leur efficacité ? ». Pour y répondre, Philippe Arvers médecin addictologue était présent. Après avoir parcouru plusieurs études sur le sujet, il explique : « L’association d’entraide est utile aux personnes en difficulté avec un produit psychoactif ou un comportement addictif, à leurs proches, ainsi qu’à l’ensemble des professionnels impliqués dans l’accompagnement et la prise en charge médicale, psychologique, sociale et éducative des personnes présentant une conduite addictive. {…} Cela se concrétise par une abstinence plus longue et un meilleur pronostic (des complications somatiques et/ou psychiatriques) ». Cependant, il est nécessaire de souligner qu’il existe peu d’études qui présentent des biais cognitifs comme le précise Philippe Arvers.
Après avoir découvert le rôle et les missions de la CAMERUP et d’avoir souligné l’efficacité des associations d’entraide. Lors du prochain épisode, nous aborderons la relation entre le médico-social et le monde associatif, ainsi que le rôle spécial des « patients-experts ».
Léo Ballery
Retrouvez nos derniers articles ici :