Mercredi dernier à 20h, dans une salle obscure du Pathé Vaulx-en-Velin, Ali Ramdani alias Lilou, un gigantesque artiste de petite taille, était venu présenté « Turn it Loose », un film retraçant la compétition mondiale de break dance au Red Bull BC One et à laquelle il a participé.
En arrivant au cinéma, je me trouve face au danseur, plusieurs fois champion du monde de break dance, réservant toujours un accueil des plus chaleureux à ses proches. La star, issue du cru vaudais, entre enfin en scène. La foule est composée de jeunes des quartiers environnants, de familles et bien sûr, d’amis de longue date. Avant tout, place à un moment de cinéma très rythmé !
«Turn it Loose» éclaire l’univers de ces personnalités hétéroclites qui se sont réunies pour faire des pas de danse en face a face, en knock out ( à un tour éliminatoire) à Johannesburg, en Afrique du Sud en 2007. Le film retrace le parcours de six jeunes hommes, venus des quatre coins du monde : du Sénégal (pour le danseur nomme Ben’J), du Japon (Taisuke), des États Unis (Ronnie et Roxrite), de la Corée (Hong 10) et de l’Algérie (Lilou).
Fin de la projection. Lilou prend alors le micro et répond à nos questions.
Il nous parle de lui, nous explique que, petit, il a commencé par le kung fu et qu’à 12 ans, il a dû choisir entre ses deux passions. La danse a eu raison de lui. Il fait ses premiers pas dans le break avec un petit handicap, son asthme, mais avec un vrai atout : son agilité acquise dans les arts martiaux.
Mais au fait : pourquoi, en 2007, Lilou représente-t-il l’Algérie alors qu’il est né à Vaux-en Velin, en France ? » Les qualifications se passaient en France cette année-là. J’ai usé de ma double nationalité franco-algerienne. Pourquoi choisir l’Algérie ? Car c’est dans ce pays où je me sens réellement chez moi. Il y a là-bas une fraternité que je ne vois pas assez en France. » Lilou nous confie aussi qu’il souhaitait représenter ce pays arabo-musulman pour un championnat se passant en Afrique.
Lilou est aussi présent pour nous parler du métier de breakeur. Un sport encore peu reconnu en France, car « contrairement à la Corée par exemple, il n’y a pas de sponsors qui prennent en charge ces artistes ». Lilou a dû, par exemple, cotiser lui-même pendant ses heures d’entraînements. Pour les championnats, il n’y pas de fédérations, donc pas de catégories, et pas de limite d’âge. « Il suffit d’avoir énormément de talent », comme Taisuke qui n’a que 16 ans.
Dans le public, certains veulent savoir pourquoi lors des championnats comme celui de New York et de Johannesburg, il s’est affiché avec des signes vestimentaires bien particuliers comme le Keffieh de l’Arabie Saoudite ou un tee Shirt proclamant « i’m muslim don’t panic ». « Je souhaitais montrer mon soutien à cette région du monde. Et je dois dire que j’ai eu des bons retours, ces vêtements ont même été accueillis avec humour par les spectateurs. »
La rencontre avec Lilou touche à sa fin. Souhaitons bonne route à ce Vaudais plein de talent qui, grâce à sa mentalité de fer, sa passion pour la danse et sa petite touche personnelle, servira d’exemple pour encore longtemps aux breakeurs lyonnais !
Crédit photo : Rochdi Chaabnia