Théâtre, rues animées et créations foisonnantes : le Festival Off d’Avignon 2025 a une fois encore transformé la cité des Papes en scène à ciel ouvert. Accessible à toutes et tous, il célèbre la diversité artistique avec près de 1500 spectacles portés par des compagnies venues des quatre coins du monde. L’équipe du Lyon Bondy Blog revient sur les pièces marquantes de cette édition.
« Macbeth » : solo endiablé pour une tragédie écossaise revisitée

Nominé comme meilleur seul-en-scène et meilleur comédien premier rôle aux Cyranos 2024, Macbeth revient au festival pour la quatrième année consécutive. Et pour cause : ce spectacle musical et théâtral bouscule les codes et réinvente le chef-d’œuvre de Shakespeare avec une audace rare.
Héros valeureux des Landes d’Ecosse, Macbeth croise la route de trois sorcières qui lui prédisent un destin “royal”. La composition musicale, mélange de rock, de musique alternative et de sonorités écossaises, interprétée en live, nous propulse directement dans l’Écosse du XIᵉ siècle. Le réel se mêle à l’imaginaire dans une mise en scène où chaque détail est magnifié par l’engagement du corps et de la voix. Philippe Nicaud apparaît survolté et porte la tragédie écossaise avec une énergie qui semble inépuisable. À la fois narrateur, acteur, chanteur, guitariste et slameur, il incarne tous les personnages avec une justesse et une originalité saisissantes, tout en respectant la trame chronologique de l’œuvre originale. Le jeu de Philippe Nicaud est grandiose. Son regard captivant, son corps en tension, sa voix qui se fait tour à tour douce, rageuse ou désespérée, hypnotisent… Impossible de détourner les yeux. D’un personnage à l’autre, il nous entraîne dans un tourbillon où humour et tragédie se croisent sans jamais rompre le fil narratif. L’occupation du plateau est telle que l’on devient imperméable à tout le reste, suspendu à chaque geste, chaque mot.
(36) MACBETH TEASER AVIGNON 2025 – YouTube
Macbeth n’est pas seulement une relecture : c’est une véritable célébration de la puissance du théâtre, une expérience sensorielle et émotionnelle qui reste longtemps en tête une fois les lumières du petit théâtre rallumées.
« J’oublie tout » : un seul en scène à la fois drôle et bouleversant

Julien, jeune garçon du sud un peu paumé, tombe un jour sur Jul sur Skyrock. C’est le coup de foudre : il se nourrit de ses sons, de ses punchlines et de son style de vie. Ce « chien de la casse » voit en l’artiste marseillais, un modèle, presque un guide spirituel. Jusqu’au jour où, dans une église, tout bascule : la Vierge Marie lui apparaît et lui dit qu’il porte le même nom que son idole : Julien Mari. Verdict ? Il est l’élu. Rien que ça.
Avec J’oublie tout, Julien Gallix propose bien plus qu’une histoire de fan. Seul sur scène, il livre un récit vibrant où l’humour flirte avec des émotions à vif. Jul n’est ici qu’une porte d’entrée, un catalyseur qui permet d’aborder des thèmes universels : la solitude, la résilience et ce besoin viscéral de trouver du sens, “d’exister”. Ce spectacle réussit un tour de force rare : parler à tout le monde. Aux jeunes, bien sûr, mais aussi aux moins jeunes qui se retrouveront dans la sincérité brute du propos. En puisant dans la culture populaire, Gallix brise les murs d’un théâtre parfois trop élitiste et démontre que les émotions, elles, n’ont pas de frontières sociales ou culturelles.
La salle comble de la Chapelle des Antonins, rit, se tait, retient son souffle. Avec une justesse de jeu et une présence scénique magnétique, l’acteur transforme un récit intime en une expérience collective. J’oublie tout, c’est bien plus qu’un spectacle : c’est un grand “J” de joie et d’émotion pour un théâtre vivant et profondément humain.
Article signé Jade Dupond.