Législatives, 3ème circonscription # 5 : Marie-Charlotte Garin, candidate de la NUPES

A l’occasion de l’entre deux tours retrouvez l’interview de Marie-Charlotte Garin, candidat investit par la NUPES, dans la 3e circonscription du Rhône. Interview réalisée par Aurore Ployer le 31 mai 2022.

Marie-Charlotte Garin se présente d’emblée comme une « représentante de la génération climat ». Après quelques années dans l’humanitaire, la jeune femme de 26 ans s’est engagée dans l’écologie politique car elle se sentait être allée « au maximum de ses petits pas individuels ». Depuis deux ans, elle collabore avec les élus Europe Écologie Les Verts (EELV), notamment comme directrice de cabinet auprès de Nadine Georgel, la maire du 5ème arrondissement. Elle a aujourd’hui démissionné pour se consacrer pleinement à la campagne des législatives.

La candidate, qui a travaillé sur la question des violences faites aux femmes en situation de handicap, est co-responsable de la commission féminisme d’EELV au niveau national. Elle résume ainsi son investiture, qui a été soutenue en premier lieu par les militants locaux : « L’idée, c’est d’envoyer une nouvelle génération à l’Assemblée, une génération intransigeante car elle n’a pas le temps d’attendre », glisse-t-elle en référence au péril écologique.

Êtes-vous soutenue par les autres militants de gauche pendant votre campagne ?

Oui, nous somme à la mesure du moment historique. Il a fallu s’ajuster en terme de culture militante, mais les 250 bénévoles de tous les partis et tous les citoyens qui nous rejoignent ont trouvé leur place. Boris Miachon-Debard, l’ancien candidat PCF, s’est désisté pour être mon suppléant. Je m’entends très bien également avec Anaïs Belouassa, la chef de file pour La France Insoumise (LFI). Il n’y a pas de candidature dissidente sur la 3ème circonscription.

Comment définiriez-vous le projet de la NUPES ? La coalition va-t-elle durer ?

Je dirai que c’est un projet d’espoir où on remet l’humain au centre des politiques publiques. Nous sommes une alternative à l’extrême droite et à l’extrême libéralisme. La tentation de céder aux vieilles rancœurs, après les élections, sera forcément là, mais nous sommes beaucoup de la nouvelle génération à considérer qu’il y a trop d’urgence pour céder à nouveau à des mécaniques de parti. Dans le programme, il y a « les propositions » et « les points laissés à la sagesse de l’Assemblée ». Cela veut dire qu’on reconnait que des visions différentes sont portées par chaque parti. Chacun d’entre eux aura son groupe parlementaire.

Si vous êtes élue, comment vous rendrez-vous visible pour vos électeurs ?

Je compte mettre en place une agora citoyenne, peut-être tous les 2 mois. Ce serait un temps où chacun est invité afin de faire remonter les besoins et comprendre ce qu’il se passe à l’Assemblée. Les députés sont certes des élus de la nation, mais il faut ancrer le mandat dans le territoire. Garder un lien avec les collectifs locaux, et participer à éducation citoyenne et civique dans les écoles sont des axes du lien de proximité que je garderai avec la circonscription.

Quelles seront les 3 premières lois que vous défendrez à l’Assemblée ?

D’abord, je souhaiterais appliquer la convention citoyenne pour le climat. Ensuite, je défendrai ce qu’on votera collectivement comme s’opposer à la réforme des retraites et proposer la retraite à 60 ans, revaloriser le Smic, bloquer les prix des produits de première nécessité. En somme, protéger les plus précaires rapidement.

Par rapport à l’insertion des jeunes sur le marché du travail, que proposez-vous ?

Nous souhaitons revaloriser les filières professionnalisantes : 1 jeune sur 5 est au chômage, et parmi eux, 50% des jeunes n’ont pas le BAC. Nous voulons augmenter les moyens pour les lycées professionnels de manière générale, réencadrer les CFA, protéger les filières BTS, DUT. Ce qu’on prône à la NUPES, c’est la diversité des parcours. Nous désirons également revaloriser les indemnités de stage afin que ce ne soit pas des CDD déguisés. Mais la première chose dans tout ça, c’est le revenu d’autonomie, qui donnera de la dignité aux jeunes, cela leur libère l’esprit pour se former où trouver de l’emploi. Il est annoncé comme universel et sera sur demande. Il est de 1063 euros. On le voit à Lyon avec le Revenu Solidarité Jeune qui a été expérimenté, ça fonctionne.

En 10 ans, l’attractivité des Quartiers Politique de la Ville (QPV) n’a pas beaucoup augmentée. Que faut-il faire pour rendre la politique de la ville plus efficace ?

Il y a un signal extrêmement négatif qui a été envoyé par le nouveau gouvernement, qui ne compte pas de ministre dédié à la politique de la ville. C’est inquiétant car un contrat est en cours de renégociation avec les collectivités. Les acteurs ne sont pas rassurés au niveau local. L’investissement ne suffit pas forcément, il faut rénover le bâti pour créer des lieux dans lesquels les gens vivent mieux. Il faut remettre des services publics dans les QVP, les rendre plus attractifs pour les commerces de proximité. Il faut prendre soin de l’existant, investir dans l’humain et diversifier les acteurs présents, essayer au maximum de construire avec les personnes concernées. La rénovation énergétique des bâtiments est une urgence absolue. Cela vaut pour les bâtiments privés comme publics.

Quelles sont les grandes mesures environnementales que vous souhaitez mettre en place ?

La planification écologique, ça veut dire qu’on met 200 milliards pour engager la bifurcation écologique. Cela va créer beaucoup d’emplois. C’est la création de gros pôles par filières, par exemple la filière éco-construction en matériel biosourcé que l’on n’a pas encore en France. Quand on parle de règle verte, c’est se poser la question à partir du moment où on investit : est-ce que c’est vertueux pour la bifurcation écologique ? C’est cardinal : cela va créér de l’emploi et changer rapport à l’investissement, par exemple l’Impôt Sur la Fortune (ISF) climatique.

Un des gros dossiers pour réduire les émissions de gaz à effet de serre a été les Zones à Faibles Émissions (ZFE), qu’en pensez-vous ?

Je rappellerai d’abord que le projet des ZFE émane de l’état. A la Métropole, on a pris de l’avance sur le calendrier. Cela a été créé parce qu’on a été condamné pour inaction climatique. Cela répond à un besoin clairement identifié en termes de pollution. L’idée des ZFE, telles qu’elles sont mises en place aujourd’hui, c’est d’accompagner, il y a des aides financières. C’est impensable pour une majorité écologique de gauche. L’idée, c’est d’être le plus pédagogue possible, que les gens puissent avoir des interlocuteurs dédiés, et c’est déjà le cas. Au-delà de ça, il faut investir massivement dans les mobilités. La qualité de l’air vient principalement des transports et des industries. Le SYTRAL a doublé investissement sur le mandat, mais au niveau national, l’État doit investir, notamment dans le ferroviaire. Il faut repenser comment on construit la ville, on parle de la « ville du quart d’heure ». Il faut aussi accompagner les industries dans leur transition. Sur la pollution de l’air, il faut changer les normes qui ne sont pas à la hauteur, mais il faut aussi avoir les moyens de les contrôler. Il y a aujourd’hui seulement 1400 agents pour 500 000 sites industriels.

La 3ème circonscription du Rhône est de centre gauche depuis 2008 (PS puis LREM). La NUPES a donc de sérieuses chances de la remporter si les électeurs s’orientent désormais vers une gauche de « rupture » (Jean-Luc Mélenchon avait remporté les suffrages lors des présidentielles). Marie-Charlotte Garin affirme rencontrer beaucoup d’enthousiasme lors de sa campagne.

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Aurore Ployer

La rédaction

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