Le parti du vote blanc et son candidat tenaient un café-débat à ‘La cloche’ jeudi 15 mars afin de mettre en avant leur combat.
Déni démocratique
Stéphane Guyot, un non professionnel de la politique, explique que « voter blanc indique une volonté de participer au débat démocratique mais marque un refus des choix proposés ». Le citoyen fait l’effort de participer au scrutin, contrairement à l’abstentionniste. Cependant, il faut savoir que le vote blanc est assimilé au vote nul qui lui résulte d’une « erreur de manipulation » (deux bulletins dans l’urne, message personnel…).
Vote blanc et vote nul sont donc déterminés de la même manière. Ainsi, le vote blanc n’est pas pris en compte comme suffrage exprimé. Ne serait-ce donc pas un déni de démocratie que de ne pas tenir compte du suffrage du peuple ? Après tout, le vote blanc fut introduit par Louis Napoléon Bonaparte, en 1852, avec pour dessein de rester président à vie. En somme, ce n’est pas un exemple de démocratie.
Pour contrer ce qu’il estime comme une injustice et pour ramener les abstentionnistes aux urnes, le parti du vote blanc a décidé de créer une organisation politique : « c’est rentrer dans le système pour modifier en premier lieu le code électoral », explique M. Guyot. L’idée est de présenter un candidat dans le but de reporter les bulletins blancs sur son nom, afin qu’ils puissent être réellement pris en compte.
Il est certain que défendre une telle cause n’est pas chose aisée pour un « anonyme ». Attirer la lumière médiatique n’est pas si simple. M. Guyot nous confie que le parti a sollicité des personnalités comme Mathieu Kassovitz ou Francis Lalanne, séduits par la cause blanche mais qui n’ont pas osé porter hauts les couleurs de cet étendard.
C’est une attaque de l’intérieur et par les urnes que propose le parti du vote Blanc. M. Guyot estime que « la reconnaissance du vote blanc permettra d’arrêter une mécanique qui nous oppresse. Le vote blanc, en tant que suffrage exprimé, permettra de stopper le disque et de réfléchir à une nouvelle programmation ». En effet, quelle serait la légitimité d’un président élu sans la majorité absolue? Le symbole de la faillite du système ?
Peur ?
C’est justement peut être là que le bât blesse. François Bayrou, candidat à l’élection présidentielle est l’un des seuls candidats à soutenir publiquement la reconnaissance du vote blanc en tant que suffrage exprimé. Les autres évitent avec un certain mépris la question. En 2003, une loi à minima avait été proposée, impulsée par l’association « Blanc c’est exprimé » : il s’agissait de décompter distinctement bulletin blanc et bulletin nul sans que le bulletin blanc soit reconnu comme suffrage exprimé. Le Sénat et l’Assemblée avait refusé cette proposition de loi.
Les hommes politiques auraient-ils peur du vote blanc et de l’expression chiffrée d’un peuple qui ne se reconnaît plus dans ses dirigeants ? A l’évidence, c’est possible. La difficulté pour le candidat du vote blanc de trouver ses parrainages en est l’illustration.
Pour le parti du vote blanc, le combat continu. D’abord par le dépôt d’une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) qui sera proposé aux sages prochainement. Ce recours permettra de mettre ce débat au cœur de l’opinion public. Le parti du vote blanc va aussi présenter des candidats aux législatives. Stéphane Guyot prévient : « s’il faut, on sera là en 2017 ».