Le Street Workout bien amarré sur les quais lyonnais

Le Street Workout connaît un engouement considérable depuis une dizaine d’années. Exercée en milieu urbain, elle permet à tout le monde de se dépasser et sculpter son corps. À Lyon, l’association Body Art Athlètes de Rue connaît un succès médiatique grâce à son implication auprès des jeunes et ses participations aux compétitions internationales.

 

Des disciplines urbaines apparaissent sans vraiment être nouvelles. Leur éclosion ou leur retour s’explique par un besoin de sculpter son corps et dépasser ses limites pour s’épanouir. Le Street Workout ou « musculation de rue » mélange les figures de force, de souplesse et d’équilibre avec un champ rhétorique qui lui appartient : full planche, back lever (planche arrière) ou dips (pectoraux sur les doubles barres). Ce sport se pratique essentiellement à l’extérieur et surtout gratuitement.

Le rappeur et acteur MC Jean Gab’1, fervent défenseur de cette discipline explique :

« Le milieu urbain, c’est ouvert à tous. On fait ce que l’on veut. En plus, à Lyon il y a de superbes quais. Cette activité existait bien avant sauf que dans les années trente, c’était plus “nature”. Le sport ne se pratiquait pas en salle. On reprend désormais le flambeau. »

Les quais se mettent aux tractions

Body Art Athlètes de Rue a été créé en 2011 par Agnès Maemblé qui après une lourde opération du cœur décide de se consacrer aux jeunes. La structure compte une centaine de licenciés à Lyon qui viennent s’entraîner gratuitement le dimanche matin sur le quai Claude Bernard. C’est lors de sa prestation à l’émission Incroyable Talent en 2012 qu’elle obtient la reconnaissance auprès du public. Celle-ci est devenue une référence nationale au point de s’être exportée dans plusieurs sites à Nantes, Perpignan, l’Ile de la Réunion, en Guyane, mais aussi au Maroc ou au Togo. Désormais, l’association intervient dans le milieu scolaire, les hôpitaux, les prisons ou d’autres évènements pour inciter les Lyonnais à la pratique du sport.

MC Jean Gab’1 se montre enthousiaste vis-à-vis de cette initiative :

« Tant que c’est ouvert à tout le monde, c’est bien. Les gens veulent toujours des fédérations, ce qui implique de se comporter d’une manière ou d’une autre. Plus il y aura de structures comme Body Art Athlètes de Rue mieux ça vaudra et puis cela a tendance à se développer autant que les compétitions à travers le monde. C’est gratuit et en plein air donc on est vacances ! »

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« Une activité ouverte à tous »

Ce qui fait la force de l’association, c’est son esprit d’ouverture surtout pour les personnes en situation de handicap. Armand, l’une des figures emblématiques de Body Art Athlètes de Rue, est sourd-muet. Issu de la commune de Saint-Fons, Fakri (19 ans) lui est atteint de cécité. Il glisse :

« J’ai pris mon courage à deux mains, j’ai testé et ça m’a plu. Je fais les dips, les pompes et même les freestyles tout ça les yeux bandés (rires). Il n’y en a pas beaucoup qui oseraient faire le passe-muraille à 2 mètres 40 du sol, mais ça ne me gêne pas et je cerne le mouvement. »

Et d’ajouter :

« J’aimerais qu’il y ait d’autres aveugles comme moi qui puissent me rejoindre. Ce sport implique la persévérance et le courage pour faire des figures. Pour moi, ce n’est pas ce qu’on peut appeler un sport de quartier, car c’est ouvert à tout le monde. »

Natalya Kislova (25ans) vient de Russie, elle fait partie d’un contingent féminin qui s’illustre lors des compétitions internationales. La mixité femme-homme pour laquelle la présidente Agnès Maemblé se bat ardemment est de mise sur les quais.

« On y est bien, il y a une bonne ambiance surtout pour les femmes. S’entraîner ici à l’extérieur, c’est agréable d’autant qu’on attire l’attention des gens qui nous posent des questions sur cette discipline. Cela suscite des vocations. Il y a aussi l’idée du partage à tous les niveaux. »

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The Challenger : l’heure des tests

À l’occasion de la 4e édition du Challenger organisé par Body Art Athlètes de Rue les 20 et 21 juin derniers, une centaine de concurrents répondent à l’appel pour en découdre sur plusieurs épreuves comme les tractions ou le drapeau. Mais le freestyle qui laisse place à une totale créativité connaît le plus de succès. Sous les yeux d’un jury de prestige composé des rappeurs MC Jean Gab’1 et Black Jack du groupe Democrates D, les barres parallèles sont abordées. L’ambiance très détendue est assurée par l’humoriste lyonnais Rman Meva. L’enjeu n’est pas sans intérêt : les meilleurs peuvent se qualifier pour les championnats du monde à Moscou. La présidente Agnès Maemblé compare volontiers cette compétition à celle d’un examen de fin d’année : « à l’heure du baccalauréat et même dans le sport, il est important de se tester et se mesurer les uns et les autres après une année de travail ».

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Au fil des tractions, l’esprit de Body Art Athlètes de Rue inonde la jeunesse lyonnaise. Même les personnalités locales du hip-hop soutiennent le mouvement à travers une vidéo de neuf minutes sortie en 2014. Effet de société ou de mode, le Street Workout s’est amarré sur les quais lyonnais.

Mohamed Braiki

Natif de Lyon et enfant des Minguettes, je suis diplômé de Lettres de la Fac de Lyon 2 et l’EFAP Rhône Alpes. J’ai roulé ma bosse dans des rédactions lyonnaises comme la radio Lyon Sport 98.4, Le Progrès, Foot 69.fr, Tribune de Lyon et Lyon Capitale. braikimohamed@yahoo.fr

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