Non! Il ne s’agit pas d’un combat de catch entre femmes qui se déchireraient au sein de leur propre clan pour obtenir un meilleur statut ; mais du titre de l’exposition de Florian Bon Dagga consacrée aux femmes. La mairie du 5ème arrondissement l’avait invité à coexposer avec le musée des automates à l’occasion de la journée internationale du droit des femmes.
LBB : Le titre de votre expo est peu commun, est-ce fait exprès ? Quel rapport avec les photos ?
FB : J’aime bien ce qui est un peu décalé, original, intriguant. Plutôt que de l’appeler la parité homme femme – ce qui aurait été vu, vu et revu – j’ai préféré donner un côté amusant et l’appeler la parité femme femme. Tout simplement ! Et comme les modèles sont féminins, je m’y retrouve.
Pourquoi avoir choisi ce thème de la parité, êtes-vous engagé ?
C’est venu tout seul. Je suis juste parti sur un projet photo au départ. En faisant des effets de couleur dans mon studio, j’ai pensé qu’il serait intéressant d’exploiter le type de rendu que j’avais découvert. Comment ? Pourquoi pas en représentant des métiers. Une fois les accessoires trouvés pour illustrer les professions, j’ai photographié des modèles féminins. Puis la suite c’est faite d’elle-même. Je me suis dit, tiens c’est le monde du travail vu par la gente féminine alors pourquoi ne pas l’appeler la parité femme femme ? La chronologie c’est plutôt dans cet ordre : d’abord l’idée créative m’est venue et de fil en aiguille le thème a émergé.
Pourquoi avoir photographié des modèles exclusivement féminins et pourquoi posent-elles torse nu ?
Le plus gros de mon travail se passe en studio et je travaille majoritairement avec des femmes. Il arrive parfois que je photographie des hommes lorsque par exemple la femme est enceinte et que le couple veut des photos en souvenir. Mais c’est rare. Ce n’est donc pas juste pour ce projet que je travaille avec des femmes mais toujours. Le but artistique était de mettre en valeur la féminité, ce qui aurait été dur avec un homme… J’ai fait des effets au début. J’ai demandé à une amie de poser, habillée, et en ombre chinoise les formes féminines ne ressortaient absolument pas. Les photographies n’avaient pas de fort impact. C’est pour ça que je suis partie sur des femmes à moitié nues… pour l’esthétique et la beauté des formes.
Comment avez-vous décidé des métiers à mettre en scène ?
Le but n’était pas juste de montrer des métiers exclusivement masculins ou féminins. Le fil conducteur a plutôt été d’imaginer les métiers uniquement d’un point de vue féminin. Le but du jeu a ensuite été de me demander quel métier je pouvais représenter en ombre chinoise grâce à des accessoires tout de suite reconnaissables… Par exemple l’avocat, on pourrait le penser avec une petite saccoche mais il n’y a pas grand chose de plus. La plus grosse recherche dans ce projet ça a été de trouver tous les objets nécessaires à la représentation des métiers : le chevalet pour la peintre, la trompette, le képi, l’ampoule…
Pouvez-vous nous parler du travail sur la couleur ?
J’ai réalisé ces photos en studio sur un fond totalement blanc. Plutôt que d’éclairer le modèle classiquement avec de la lumière, j’ai éclairé uniquement le fond avec des flashs, en y rajoutant des gélatines de couleur (filtres transparents). Du coup le flash éclaire le fond blanc avec la couleur concernée et étant donné que le modèle n’est pas du tout éclairé, il en ressort très sombre. Il suffit ensuite de post traiter la photo, d’accentuer les contrastes, les noirs… Par exemple, si on prend le tableau du DJ, il y a trois tons de couleurs. J’ai donc éclairé trois zones différentes. C’est en éclairant le vert et le bleu que le dégradé va se faire tout seul, et c’est ça que j’ai découvert et que je trouve très beau.
Vous êtes vous inspiré d’autres photographes, artistes pour ce projet ?
Non, mais on m’a fait quelques réflexions lors du vernissage. Une personne a trouvé quelques similitudes avec le travail d’Andy Warhol mais je n’avais pas du tout pensé à cela. On m’a également dit que les ombres chinoises faisaient un peu penser a la publicité d’Apple d’il y a quelques années, pour leurs écouteurs blancs. En faisant le travail, j’ai simplement remarqué qu’il était rare de trouver de telles photos. Le but c’était de ne pas faire ce que tout le monde fait, sinon le projet n’a pas lieu d’exister.
Enfin comme votre titre y fait référence, avez-vous un point de vue sur la parité homme femme ? Pensez vous que la vision de la société doit évoluer à ce sujet ?
La gente féminine et la gente masculine sont au même niveau. Il peut même arriver qu’une femme soit supérieure à l’homme au niveau de la réflexion par exemple. C’est sûr que la vision de la société doit évoluer, on doit arrêter de dire que parce que c’est une femme elle doit être moins payée. Même si physiquement, la femme sera toujours moins forte que l’homme, je pense que c’est bien plus lié aux habitudes et à l’éducation qu’à la physiologie. C’est aussi une question de volonté et de goût. Il n’empêche que tous les métiers ne peuvent pas être effectués par les femmes comme l’inverse tous les métiers ne peuvent pas être effectués par les hommes.