« Avec La vie est Bulles, on crée un lien social et générationnel »

La Vie est Bulles est une toute jeune entreprise d’évènementiel lyonnaise. Elle est entrée dans la lumière en remportant récemment le concours Orange Propulse. Les trois actrices de ce projet s’investissent avec énergie depuis un an pour défendre une perception sociale et humaine de l’évènementiel. Devenir un vecteur de l’emploi est désormais un objectif avoué. Rencontre avec la fondatrice Charlotte Allegret.

Le dynamisme est un crédo chez toi…

J’ai toujours été active. Déjà au lycée, alors que j’avais 16 ans, j’ai commencé à faire des choses concrètes au moment de la suppression des TPE (Travaux pratiques encadrés) par François Fillon. Je travaillais alors sur les sans-papiers et il me paraissait inconcevable que l’on supprime cette matière. J’avais fait une pétition qui avait plutôt bien fonctionné et par la suite je me suis investie dans les mouvements lycéens, dans la lutte contre le racisme. J’intervenais dans les écoles. Puis j’ai fait un DUT en animation sociale et socio culturelle en me spécialisant dans la mixité sociale.

La banlieue a été un terrain de jeu déterminant…

Je m’intéressais à la « dé-ghettoïsation » des quartiers ou comment faire pour renouer le contact avec les gens. J’ai eu en charge le développement local d’un quartier de Grenoble, à Teisseire, où je me suis vraiment épanouie ! J’ai organisé tout un tas d’évènements ou d’activités qui expliquent ce que je fais aujourd’hui avec La vie est bulles. Par exemple, en 2007 on avait monté une initiation DJ pour les mamies par les jeunes du quartier et ces mêmes jeunes dansaient sur leurs mixages. Un des moments les plus fabuleux de ma vie !

« Nous avons vécu l’effet start-up »

Comment est arrivé le déclic pour créer La Vie est bulles ?  

J’ai participé à un café associatif d’insertion à Paris (XIVème arrondissement) dont je gérais la coordination pendant trois ans avec des jeunes en réinsertion. Lorsque le café est arrivé au bout de son développement, j’ai dû arrêter. L’envie de créer mon entreprise a commencé à germer. J’avais envie de faire ce que je faisais dans un seul lieu, mais aussi partout. Je suis rentrée vivre chez mes parents à Lyon et je n’avais pas un centime quand je me suis lancée. Je ne voulais pas faire une entreprise pour faire une entreprise, mais créer de l’emploi, travailler avec une équipe et bouger sur la France entière. Je désirais avoir quelque chose à long terme et surtout en vivre. Je me suis donné un an. J’ai donc monté La Vie est Bulles. Quitte à payer un loyer, je me suis offert les services d’une chargée de communication comme Soazic Evain et Maïwenn Denieul, qui est venu diriger l’entreprise avec moi. Le nom a été imaginé avec une amie dans un Starbuck du quartier des Gratte Ciel, le 29 janvier 2014. Le 9 février le premier évènement a été organisé. C’était un Pictionary géant au café Tolstoï à Grandclément (Villeurbanne). Ce fut un véritable succès !

Mau00EFwenn, Charlotte et Soazic dans leurs nouveaux locauxLa réussite a été plutôt rapide. En tant que jeune patronne, ressent-on un peu d’appréhension ?

Nous avons vraiment vécu l’effet start-up. On a tous peur de la crise, mais c’est ce qui nous donne la force. Depuis la création de La Vie est Bulles, je rencontre de nombreux créateurs d’entreprises qui me bluffent avec des projets hallucinants dont on n’entend pas parler. Il y a des risques à prendre, il faut juste de l’audace.

Graine de Star Comedy Club : un deal fructueux

La vie est bulles a séjourné pendant un an au Graine de star Comedy Club à Villeurbanne. Un passage marquant, non ?  

Je vivais déjà chez mes parents et il était hors de question que je travaille à la maison ! Je me baladais dans le quartier pour trouver un endroit où travailler et là j’ai vu cet établissement avec sa scène et sa dénomination de café théâtre. J’ai tout de suite compris qu’il y avait quelque chose à faire. J’ai appelé le patron Ali Benosmane et je lui ai fait part de mon désir de travailler chez lui. En échange je lui ai proposé d’organiser le Catch du Rire que j’organisais déjà à Paris dans notre café associatif. En un an, on a pu faire décoller le Graine de Star Comedy Club avec un logo, des centaines de photos, des cartes de visite. Maintenant, il n’a plus besoin de nous. Mais il nous manque déjà !

Un an passu00E9 avec le Graine de Star Comedy Club de Ali BenosmaneCe n’était pourtant pas votre principal client…

La première année nous avons organisé 54 évènements. Il y a eu par exemple des gros clients comme BNP Paribas. La différence avec Ali, c’est qu’on l’a fait en plusieurs fois avec huit Catch du Rire. Cela lui a permis de faire d’autres choses à côté, d’organiser d’autres plateaux avec des jeunes humoristes.

Le concours Orange Propulse : la victoire d’un projet humain et novateur

Vous venez de remporter le concours d’Orange Propulse, c’est une consécration !

Un jour, Maïwenn, ma collaboratrice m’a proposé de nous lancer dans l’aventure et j’ai accepté sans vraiment y croire. J’étais déjà fatiguée par tout ce qu’on avait à faire. On a préparé le dossier et puis il y a eu une première sélection avec 230 candidats. Orange en a sélectionné 93 qui étaient sur leur plateforme internet et qui allaient être ensuite soumis au vote du public. Au début, on restait bloqués à 30 votes alors que d’autres atteignaient des centaines. On a décidé de se mobiliser et Maïwenn à fait marcher ses réseaux. On a fini par entrer dans les trois premiers projets et en finale où il fallait passer une audience de dix minutes face à un jury composé de chefs d’entreprises ou de cadres d’Oranges experts sur la question des start-ups. On avait dix minutes pour présenter le dossier puis il y avait dix minutes de questions.

La vie et Bulle primu00E9e lors du concoucours Orange propulseQu’est-ce qu’une telle victoire a rapporté à La vie est Bulles ?

Au-delà des 10 000 euros, ça rapporte une confiance en soi. On a pris une claque ! Cela fait un an que l’on se bat et les structures et les institutions commencent à y croire. La banque aussi nous a fait un prêt, Orange nous soutient : les choses sont parties.

La réinsertion : un but plus qu’un projet

La vie est bulles est-il un vecteur d’emploi ?

Il y a trois axes : rebooster les entreprises. On ne ferait jamais d’évènements pour des entreprises qui marcheraient sans nous. Deuxièmement, tous les évènements organisés vont être participatifs car ils vont créer du lien social et générationnel. Enfin, nous nous devons d’être une entreprise d’insertion et de réinsertion. On va créer des postes forts pour créer des licences de marque de La vie est bulles partout en France. D’ici deux ans, nos postes seront doublés par des postes de réinsertion avec des gens qui ont perdu pied avec la réalité du monde du travail.

Il y a une connotation très humaine dans ce projet…

Oui, La vie est bulles est une entreprise à connotation sociale. Nous voulons devenir la première entreprise française à être labélisée d’économie sociale et solidaire. Je trouve que c’est dommage de sectionner le monde du social et du business. Je suis persuadée que ce sera de cette manière que l’on fera de grandes choses.

 

Photos : © La vie est bulles

Pour aller plus loin :

Le graine de star comedy club, un sketch de famille

ABD-L chante sa victoire

Mohamed Braiki

Natif de Lyon et enfant des Minguettes, je suis diplômé de Lettres de la Fac de Lyon 2 et l’EFAP Rhône Alpes. J’ai roulé ma bosse dans des rédactions lyonnaises comme la radio Lyon Sport 98.4, Le Progrès, Foot 69.fr, Tribune de Lyon et Lyon Capitale. braikimohamed@yahoo.fr

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