La Maestra, le premier concours international de cheffe d’orchestre

Le métier de chef d’orchestre reste encore très masculin. Aujourd’hui, seulement 4,3 % des chefs d’orchestre dans le monde sont des femmes. Une minorité encore très marquée par des stéréotypes archaïques. La Maestra a été créée en 2020 pour rendre hommage à toutes ces cheffes.

Grande nouveauté mondiale, un concours international de cheffe d’orchestre : La Maestra. Cette compétition fait son apparition en 2020. Elle aspire à donner plus de visibilité aux cheffes d’orchestre. Arte caractérise ce concours comme « un évènement qui mêle féminisme et musiques savantes ». Le comité de sélection paritaire a présenté le 24 septembre, les 14 finalistes pour la deuxième édition de la Maestra. Parmi elles, deux cheffes d’orchestre françaises, Clara Baget et Mélissa Brunet. 202 candidates de 48 nationalités différentes s’étaient présentées. Pour rappel, la première édition a fait révéler Glass Marcano, jeune femme vénézuélienne de 25 ans. Représentée comme celle qui va « dynamiter la musique classique », Glass Marcano possède un style bien à elle « vivant et dynamique », selon France Musique. La cheffe d’orchestre a depuis, dirigé plusieurs fois le Paris Mozart Orchestra et assisté plusieurs chefs d’orchestres. Elle devient ainsi la première cheffe d’orchestre noire à diriger un orchestre en Europe.

Glass Marcano pendant le concours la Maestra en 2020. Elle s’est vu attribuer le prix de l’orchestre. Crédit : La Maestra

Trouver sa place et combattre le sexisme

La Maestra est co-dirigée par Emmanuel Hondré et Claire Gibault. « Grâce à cette initiative, nous abordions un sujet de société qui était beaucoup plus large que la musique classique, c’est-à-dire la place de la femme dans les situations de leadership », d’après Emmanuel Hondré, directeur des concerts Philharmonie de Paris. Certaines mentalités peinent, en effet, à évoluer sur le sujet. Claire Gibault, grande cheffe d’orchestre française, a eu le droit à ses remarques. Pour des raisons « biologiques », les femmes ne peuvent pas être cheffe d’orchestre car « elles ont les bras tournés vers l’avant, pour tenir les bébés dans leurs bras ». Ces propos proviennent aussi de personnes du métier. En 2013, Vasily Petrenko, le chef principal de l’Orchestre philharmonique d’Oslo, a provoqué l’indignation, lorsqu’il a déclaré que « les orchestres réagissent mieux lorsqu’ils ont un homme devant eux » parce que « une fille mignonne sur le podium signifie que les musiciens pensent à d’autres choses ».

Claire Gibault, cheffe d’orchestre, a créé en 2011 le Paris Mozart Orchestra. Un projet artistique engagé, audacieux et solidaire. Crédit : lamaestra-paris.com

Pourquoi les femmes ne trouvent pas leur place dans ce milieu musical ? « Ce sont des hommes qui sont à la tête des grandes institutions musicales, et donc ils engagent plus d’hommes que de femmes. Parce que c’est leur réseau, parce que ce sont leurs habitudes », explique Claire Gibault, au journal 20minutes. Une logique marketing qui accentue également cette inégalité. Aujourd’hui, les hommes sont plus connus dans ce rôle de chef d’orchestre, « les institutions pensent d’abord aux profites et choisissent des hommes », continue Claire Gibault.

Après plus d’un siècle de domination masculine, les femmes donnent un coup de pied dans cette industrie. L’orchestre de Paris a fait appel à cinq cheffes d’orchestre pour sa programmation 2019/2020 à la Philharmonie de Paris. Le 18 septembre, la cheffe d‘orchestre française, Chloé Dufresne, s’est vu attribuer « une mention spéciale » au concours international de jeunes chefs d’orchestre de Besançon. La brésilienne Debora Waldam est à la tête de l’Orchestre régional Avignon-Provence pour la saison 2021/2022. Une fonction significative, car elle devient la seule directrice musicale d’un orchestre permanent en France. La deuxième édition du Concours International de Cheffes d’Orchestre La Maestra, qui se déroulera à Paris, aura lieu du 3 au 6 mars 2022.

Carmen Buecher

La rédaction

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