Le Cercle de la Pensée Juive Libérale s’est installé sur la place Terreaux pour la journée internationale de commémoration de la Shoah, pour rendre hommage aux déportés à travers des expositions et un temps de recueillement.
Ce jeudi 28 avril 2022 a eu lieu la journée internationale de commémoration de la Shoah, créée par l’État d’Israël dans la seconde moitié du 20ème siècle. À cette occasion, le Cercle de la Pensée Juive Libérale (CPJL) ainsi que la Licra ont organisé une commémoration afin de laisser une trace de la mémoire juive à Lyon, sur la place des Terreaux où sont installées trois tentes blanches entourées de barrières. L’événement est d’autant plus symbolique, qu’entre le 27 et le 28 avril, les hébreux du monde entier se réunissent pour célébrer le Yom Ha Shoah, « mémoire de la Shoah ». Cette année, on commémore également le 77ème anniversaire de la libération d’Auschwitz.
À l’intérieur de ce lieu protégé par une forte présence policière, le temps est au recueillement. Dans une première tente blanche, sur laquelle le nom de la CPJL est inscrit, se sont succédés des familles de réfugiés d’après-guerre, des anciens déportés ou de simples citoyens de confession juive à Lyon. Ils sont venus de 9 à 17 heures prendre le micro afin de citer, nom après nom, les déportés de la Shoah qui ont perdu la vie dans les camps de concentration ou de travail forcé.
Un devoir mémoriel et une communion contre les extrêmes
L’équipe de Grégory Doucet et des représentants de la métropole de Lyon sont venus symboliquement apporter leur soutien à cet événement annuel 2 heures avant la fin. Cette venue a été saluée par le Président de l’association de la CPJL, et a également résonné dans la prise de parole émouvante du poète Jean Levy « un soutien fort et pérenne de la mairie lyonnaise et de Monsieur Doucet ». Le maire écologiste, positionné dès le début de son mandat sur ces questions de devoir de mémoire, n’a pas manqué de saluer le littéraire avant de s’en aller, après avoir cité le nom d’une quinzaine de déportés juifs de France, tous morts du nazisme.
À travers cette demi-heure de prise de parole, de recueillement et de prières, il était l’heure de dresser un bilan. De se rappeler du travail de David Olère qui a peint l’intérieur des camps de concentration allemands lorsqu’il était déporté, et dont le travail est accroché à l’intérieur de la tente où se trouvait la commémoration. Il était aussi question de la montée de l’antisémitisme sous toutes ses formes : la montée de l’extrême droite au second tour de la présidentielle, la discrimination faite par les élus d’extrême gauche en vue des prochaines législatives, où la guerre en Europe -et non pas à ses portes- que Poutine fait avec barbarie et xénophobie pour les peuples opprimés en Ukraine. Enfin, il était aussi question de non-acceptation de l’autre dans un discours fort, réalisé par le responsable de la culture et de la mémoire juive à l’ Union Etudiant des Juifs Français à Lyon (UEJF) Nathan Larauze : « Notre pays connaît aujourd’hui des temps politiques troubles, dus à la remontée des extrêmes. Ensemble, nous devons lutter contre toute forme d’antisémitisme ».
Une lutte de tous les instants dans un contexte toujours incertain
Nathan revient après l’événement sur les raisons de ses prises de position un jour aussi symbolique : « La notion de transmission est importante. La mémoire de la Shoah est un pèlerinage mondial et c’est d’autant plus important de réaliser ça ici, à Lyon, capitale de la résistance. En Israël, le pays va s’arrêter 2 minutes plusieurs fois dans la journée et les citoyens vont devoir réaliser un moment de silence ». Ce silence, a également été entendu durant plusieurs secondes avant de pouvoir démarrer quelconque intervention dans le cadre de la venue de Grégory Doucet. Puis, un chant des partisans juifs d’après-guerre est entonné par une chorale de femmes et d’hommes venus également se recueillir. « Si on n’oublie pas, on ne re-commettra jamais les erreurs, poursuit Nathan. On s’engage dans de petites actions pour rappeler que ca a existé. On a notamment réalisé 200 collages qui sont partis de Lyon jusqu’à Meyzieu, en passant par Villeurbanne. Ces 200 collages représentaient les noms des 200 enfants lyonnais qui ont été déportés. On a choisi de les mettre sur papier et de les exposer à tout le monde ».
Ce besoin de se battre, il confie en avoir besoin pour un avenir plus serein pour tous : « L’Europe et le monde entier ont ce devoir de mémoire. Il faut se rappeler ce qu’il s’est passé, pour les populations juives, mais aussi les tziganes, les homosexuels, les personnes de couleur. Ne jamais oublier, pour que jamais ça ne se reproduise ». Dans un événement très encadré par les forces de l’ordre, Nathan confie avoir besoin également d’élever sa voix aujourd’hui pour défendre les militants des mouvements juifs et non-juifs qui se font attaquer durant leurs manifestations. « Nous nous sommes déjà fait agresser durant des collages, explique-t-il. On a un vrai besoin de sécurité. Ça s’est passé dans le 7ème envers deux personnes que je connais, durant un collage. La communauté juive a encore ce sentiment d’insécurité, bien que ça puisse aussi arriver à d’autres populations. C’est ce qu’on combat ».
Une transmission possible grâce à la formation
En plus de la commémoration et de la venue de représentants locaux, les associations présentes ont également fait un travail de fond historique sur la Shoah. Notamment grâce à la mise en place d’ateliers, d’échanges et d’affiches qui mettent en avant une nouvelle façon de penser la religion. L’objectif est de libérer la parole et d’évoquer le sujet pour faire une piqure de rappel historique. L’ensemble du travail est à retrouver sur internet, sur les site internet de la Licra, ou de l’association de l’UEJF Lyon.
Tristan A.