[Interview] Yann Cucherat, pour une ville-centre au coeur des enjeux métropolitains – Partie 1

Yann Cucherat, candidat LREM pour la mairie de Lyon et ancien adjoint au Sport de la municipalité lyonnaise, se présente sur la liste Prendre un Temps d’Avance. Porté par son binôme à la Métropole Gérard Collomb, le Lyon Bondy Blog l’a interviewé. 

Vous vous présentez au municipal de Lyon, comment vivez vous cette expérience ?

Je considère cela comme une belle aventure, j’ai de la chance de la vivre. Mais j’ai le sentiment d’être chanceux, depuis toujours dans mon parcours de sportif, dans mon parcours professionnel puis désormais dans mon parcours politique. C’est vrai c’est une aventure pas toujours évidente, il faut le reconnaître, on prend quelques coups de couteau, quelques tacles. C’est différent d’une vie plutôt cadrée, avec des normes très claires comme quand je rentrait dans les plateaux de compétition, là, il n’y a pas de règles. 

Ce n’est pas trop dur d’avoir des critiques ad nominem, quand on vous traite de « marionnette » ? 

En fait, ce qui est le plus difficile, c ‘est que ceux qui sont le plus dénigrants à mon égard sont surtout ceux qui ont porté des projets avec moi ces dernières années. Les attaques les plus fortes viennent des dissidents qui ont décidé de quitter la majorité de Gérard Collomb. C’est là pour moi où la violence est rude. Ce sont des gens que je trouve plutôt sympathiques, avec qui j’ai été côte à côte pour soutenir certains dossiers , et se faire poignarder aujourd’hui de cette manière-là, ça me désole un peu. Mais je vais vous dire très sincèrement, je suis dans mon couloir. Mon objectif est de gagner le 15 mars prochain en présentant un projet sincère au Lyonnais. Je ne suis pas dans la démagogie. Je ne dis pas que je coche toutes les cases, mais par contre ce que je fais, je le fais avec beaucoup de sincérité, et avec des équipes qui peuvent combler certains manques qui sont les miens. Je n’ai jamais fonctionné autrement qu’en équipe, c’est comme cela que je me suis construit, et de cette manière que demain j’aimerais porter les enjeux de la ville de Lyon. 

Et ce n’est pas trop dur de défendre un bilan qui n’est pas totalement le vôtre ? 

Quand on est dans une majorité, une équipe, on porte ensemble les points forts et les points faibles. C’est même ce qui fait la force du collectif. Aujourd’hui je trouve que ce bilan est positif et que l’on a de la chance. C’est plus difficile de porter un bilan quand il est mauvais. Quand j’ai de la famille ou des amis qui viennent à Lyon, j’aime leur faire visiter cette ville, comme beaucoup de Lyonnais. Cela veut dire que l’on en ait plutôt fier de notre ville, et elle s’est transformée grâce à Gérard Collomb sur ses trois derniers mandats. C’est pour ça que je suis plutôt honoré de la confiance qu’il m’accorde, même si j’en mesure la responsabilité. 

Vous parlez de Gérard Collomb, comment vous imaginez alors la relation avec celui-ci s’il est président de la Métropole ou quelqu’un d’autre ? 

C’est vrai que ce sera un mode de fonctionnement complètement différent. C’est ce qui fait la force de notre binôme. Nous avons un projet qui est commun, avec une vision partagée sur les enjeux de la ville et la manière dont on veut qu’elle se transforme. Entre une métropole qui devient encore plus puissante en irriguant toutes les communes qui la composent, mais aussi une ville centre qui est au coeur de sujet. Il y a maintenant un destin commun qui est entre nous. Mais on est plutôt complémentaire, avec quelqu’un qui est expérimenté, qui a montré de quoi il était capable, il ne faut pas oublier que c’est lui qui à créer cette métropole pour que les compétences sociales du département puissent être additionnées aux compétences économiques de la métropole. D’un autre côté, il y a moi, qui aie construit avec un parcours différent proche du tissu associatif et des bénévoles qui font Lyon au quotidien. Je trouve qu’il a quelque chose d’assez puissant dans cette complémentarité.

Et n’y a-t-il pas un risque que la ville de Lyon disparaisse au profit de la Métropole et se dilue dans celle-ci ?

Il n’y a aucun risque. Dans le sens où aujourd’hui quand on parle de Lyon à l’Internationale, on ne dit pas la Métropole de Lyon, nous disons Lyon. Même quand on est de Villeurbanne, on dit que l’on est de Lyon. C’est le marqueur. Aujourd’hui, nous avons besoin de cette ville-centre avec ses compétences et sa mécanique pour servir une métropole qu’on souhaite encore plus performante. Il y a dans cette dynamique une volonté d’irriguer tous les territoires autour. C’est ce qui dynamise la ville. Ce qui la rend attractive et ce qui donne envie aux gens de s’y installer pour des projets personnels ou professionnels, il faut que cela irrigue les territoires voisins. C’est là que je trouve intéressant de pouvoir disposer d’un président de Métropole et d’un maire de Lyon qui s’entendent bien et peuvent travailler ensemble. 

Comment allez-vous alors travailler avec la Métropole et la ville de Lyon sur la question écologique ? 

C’est un enjeu majeur dont on doit s’emparer sans concession en la matière. Ce n’est pas quelque chose qui est nouveau. Je pourrais l’illustrer de quelque exemple dans la délégation qui a été la mienne ou ce que Gérard Collomb a mis en place les précédant mandats. Aujourd’hui il y a une urgence absolue, et il faut vraiment accélérer les actions pour répondre à cet enjeu-là. Je ne suis pas d’accord pour dire qu’il n’y a que l’écologie. C’est un thème indispensable qui est trans-partisan. Je le dis souvent EELV partage le même constat que nous. Nous sommes raccord là-dessus. Après, c’est la manière de répondre à ces problématiques qui est différente. 

Concrètement on va investir 50 millions d’euros pour mettre en place 30 kilomètres de voies vertes. Nous souhaitons le faire par exemple de Part-Dieu jusqu’aux parcs de la Tête d’Or. L’idée est de relier les parcs de la ville avec des pôles multimodaux ou de grandes institutions comme des écoles. On va travailler les quais droits du Rhône où sur la partie haute on peut tout réaménager. Cela me semble plus que nécessaire. D’ailleurs ce qui me semble intéressant pour moi lorsqu’on fait des voies vertes, au delà de planter en pleine terre, c’est que l’on peut travailler sur d’autre usage. On travaille sur le vélo aujourd’hui et je suis le premier convaincu qu’il faut le développer car cela fonctionne bien à Lyon. Mais j’ai aussi envie de donner beaucoup de place au piéton. Une des premières notions que j’ai évoquée dans ma campagne est la notion de sol facile, c’est à dire facilité le déplacement des gens à pied. 52% des Lyonnais circulent en marchant et c’est ultra-essentiel pour moi de le développer.

Après il y a d’autres lieux comme la rue Hénon sur la Croix-Rousse qui pourrait être aussi une belle voie verte. On veut aussi prolonger tout ce qui passe par la rue Garibaldi, par la rue de Gerland pour aller rejoindre le parc de Gerland. On veut faire sur ce parc un certain nombre d’artères qui pénètrent le coeur de ville pour qu’il ait une sorte d’extension, un agrandissement de ces parcs-là. Pour la rue Édouart Herriot, nous enlèverons ce qui était une expérimentation, qui a fait plutôt polémique, mais je suis content de dire que c’est parce qu’il y a eu ces bacs à fleurs qu’ il y a eu un débat qui s’est installé. Si vous regardez bien dans l’historique, on parlait trop de ça avant. On disait simplement « il faut verdir ». Là, cela a créé le débat. Cela a permis de montrer que quand on plante en pleine terre, cela change les usages quotidiens pour les commerçants, pour les piétons, mais aussi pour les vélos ou les artisans. On ne doit pas juste planter en pleine terre., cela doit se faire dans un schéma cohérent et global. Pour le coup, cela a eu ce mérite d’avoir remis le débat sur la table.

Pour parler justement d’Édouart Hériot, est-ce que vous seriez pour une piétonnisation permanente de la presque ile ? 

Je ne pense pas que cela soit possible. Ce n’est pas ce que je défendrais. Je pense qu’il faut piétonniser la presque ile sur des moments particuliers, par exemple les week-ends ou sur de l’événementiel. Par contre, penser que l’on peut piétonniser toute la presque ile de manière permanente, c’est oublié qu’il y a un certain nombre d’usages avec les transports en communs ou avec les commerces et que ce n’est pas quelque chose qui peut se faire « en mode campagne ». Par contre, il faut que l’on réfléchisse, et j’en serais le premier défenseur au fait de piétonniser un certain nombre de quartiers à l’échelle de la ville chaque fois que l’on pourra. Cela pourra marier à la fois les usages quotidiens que l’on évoquait, mais aussi la nécessite de se réapproprie l’espace public. Moi, j’ai envie de développé, je ne sais pas comment on pourrait les appelés, mais les rues post-écoles. C’est-à-dire des rues où l’on peut avec des systèmes de bornes escamotables éviter la circulations sur des fins de journées afin que les enfants puissent jouer dans la rue, devant chez eux, sans la contrainte des véhicules pendant un certain nombre d’heures. 

Vous avez déjà des idées de rues ? 

Non, il faut préalablement faire des études assez poussées. Il ne faut pas qu’il y ait de porte de garage pour qu’il n’y ait pas de voiture qui rentrent ou sortent n’importe quand.

Il faut aussi que l’on développe des zones 30km/h à l’échelle de la ville, ce qui nous parait cohérent ainsi que les surfaces de terrasses extérieures. Lyon est une ville agréable où l’on aime se divertir, prendre du bon temps. Il n’y a rien de mieux quand on est en famille que de pouvoir se balader et marcher dans un espace piétonnisé sécurisé. Cela serait démago de dire que l’on va piétonniser toute la presque ile sur le prochain mandat. 

Et la privatisation de certains espaces publics pendant l’été par exemple, je pense aux terrasses de café par exemple, vous êtes pour un meilleur contrôle ?

Personnellement je ne suis pas pour la restriction de ces espaces là mais on peut réfléchir a des points d’améliorations à avoir. J’ai quelques commerçants qui me disent que sur la route qui passe devant chez eux, les voitures font simplement des demi-tour parce qu’elles cherchent des places de stationnement. Je serais pour piétonniser ces rues et qu’il y ait des espaces ouverts. Limiter les terrasses sur les points d’amélioration oui, sinon il n’y a pas de restrictions à mon point de vue. 

Par rapport à l’anneau des sciences mené par Gérard Collomb, êtes-vous dans la même optique ? 

Mon vrai enjeu, en tant que maire de Lyon demain, c’est de faire en sorte que l’autoroute ne traverse plus ma ville. C’est une hérésie absolue d’avoir en plein centre ville deux fois deux voies avec un tunnel de fourvière saturé où, comme tous les lyonnais, j’ai perdu des heures de ma vie. On peut planter des arbres autant qu’on veut, si on a toujours une autoroute qui traverse sont coeur de ville dans un axe nord-sud avec des voitures qui ne s’arrêtent pas à Lyon, je ne vois pas l’intérêt. Il faut revoir tout l’échangeur de Perrache où il y a dix vo iesde circulations. Pour moi qui vit dans le 5e arrondissement, tous les matins c’est une galère. Il n’y a pas un habitant du 5e, du 9e voir du 2e, qui n’en a pas marre de cette circulation qui ne permet pas de pouvoir se déplacer comme on le souhaite. Tout le monde prend les petites rues adjacentes pour essayer de contourner les grands axes routiers où on bouchonne. Tout est saturé. Les gens descendent par l’Ouest sur le 5e, sur fourvière ou sur Oullins, ils récupèrent Gerland pour récupérer derrière Laurent Bonneway, c’est une hérésie.  Aujourd’hui, on a un quartier comme La Confluence qui est entrain de se développer d’une manière exceptionnelle, qui est un exemple en beaucoup de points, l’autoroute ne doit pas brider son développement.

Pour moi, il faut donc boucler le périphérique, qui fera comme un anneau autour de la ville et qui permettra de se protéger, d’une certaine manière, contre les voitures qui ne vont pas pénétrer le coeur de ville. Si je veux travailler sur les mobilités, au delà des transports en commun qu’il faut renforcer ou les espaces cyclistes et de la place des piétons, je suis obligé de désaturer ma ville d’un certain nombre de véhicules. Je ne pourrais le faire, notamment dans les arrondissements que je vous aie cités, que si j’enlève un bon nombre de voitures. Sinon, apportez moi une autre solution, je l’étudierai. Mais aujourd’hui, il n’y en a pas d’autres. Avec ce bouclage du périphérique, que l’on a travaillé conjointement avec la Métropole, on souhaite doubler le nombre de parcs relais pour que toutes les personnes venant en voitures chaque matin puisse avoir la possibilité de  déposer leurs véhicules et d’utiliser des transports en commun leur permettant de rentrer tranquillement dans le coeur de ville. Pour moi le bouclage du périphérique est simplement une cohérence globale avec ce que l’on souhaite faire à l’intérieur de la ville.

Autre sujet qui préoccupe énormément les lyonnais, le coût du foncier, qui a explosé ces 15 dernières années, que prévoyez-vous pour contrôler voir limiter cette hausse ? 

Il faut construire. Je suis contre l’étalement de la ville. Ce n’est pas la bonne option. Je pense qu’il faut construire la ville sur la ville et donc prendre un peu de hauteur. Pour moi, l’essentiel est de garder la silhouette de la ville. Il faut continuer à construire mais prévoir tous les types de logements : logement social, logement accessible, notamment pour les classes moyennes qui ont besoin de trouver un logement adapté. Nous disons cela contrairement à ce que beaucoup de nos concurrents proposent. 

 

La rédaction

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