Ce jeudi, étudiants et internes en médecine étaient réunis en opposition au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), qui prévoit l’ajout d’une quatrième année d’internes en médecine générale dans un désert médical. À Lyon, c’est un cortège de près d’un millier de manifestants qui s’est formé, renforcé par quelques dizaines de médecins généralistes en grève.
« Blouse blanche, colère noire », un slogan qui représente bien l’état des étudiants et internes en médecine générale. Une colère en opposition à la mise en place d’une quatrième année d’internat au sein d’un désert médical, prévu par le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Une mesure qui serait contre-productive voire dangereuse pour le système de santé selon Mohamed Amin Ben Kraiem, vice-président chargé de la représentation étudiante à l’ACLE (Association des Carabins de Lyon-Est).
Pour le moment, les étudiants refusent catégoriquement cette quatrième année, mais se disent prêts à l’accepter si les conditions s’améliorent. « La quatrième année dans l’état actuel des choses, on ne l’accepte pas ! C’est encore une réforme précipitée qui est difficilement envisageable pour les étudiants. Nous pourrions l’accepter si les conditions étaient respectées et que nous avions une garantie d’une formation de qualité et faite pour développer nos projets professionnels… Mais si c’est juste pour être payé comme un interne et aller remplacer des médecins généralistes dans des zones sous-denses ce n’est pas possible. », explique Fanny Lefevre, étudiante en troisième année de médecine et représentante des externes de Grenoble. Une formation qui serait déjà déficiente témoigne l’étudiante : « Actuellement, la formation en médecine générale n’est pas optimale car il manque des maîtres de stage universitaire. »
Si la formation n’est pas parfaite, les salaires non plus. De nombreux internes et étudiants dénoncent des revenus précaires, comme en témoigne Mohamed Amin Ben Kraiem.
Difficile pour ces étudiants de concevoir une quatrième année dans ces conditions. Ils demandent plus de moyens et une réflexion autour de cette nouvelle année de formation.
Un soutien intergénérationnel
Pour accompagner la manifestation, plusieurs dizaines de médecins généralistes se sont joints au rassemblement. Fabien Gruselle, médecin généraliste et délégué régional du syndicat MG, dénonce une mesure qui risque de décourager les étudiants : « Les médecins généralistes s’inquiètent pour l’avenir du système de santé avec des mesures qui semblent s’opposer à la médecine générale. En particulier, en adressant un mauvais message aux internes qui sont en 3e année en voulant leur imposer une dernière année d’apprentissage dans les déserts médicaux. C’est un très mauvais signal pour encourager ces jeunes à poursuivre dans cette voie-là. La médecine générale est un maillon essentiel de notre système de santé. ».
Présents pour soutenir les étudiants et internes, les médecins généralistes portaient eux aussi certaines revendications. Ils demandent plus de moyens pour assurer leur rôle et créer de l’attractivité.
Une délégation composée d’étudiants, internes et médecins généralistes a été reçue par la préfecture vers 16h30. L’occasion pour les manifestants de faire remonter leurs nombreuses revendications. D’autres rassemblements ont eu lieu partout en France, portant tous le même message.
Léo Ballery
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