Le mardi 2 avril dernier, les éboueurs de la société privée Pizzorno Environnement ont entamé une grève. Alors que nous atteignions ce mercredi 17 avril le 16e jour de grève, l’entreprise a saisi la justice. Un rassemblement en soutien aux salarié.es impliqué.es s’est tenu juste avant l’audience qui avait lieu à 10h.
Ils étaient nombreux mercredi matin aux alentours de 10h à l’entrée du Tribunal de Grande Instance de Lyon. En effet, dix salariés, dont deux délégués syndicaux, sont poursuivis par leur direction pour « entrave à la liberté de travail », « jet de projectiles », « diffamation », mais également « participation au piquet de grève » selon l’Union syndicale Solidaires Rhône. Qu’ils soient syndicats, gilets jaunes ou encore salariés, tous ont souhaité se rassembler afin de marquer leur soutien envers les dix employés convoqués par la justice.
« On est solidaires, on ne va pas lâcher nos collègues »
Depuis le 2 avril, les salariés de Pizzorno se sont mis en grève. Ils réclament notamment une revalorisation salariale (à hauteur de 300€) et de meilleures conditions de travail comme nous le confirme Mohamed : « On souhaite l’amélioration de nos conditions de travail, une augmentation de salaire parce que par rapport à ce qu’on fait, on est très peu payés ». Lui, comme beaucoup d’autres, est venu soutenir, Laurent*, un collègue convoqué ce mercredi. Ce dernier, d’ailleurs, aimerait comprendre le motif de sa convocation : « Je suis convoqué mais je n’ai rien fait, je ne casse rien, et pourtant je me retrouve là aujourd’hui ». Quelques minutes plus tard, Claude* exprime sa solidarité et sa stupéfaction : « Je n’ai pas été convoqué mais je suis là en tant que soutien. Je ne comprends pas ces convocations. ».
« Une attaque inacceptable contre le droit de grève »
Outre les collègues de salariés convoqués, d’autres entités ont voulu marquer leur solidarité lors de ce rassemblement.
C’est le cas par exemple de l’Union syndicale Solidaires Rhône. Son responsable, Frédéric Leschira, a réagi et évoqué la situation : « L’entreprise a choisi au hasard des salariés pour essayer de faire pression sur la grève, et de s’attaquer aux droits de grève. Elle veut obtenir que les grévistes ne puissent plus se rassembler avec leur piquet de grève, prétendant que c’est un obstacle à la liberté du travail ». Il déplore que l’entreprise fasse appel à des intérimaires et réclame l’ouverture de négociations : « Depuis 16 jours, il y a zéro négociation. L’entreprise se contente d’appeler la police, des huissiers, des avocats, et essaie de criminaliser un mouvement de grève, alors que la grève est légale en France. »
En ce qui concerne Léna, membre du NPA, ce soutien envers les employés ne date pas d’hier : « Cela fait plusieurs semaines qu’on va voir les salariés grévistes de Pizzorno. On les soutient dans leurs revendications : c’est-à-dire le respect du Code du travail, des conditions de travail, qui ne sont pas du tout respectées, mais aussi une augmentation de leur salaire pour qu’il soit égal à ceux des éboueurs de la Métropole de Lyon ». Elle rajoute le fait que la direction, à travers cette assignation de salariés, exerce « une répression contre la grève ».
Le verdict
La décision des juges a été donnée ce jeudi 18 avril à 11 heures. En attendant celle-ci, les salariés s’étaient donnés rendez-vous à 4h30 du matin devant leur entreprise. Ils sont ressortis, mercredi, de cette audience encore plus soudés et déterminés. « On ne lâchera pas ! » s’exclament-ils après être sortis du Palais de Justice.
Judicaël Dissake, délégué syndical Sud Solidaires, se disait confiant quant à la décision finale, et espère enfin « l’ouverture de vraies négociations ».
Dans l’attente du jugement, la Métropole a publié, de son côté, un communiqué ce 17 avril, faisant état de la situation actuelle. On apprend notamment qu’une nouvelle rencontre a eu lieu entre la Direction générale de la Métropole et les dirigeants de Pizzorno. L’entreprise s’est engagée d’une part à « assurer à partir de demain matin le service de collecte à 100% sur l’ensemble de leurs tournées habituelle » et d’autre part « rattraper le retard accumulé de la collecte depuis deux semaines d’ici samedi soir ».
Finalement, les salariés grévistes ressortent vainqueurs de cette affaire. Les dix salariés n’ont pas été condamnés par la justice.
*prénom modifié