C’est le dixième goûter solidaire organisé depuis le début de l’année par le collectif des parents d’élèves de la FCPE et l’association « Jamais Sans Toit » devant l’École Berthelot afin d’aider deux familles n’ayant pas de domicile fixe.
Aujourd’hui, au sein de l’École Berthelot, deux familles, dont cinq enfants âgés entre un et sept ans n’ont pas de logement durable. Le 29 avril, l’École Berthelot a donc vu ses locaux se transformer en dortoir pendant deux nuits afin de soutenir ces familles. « Nous avons dormi deux jours à l’école. Depuis, les familles ont bénéficié de 10 nuits d’hôtels payées par la métropole », informe Nadia, mère d’élève à l’École Berthelot. Cependant, ce plan n’a qu’un goût éphémère pour ce collectif. En effet, à partir de vendredi ces familles n’auront plus d’endroits où dormir.
Action solidaire à l’École Berthelot
Il est 16h20 et devant l’établissement scolaire, le collectif de parents d’élèves de la FCPE commence à s’installer en pleine rue, avenue Berthelot. Ils accrochent une banderole où est écrit à l’encre orange « GOÛTER SOLIDAIRE ». En l’espace de quelques minutes, deux tables sont installées afin d’y poser des gâteaux, des boissons et quelques sucreries. Le collectif attire le public lors des différentes sorties d’écoles : des heures stratégiques afin de sensibiliser le maximum de personnes.
Ces entremets s’élèvent au prix d’un euro. « L’argent que nous récoltons nous permet de payer des nuits d’hôtels à ces familles qui n’ont pas de logement fixe. Grâce à ces actions, nous pouvons également acheter des couches, du lait et des biberons pour les enfants », avertit Nadia. Des enfants qui se retrouvent dès leur première année de vie sans domicile fixe.
Ces luttes animées par la pensée solidaire prennent place dans des écoles : lieux publics où différentes voies se dessinent comme l’éducation, le partage de connaissances, l’émancipation, la sociabilité et où les rencontres se manifestent. Ce sont donc des enfants scolarisés mais qui n’ont pas la chance de pouvoir grandir au sein d’un seul et même domicile.
Des parents d’élèves engagés
Ils se désignent et sont les parents solidaires de l’École Berthelot. Ensemble, ils luttent contre cette injustice. En effet, toute personne en état de détresse a le droit à l’hébergement d’urgence. « Nous souhaitons un droit inconditionnel, concernant le droit au logement. Toutes les familles doivent bénéficier de ce droit et la métropole ne peut pas passer outre », affirme la mère d’élève. « Pourtant il existe des logements vacants à Lyon où l’on pourrait loger ces familles » déclare Nadia, habituée à l’organisation des goûters solidaires depuis quatre ans.
Un collectif qui s’agrandit
Ce mouvement interpelle également d’autres parents d’élèves. « Cela fait un an que ma fille est scolarisée à l’École Berthelot, et depuis, je viens en aide lors de la vente des gâteaux et j’en fais lorsque j’ai du temps », explique Thomas. Les goûters solidaires prennent également d’autres formes : « On fait toutes sortes d’organisations solidaires : soupes solidaires, petits-déjeuners solidaires, buffets… » Le partage est donc au rendez-vous.
Les donneurs sont à la fois des parents d’élèves et des passants. Mettre en place ces quelques infrastructures au sein de l’espace public apporte également du soutien extérieur à l’établissement. « Une personne s’est arrêtée pour prendre un bout de gâteau pour une personne SDF », annonce pleine de joie une autre affiliée à ce collectif. La solidarité en entraîne alors une autre. Les consciences s’éveillent et le regard que les citoyens portent sur les autres prend un chemin tourné vers le partage.
Une mobilisation qui ne s’arrêtera pas
Ces actions montrent le fossé présent entre ce collectif et la municipalité lyonnaise. Les parents d’élèves veulent trouver une solution durable pour ces familles, tandis que la mairie se prononce sur des solutions éphémères concernant la situation de parents ayant des enfants en bas âge qui dorment dans des hôtels lorsqu’ils le peuvent ou dans des établissements scolaires. À la fin de ce goûter solidaire, le collectif a déclaré être dans l’attente d’ une prise en charge des familles de la part des services sociaux. « Si la municipalité, la préfecture et les services sociaux ne proposent rien de nouveau d’ici vendredi, nous leur payerons deux nuits d’hôtels durant le week-end et nous retournerons dormir à l’École Berthelot dès lundi ».