par À 32 ans, l’artiste originaire de Vaulx-en-Velin vit l’une des années les plus intenses de sa carrière. Finaliste du Buzz Booster organisé à Marseille le 10 mai prochain, il effectuera un baptême de feu au festival l’Original le 17 mai avant de sortir son prochain EP « Coup d’envoi » en juin. Il a reçu le LBB dans le studio d’Olympic Records. Entretien.
Quelle est la genèse de ta carrière ?
La musique fait partie de ma vie depuis l’enfance. Je jouais au piano et je chantais dans les chorales. En grandissant, j’écrivais des textes de rap tout en écoutant ce qui se faisait dans le milieu. Je me suis alors demandé si je pouvais contribuer à tout cela. Je suis entré dans des collectifs locaux comme Business Flou ou 1 cas pour 2 pour évoluer…
David Adelon un ami de mon quartier (La Balme) avait créé avec sa sœur Carole un label appelé B23 Production à Paris. Il m’a fait une proposition et en 2007, j’ai signé mon premier contrat.
Se sent-on plus valorisé quand on est signé ?
Bien sûr. Je n’avais plus qu’un job : écrire et enregistrer. Les photos et les interviews, c’était tout nouveau pour moi. On commençait à m’évoquer des projets de featuring avec Sefyu ou NTM !
J’enregistrais alors un street album éponyme intitulée « Gerry Madani », mais des tensions au sein du label se sont créées entre les patrons du B23. Sans doute pour des raisons financières…
Cela a affecté le reste de l’équipe. L’enregistrement s’achevait et le pressage des CD était en cours. Il ne restait plus qu’à mettre en place la communication.
Tout est tombé à l’eau et je me suis retrouvé avec cinq mille CD dont je ne savais que faire ! Je me suis mis à les distribuer gratuitement…
Cela m’a permis de comprendre les réalités du show-business.
Comment as-tu remonté la pente ?
Après une pause de 2008 à 2010, mon ami Baki-RS — aujourd’hui sous contrat avec Olympic Records — avait été enthousiasmé par mon street album. Il a tenté de me convaincre à un retour. Il a alors monté le groupe GBRS que je soutenais. Ils ont composé le titre « Villeurbanne Vaux » qui a fait près d’un million de vues avec moi et des artistes comme Cassus Belli ou Revolver pour ne citer qu’eux. La vidéo réalisée par Alexandre Kosmakis a été le premier « clip ghetto » à Lyon. Il a même provoqué les débats avec les Parisiens et les Marseillais. Après cet évènement, je suis reparti en studio et j’ai sorti les vidéos « Arrache toi » et « Virage Nord » en 2010.
Le Buzz booster, un premier pas vers la reconnaissance
Puis il y a eu l’arrivée du bébé : le studio Olympic Records…
Il fallait passer aux choses sérieuses et trouver un endroit où travailler. Celui d’Olympic Records (dans le 9ème arrondissement) s’appelait à l’origine TK1. Avant de l’acquérir avec mon manager et associé Ludovic Mehala, on y enregistrait déjà des featurings avec d’autres rappeurs lyonnais. Le propriétaire nous a fait une proposition et nous avons sauté sur l’occasion. À la fin des travaux, j’y faisais un morceau par jour avec mon Beatmaker pendant six mois. J’exprimais toute mon ancienne frustration au point d’en tomber malade (Rires). Après, j’ai dû changer ma perception de la productivité. Toutefois, Olympic Records n’est pas un aboutissement, c’est le commencement du début.
Tu es le porte-drapeau lyonnais en finale du Buzz booster. Quel est le concept de cet évènement ?
C’est un tremplin national lancé en 2007 à Lyon par l’Original et qui permet de mettre en lumière les meilleurs espoirs du hip-hop avec des jurys qui jugent les prestations des artistes (dix à quinze minutes). Ces derniers sont composés de journalistes, d’anciens rappeurs, de producteurs. Après des compétitions régionales, les vainqueurs se trouvent en finale nationale. Cette année ce sera donc à Marseille (L’Affranchi). Le champion a la possibilité de faire une tournée dans toute la France, d’être partout sur la toile et de bénéficier d’aides non négligeables pour sa communication. Mais au départ, cette compétition permet de faire le buzz.
Que t’inspires cette compétition ?
La responsable de la communication d’Olympic Records m’avait inscrit à mon insu. Ce genre de concours ne me parlait pas. Baki-RS y était allé deux ou trois fois. Je ne comprenais pas sa démarche. Pourtant, je suis allé voir des champions Rhône-Alpins comme Nanoo (2011) ou Yoko (2012). Je me suis quand même lancé dans les répétitions à une semaine des sessions régionales. J’ai emmené une équipe avec mon DJ et nous nous sommes rendus au Transbordeur le 25 octobre 2013 pour cette épreuve qui avait lieu en première partie du concert de Kaaris. Après avoir gagné, je trouve désormais ce concept révélateur et formateur.
La responsable de la communication d’Olympic Records m’avait inscrit à mon insu. Ce genre de concours ne me parlait pas. Baki-RS y était allé deux ou trois fois. Je ne comprenais pas sa démarche. Pourtant, je suis allé voir des champions Rhône-Alpins comme Nanoo (2011) ou Yoko (2012). Je me suis quand même lancé dans les répétitions à une semaine des sessions régionales. J’ai emmené une équipe avec mon DJ et nous nous sommes rendus au Transbordeur le 25 octobre 2013 pour cette épreuve qui avait lieu en première partie du concert de Kaaris. Après avoir gagné, je trouve désormais ce concept révélateur et formateur.
Jusqu’ici quels ont été tes principaux rivaux ?
Mon principal adversaire était le groupe Bad Scientifi’ X de Grenoble avec qui j’avais fait un clip. Au Buzz Booster, il y avait une bonne ambiance entre nous. C’était plus un challenge qu’autre chose. On ne se regardait pas de travers, loin de là ! C’est très fair-play malgré ce que les gens peuvent croire…
Marseille, l’autre terre promise du hip-hop
Le fait d’aller faire cette finale à Marseille — ville organisatrice pour la deuxième fois — peut apporter des connexions intéressantes !
C’est vrai. Il y a les artistes du label Def Jam (Psy4 de la Rime, IAM), Révolution urbaine, Jul ou REDK qui a participé à mon clip « La Marseillaise ». D’autant que la compétition sera parrainée par Rocca. Marseille, c’est la province qui a répondu historiquement à la capitale avec IAM. J’ai dit à mon manager que le fait d’aller là-bas va nous donner un véritable coup de pouce.
Tu passes Le 17 mai à l’Original au Transbordeur et c’est ta première…
C’est l’un des plus grands festivals européens, mais il n’y a jamais eu assez de Lyonnais sur scène. Je connais bien le Transbordeur : j’y ai fait des premières parties de La Fouine, Booba et donc Kaaris pour la compétition régionale du Buzz Booster. Il a fallu gagner pour que les organisateurs nous appellent.
Injustice ?
Oui et non : il y a quand même eu des artistes locaux et ils n’étaient pas sensés me connaître. C’est une injustice pour les nombreux MC lyonnais qui ont du talent et à qui on ne vient pas proposer d’y participer. On commence pourtant à ressentir une pulsion à Lyon. Au moment de créer le studio, je me suis dit que quelque chose allait se passer ici.
Mon album parlera d’abord de moi
Parle-nous de tes projets…
Mon EP « Coup d’envoi », qui sortira en juin, fait suite à mon album seize titres « Ma part du butin » en fin d’année. Ce sera mon bébé. Celui que l’on peaufine ou teste le plus. Dans l’album, je parle de mon univers dans la continuité de mes street clips (7 épisodes) que l’on peut visionner sur YouTube. Une présentation biographique chantée et rappée. On veut proposer au public un panel de ce qui se fait aujourd’hui dans le rap tout en gardant la thématique de ma vie. À Olympic Records, on évite les titres où l’on se plaint. J’ai choisi le titre « Ma part du butin », car il y a un gâteau où ce sont toujours les mêmes qui se régalent et je viens chercher ce qui me revient. Après il y aura un autre projet « Mi-temps » pour rester dans l’actualité avant d’arriver vers la date fatidique de l’album.
Quels sont tes souhaits pour l’avenir ?
J’espère contribuer à sortir Lyon de l’ombre et faire en sorte que les talents lyonnais puissent émerger. Ouvrir des portes et lancer des talents, ce sera mon combat. Je ne conçois pas que l’on reste sans meneur. Même au Havre, il y a Médine. Chez nous, Cassus Belli n’a pas été soutenu comme il aurait dû l’être. C’est une question de mentalité…
