»Free Landz » et »Lyon Bondy Blog » ont souhaité assister aux vœux du Président de la République le 19 janvier, un simple article à rédiger, qui s’est avéré plus compliqué que prévu…
Les « bons » journalistes et les « mauvais » journalistes
Pour les politiques, c’est la même chose : il y a ceux qui sont ouverts à tout le monde et qui vont à la rencontre des gens. Ceux qui acceptent tous les journalistes mais dont le déplacement répond à un déroulement bien précis et déterminé à l’avance, et enfin ceux qui opèrent entre les « bons » journalistes et les « mauvais » journalistes.
« Carte de presse obligatoire »
Free-Landz, depuis plusieurs mois, fait partie des (nombreux) médias sollicités chaque jour ou presque par la Préfecture concernant le déplacement d’une personnalité, ou pour l’envoi d’un communiqué de presse. Jusqu’à présent, notre webzine s’est rendu à deux de ces déplacements : Roselyne Bachelot-Narquin ce lundi et Claude Guéant en décembre dernier. Dans cette continuité, nous avons demandé à ce que nous puissions être accrédité pour le déplacement de Nicolas Sarkozy à Lyon pour ses vœux aux forces économiques jeudi 19 janvier. Si, lundi, la Préfecture n’était pas réticente à accueillir toute la presse (carte de presse ou non), mardi soir, le communiqué tombe et l’Élysée impose ses conditions : « Carte de presse obligatoire ». Quelques coups de fil auprès du bureau de la communication interministérielle de la Préfecture plus tard, la réponse est simple : c’est niet !
Pour B. Hortefeux et C. Guéant, tous deux ministres de l’Intérieur, il n’y a pas eu de restrictions, ni de directives particulières (Hortefeux demandait néanmoins l’envoi au préalable du n° de la carte de presse ou de la carte d’identité). Mais, pour le Président, le raisonnement est totalement binaire : il y a les « bons » journalistes (encartés) d’un côté et les « mauvais » (non-encartés) de l’autre. Rappelons que l’obtention de ladite carte ne se fait pas en fonction de la qualité du travail réalisé, mais en fonction du salaire du journaliste, qui doit en tirer au moins 50% de ses revenus (difficile en ces temps de crise des médias).
Un déplacement complètement cadenassé
Au final, on en arrive à un déplacement complètement cadenassé : pool image (1) pour la visite d’usine, cartes de presse pour la conférence et militants UMP pour les applaudissements (comme l’a souvent montré le Petit Journal de Canal +) où, pour avoir droit de citer, il faut être encarté (donc être salarié d’un média). Comment assurer réellement une analyse critique de cet événement quand la majorité des médias présents est tributaire d’un pouvoir, qu’il soit économique ou politique (service public) ? À un moment aussi important que la précampagne présidentielle, ce verrouillage n’est-il pas un signe que la presse dans notre démocratie n’est libre qu’en apparence et sur des sujets décidés dans les hautes instances ?
Alors, certes, Free-Landz est jeune, certes, Free-Landz n’a pas connu d’autres présidents que l’actuel, mais Free-Landz se demande : pourquoi cette différenciation ? Dans quel but ? Questionné, le bureau de la communication de la Préfecture n’avait pas de réponse. C’est comme ça !
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(1) Un « pool image » est un petit groupe de reporters télé et de photographes choisis pour redistribuer les images et les photos à l’ensemble des médias après la visite. Inutile de préciser que cela est l’exact opposé de la liberté d’expression protégée par l’Article 10 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme, et qui englobe la liberté de la presse.
Source : FreeLandz