Retrouvez la partie 1 ici.
Aujourd’hui, Givors a des conseils dans 9 quartiers différents et il y avait 6 permanences citoyennes, est-ce que la démocratie participative caractérise Givors selon vous ?
Lorsque je faisais partie d’un des bureaux et d’un des comités de quartier, on s’est rendu compte que les personnes qui tenaient ces comités appartenaient à la mairie. Ils faisaient du clientélisme pur. C’est-à-dire que si l’on votait pour la mairie on était écoutés et si on n’était pas d’accord avec eux, on n’était pas écoutés. L’esprit démocratique n’était pas vraiment en place. De plus, l’idée d’avoir des colistiers sur différents quartiers était justement pour qu’on puisse avoir des oreilles sur les quartiers et réagir vite. Il faudra bien évidemment faire participer la population parce qu’on ne peut pas avoir la science infuse, on ne peut pas tout savoir et on a besoin des habitants. Ma campagne, aujourd’hui, je la fais en porte à porte. Le programme que j’ai créé, c’est suite aux portes à portes, en écoutant les Givordins : ce qui ne va pas à Givors, quels sont les 10 points clés qu’il faudrait améliorer. Je me suis nourri de leurs remarques pour créer mon programme.
Pourtant, lors des élections municipales de 2020, il y a eu 70 % d’abstention. Comment vous expliquez ça ? Comment donner envie aux gens de s’intéresser à la politique et de s’impliquer ?
Il y a eu deux choses : le Covid et 63 ans de communisme à Givors. Les gens étaient écrasés ; on le voyait dans toutes les manifestations associatives où une grosse majorité d’associations étaient subventionnées par la ville. Pour mon association de protection de la nature, on demandait d’avoir des subventions, ne serait-ce que pour offrir aux scouts un repas à midi parce qu’ils venaient nous aider, mais c’était refusé par l’ancienne majorité. Il n’y avait rien qui changeait, les rodéos sauvages par exemple. Quand bien même il y avait une police municipale, celle-ci ne faisait rien. On paupérisait la ville, on faisait du clientélisme et on n’avait pas envie clairement de changer l’image de Givors. Il faut absolument que Givors revienne aux mains de tous les Givordins, que les habitants soient écoutés et participent.
On compte donc près de 20 100 habitants à Givors, quels sont les moyens que vous voulez mettre en œuvre pour construire plus de logements ?
Est-ce qu’on a vocation à devenir une ville de 25-30 000 habitants ou est-ce qu’on a intérêt à rester dans les 20 000 habitants ? Ce seront les Givordins qui décideront. On n’a pas des terrains qui sont extensibles non plus, même si on dispose encore de beaucoup de fonciers. Ma réflexion va être sur les logements sociaux ; aujourd’hui à Givors on est à plus de 46 % de logements sociaux. On parlait de la taxe foncière : seuls 24 % des Givordins la payent. À mon avis, il y a un rééquilibrage à trouver. On a beaucoup de logements sociaux qui pourraient être rachetés par la population pour que les habitants deviennent propriétaires de leur habitation et qu’ils puissent transmettre un patrimoine à leurs enfants. Aujourd’hui, l’État a mis beaucoup de phénomènes en place pour aider à acheter : les prêts à taux 0, les primo-accédants. Actuellement, les taux n’ont jamais été aussi bas et je pense que pour les locataires, ce serait vraiment une opportunité.
Quels moyens comptez-vous mettre en place pour favoriser le développement de la mixité sociale ?
La mixité sociale, bien entendu, mais avec tous. Il faut faire avec tous les habitants. Je connais très bien les quartiers populaires puisque j’y ai vécu et on a la chance d’avoir des logements décents, bien équipés, avec des interphones et des chaudières à bois. On a quand même des quartiers qui pourraient être attractifs si on enlève ces incivilités, et qu’on leur apporte de l’importance, ce qui n’a pas été fait aujourd’hui. Il faut s’en occuper.
On parlait précédemment de transport notamment avec le TER, qu’allez-vous mettre en place avec la région ?
Au niveau du TER, il faudrait un meilleur cadencement de la circulation des trains, parce qu’un train toutes les 20 minutes pendant les horaires de pointe, ce n’est pas possible ! Il faut que le TER devienne un RER. Sinon, on n’a pas de souci de mobilité, on est très bien desservis avec de nombreuses routes. Le seul point noir, ce sont les bouchons au point de l’autoroute de Givors le matin parce que justement on baisse les vitesses sur la Métropole, on réduit les accès. On a également des cars du Rhône, des TCL.
Le chômage est en augmentation depuis 2008. Que voulez-vous faire pour développer l’emploi ?
Le taux de chômage à Givors est assez sidérant, on doit être à 28 %. On est au triple de la moyenne nationale. Il va falloir vraiment accompagner aussi bien les jeunes que les moins jeunes. La réhabilitation des friches sera une solution. Et par la suite, il faut absolument qu’on trouve des partenariats avec les entreprises. J’insiste sur le fait que l’apprentissage permet de développer les chances pour un jeune de s’insérer dans la vie économique, idée que j’avais défendu lors d’un conseil municipal et j’étais un des seuls conseillers municipaux à en parler. Pour le développer, il faut créer des relations avec les entreprises, ce qui n’a jamais été fait jusqu’à aujourd’hui. On a deux associations givordines qui regroupent des entreprises, avec qui il serait bon de travailler pour privilégier nos jeunes et moins jeunes dans les entreprises. Ça va passer aussi par le marché public.
Qu’est-ce que vous comptez faire plus largement en termes d’insertion ?
L’insertion passe déjà par la volonté ; c’est-à-dire qu’aujourd’hui, beaucoup de personnes sont désespérées parce qu’elles sont en marge de la société depuis longtemps. Il va falloir les intégrer dans les dispositifs pour les motiver à adhérer à ce programme. Nous avons de nombreuses associations pour intégrer les personnes, pour leur redonner du lien social et aussi plusieurs formations.
Vous êtes président d’une association de préservation de la nature. Quelles mesures souhaitez-vous prendre pour améliorer les conditions environnementales en tant que maire ?
La propreté est l’affaire des humains, mais l’environnement concerne aussi les animaux et la faune. Il va falloir concilier les deux. Aujourd’hui, la problématique est qu’on a une autoroute qui coupe les deux Coteaux de Montrond et du Pilat et que la faune se retrouve coincée entre ces deux monts. Je veux donc qu’on fasse un corridor biologique qui permette aux animaux sauvages de traverser les deux monts, en collaboration avec la Région. Il va passer soit sous l’autoroute, soit au-dessus. Il faut aussi lutter contre la surpopulation des chats. Les chats tuent par plaisir et on voit de moins en moins de passereaux ou d’autres oiseaux dans notre ville. La solution serait de les stériliser.
En termes de propreté, il faut assurer le cadre de vie des Givordins, notamment grâce à la vidéo protection, la police municipale et aux équipes de la voirie. Quand on voit des déchetteries sauvages, on devrait mettre en place la tolérance 0. Je prends l’exemple des berges du Rhône et les berges du Giers, le fleuve et la rivière qui traversent notre ville, où on avait sorti, je crois, près de 150 tonnes de déchets. On avait laissé pourrir la situation. Au niveau des Vernes, c’est pareil. On retrouve des fauteuils, des machines à laver. Je comprends que les gens n’aient pas de moyens de locomotion, mais à ce moment-là, ils font une demande en mairie pour qu’on vienne récupérer leurs encombrants. Par contre, la personne qui n’a pas cette difficulté, parce qu’on a tout de même des déchetteries à Givors, et qu’il ne le fait pas, il faudra que la police municipale fasse son travail.
On a également des systèmes de concours « Ville fleurie ». Pour le dernier mandat, il y a eu vraiment un échec de communication avec l’ancien maire et les équipes, parce que beaucoup sont en arrêt maladie, beaucoup ont démissionné. On avait pourtant de supers équipes au niveau des espaces verts, un bon équipement, une pépinière. Nous avons vraiment les moyens de rendre la ville agréable.
Comment on fait pour travailler avec les associations, notamment pour les jeunes ?
Givors est vraiment doté de beaux équipements sportifs et associatifs. Au niveau de la MJC, on peut faire de la plongée, de la peinture. On a les structures sportives d’une ville digne de 40 000 habitants ; c’est-à-dire qu’aujourd’hui vous pouvez faire n’importe quel sport, du tir sportif, du foot, du rugby, du tir à l’arc. Nous avons aussi les joutes givordines, avec une équipe qui a fini 2ᵉ à la dernière compétition France. Ce sont des sports qui rassemblent tout le monde et qui créent du lien social. On a même quelques handisports, même s’il faudrait en développer plus. Il faudrait plus exploiter ces structures sportives et plus communiquer sur les manifestations sportives pour attirer les jeunes. Ensuite, il faut vraiment associer tous les clubs et faire un calendrier des sports. J’ai décidé dans mon programme de proposer une base nautique à Givors, ça ne va pas coûter des millions car on a déjà l’équipement : le fleuve Rhône, la rivière Giers et la halte fluviale.
J’ai aussi lancé l’esprit patriote avec un label patriote pour nos jeunes Givordins. Ceux qui vont s’engager dans des associations qui aiment la France, qui aiment le vivre à la française seront reconnus. On va les aider à passer le permis de conduire, on va leur créer justement ce label qu’ils pourront mettre sur leur CV pour montrer qu’ils ont rendu service à des associations, comme le secours populaire. On va les mettre en avant ces jeunes-là. Après, chaque association à vocation sociale sera bien entendu aidée et comprise dans le budget.
On parlait de MJC, mais il y a également un théâtre et un pôle culturel à Givors. Est-ce que vous avez le sentiment que Givors laisse assez de place à la culture ?
Au niveau budget, la culture est représentative au même titre que les associations sportives. Dans mes colistières, j’ai une artiste peintre qui va m’apporter beaucoup d’idées là-dessus. J’ai assisté à de nombreux concerts au moulin Madiba, à la MJC. Malheureusement avec le Covid-19, la plupart des associations ont été en stand-by. Il va falloir vraiment les aider à redémarrer, et se mettre autour d’une table pour voir leur besoin financier.
Il y a une maison de santé à Givors et un centre hospitalier pour 20 100 habitants. Est-ce que selon vous tout est mis en œuvre à Givors pour donner accès aux soins ?
Comme dans beaucoup de villes de France, la santé est vraiment en danger. On manque cruellement de médecins, de spécialistes. Pourquoi en périphérie, dans les autres villes, on arrive à recruter des médecins et pourquoi on n’arrive pas à le faire à Givors ? C’est vraiment le dilemme. Il va falloir régler ce problème-là. Je pense que la mauvaise image de Givors fait que les médecins n’ont pas envie de s’installer dans cette ville. Il faudra vraiment renforcer les aides à l’installation, leur trouver des locaux, créer des maisons pluridisciplinaires. Il y a un projet de maison de santé qui a été amorcé, je le soutiendrais. Dans mon programme, je veux absolument que le site de Bertholon-Mourier serve comme maison des seniors. C’est un beau projet, on a plus de 12 hectares de fonciers sur place.
On n’a pas non plus eu de centre de vaccination de masse à Givors et le taux de vaccination est relativement bas par rapport à la moyenne nationale. Beaucoup de personnes ont refusé de se faire vacciner, soit pour des raisons idéologiques, soit dû à un manque de communication. J’espère pouvoir inciter les Givordins à se faire vacciner par des campagnes de sensibilisation, de communication, des affichages, des panneaux lumineux.