À près d’une semaine du premier tour des présidentielles, Fabien Roussel s’est rendu à Villeurbanne samedi 2 avril pour rassembler davantage la gauche, comme il l’explique, et mobiliser plus d’électeurs, communistes ou non.
Ce samedi 2 avril, Fabien Roussel, candidat du parti communiste, présentait son meeting au Double mixte, à Villeurbanne. À huit jours du premier tour des élections présidentielles, ce rassemblement, retransmis en direct à la télévision, avait pour but d’unir la gauche et de parler à ceux qui ne savaient « pas encore pour qui voter ».
Il est 14h40, quand le pré-meeting (la prise de parole des soutiens) commence. Alors qu’il neige ce jour-là, les participants sont tout de même au rendez-vous, puisque les présentateurs annoncent plus de 3 500 personnes présentes dans la salle. Ils en profitent d’ailleurs pour remercier le service public, qui s’occupe de déneiger dehors.
Des soutiens communistes mais pas que
En soutien au candidat, Charles Fiterman, ancien ministre des Transports (1981-1984) était présent au meeting comme plusieurs élus. En effet, le pré-meeting débute avec le discours de Raphaël Debû, conseiller métropolitain de Lyon et responsable départemental du parti communiste. Il qualifie la France des jours heureux de « gauche de lutte, de victoire, de combats émancipateurs, de progrès, de sciences, culture ». « Votez Fabien Roussel, c’est non seulement utile, mais c’est absolument nécessaire ! », conclut-il. Cécile Cukierman, sénatrice de la Loire et conseillère régionale AuRA, prend ensuite la parole. Certains soutiens témoignent ensuite leur collaboration en vidéo : Nicolas Foricier, lanceur d’alerte et gaulliste social (centre droit), propose de recréer le CNR, le conseil national de la résistance, quand le parti suisse du travail exprime leur volonté de travailler avec le parti communiste.
« La candidature de Fabien Roussel est évidemment portée par le parti communiste mais elle est aussi portée par d’autres forces politiques », explique le présentateur. Le mouvement républicain et citoyen, les radicaux de gauche, la gauche républicaine et socialiste soutiennent également le communiste, avec chacun un représentant présent pour monter sur scène. « Nous ne sommes pas communistes mais nous sommes là, […] parce que le projet va à l’essentiel par exemple sur la souveraineté économique, énergétique, alimentaire », confie Emmanuel Maurel de la gauche républicaine et socialiste, acclamé par le public. Avant de laisser la place au candidat tant attendu, Bernard Thibault, ancien patron de la CGT, appelle les participants en vidéo à voter pour Fabien Roussel. C’est à 15h15 qu’arrive enfin Fabien Roussel, clamant d’entrée de jeu au public : « Merci à vous toutes et tous d’être là, […] dans la diversité de vos opinions ».
Un sujet qui les unit : la lutte contre l’évasion et la fraude fiscale
Le fil conducteur du discours du candidat était la lutte contre l’évasion et la fraude fiscale. La veille, Fabien Roussel et les militants de la France des jours heureux sont même allés jusqu’à se rassembler devant l’Autorité des marchés financier sur la place de Bourse à Paris pour dénoncer les dérives fiscales. Aujourd’hui, présent à Villeurbanne, il interpelle les participants sur ce sujet et critique « la loi du capital » : « Avec eux tout est légal ; permettre aux milliardaires d’échapper à l’impôt grâce à l’optimisation fiscale, c’est légal. C’est immoral, mais c’est légal ! » Il évoque alors le cabinet de conseil McKinsey, « qui ne paie pas d’impôt » car son siège français est délocalisé et qui est « proche du président de la République, candidat actuel et qui avait été au service de sa campagne avant 2017 ». Le candidat communiste appuie que « la République française ce n’est pas ça : c’est celle qui garantit l’égalité devant l’impôt. ». En réaction à « cette délinquance en col blanc », il affirme qu’il s’attaquera à « ces fraudeurs fiscaux qui nous prennent jusqu’à 100 milliards d’euros à la France tous les ans ». Une somme que Fabien Roussel souhaiterait réinjecter plutôt dans l’éducation nationale pour doubler le budget et rendre le pouvoir d’achat aux Français en supprimant la CSG (Contribution sociale généralisée) sur les salaires et les retraites. « Quand on est Français, on est fiers de payer ses impôts en France », clame-t-il, suivi par le public. Pour répondre à cela, il explique vouloir mettre le prélèvement à la source des bénéfices des multinationales et établir une liste des paradis fiscaux pour « traquer les évadés fiscaux ». Il parle même de créer un ministère dédié à la lutte contre la fraude fiscale.
Il remercie également les lanceurs d’alerte, qui ont notamment fait révéler l’évasion fiscale de la banque suisse, et souhaitent travailler avec eux. Sous un tonnerre d’applaudissements et des participants qui scandent « Fabien président », le candidat ne peut s’empêcher quelques blagues et un ton critique à l’égard du gouvernement actuel. Il poursuit ; il veut remettre la retraite à 60 ans, ce qui coûterait 27 milliards d’euros, argent qu’il récupérerait dans les 100 milliards d’euros. Fabien Roussel accuse aussi les « traités européens d’organiser l’optimisation fiscale, la concurrence entre les ouvriers et entre les états » et souhaite en écrire de nouveaux, en mettant à l’ordre du jour du conseil européen « l’harmonisation fiscale ». « La transparence des banques dans l’union européen doit être totale », précise-t-il avant de rajouter : « J’irais chercher cet argent avec les dents s’il le faut pour vous le rendre ».
Un « vote efficace » pour le premier tour
« Donnez de la force à ces idées, à ces propositions, à cette France des jours heureux », invite Fabien Roussel. « Ce que nous voulons c’est justice, égalité, progrès pour toutes, pour tous, pour vous », s’exclame le candidat communiste, avant de s’adresser aux ouvriers, aux ingénieurs, aux agriculteurs, aux artisans et aux commerçants : « Vous êtes la richesse de la France et nous avons tellement besoin de vous ! » Il évoque également les étudiants ; il veut créer une allocation étudiant, pour que les jeunes ne soient pas obligé de travailler à côté de leurs études et mettre fin à Parcoursup. Pour finir, il s’exprime sur les retraités : « Les plus de 60 ans, 65 ans, 70 ans, 75 ans, je pense à vous et à tous les plaisirs auxquels vous avez droit », faisant référence à leur pension, qu’il veut établir à 1 200 euros net minimum. Quant au SMIC, il souhaite le monter à 1 923 euros brut, soit 1 500 euros net, sans supprimer les cotisations sociales.
« Reconstruire la France des jours heureux : c’est plus qu’un programme, c’est un projet de société », promet-il avant de parler de l’importance du vote du 10 avril. Il appelle enfin le public et ceux qui regardent le meeting à la télévision à voter « efficace », alors qu’il reste « 8 derniers jours déterminants ». « Notre France à nous, c’est la France heureuse », conclut-il.