Olivier Faure maintient sa place à la barre du Parti socialiste. Ce jeudi 5 juin, les militants du Parti socialiste ont été appelés aux urnes du congrès de Nancy pour élire leur nouveau premier secrétaire.
Les résultats sont arrivés tôt ce matin et ils sont aussi serrés que votre café : le secrétaire sortant, Olivier Faure, l’emporte avec exactement 50,9 % des voix. Une victoire à l’arrachée qui confirme son maintien à la tête du parti, dans un climat de tensions internes et de recomposition profonde à gauche.
Une élection disputée jusqu’au bout
Dans un Parti socialiste encore fragilisé par les revers électoraux, l’élection du premier secrétaire s’est jouée au millimètre. Les résultats du premier tour avaient déjà donné un avant-goût du duel final. Boris Vallaud, président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, avait été éliminé avec 17,41 % des voix. Ce dernier a exprimé à titre personnel qu’il voterait pour Olivier Faure, ne donnant aucune consigne formelle à ses électeurs, ce qui, jusqu’à présent, laissait planer le doute du côté de la place Stanislas à Nancy. Ce léger coup de pouce a sans doute suffi à faire pencher la balance, tant les résultats sont proches entre Faure et son adversaire Nicolas Mayer-Rossignol.

Pour voter à ces élections internes, il faut faire partie des environ 39 000 militants à jour de cotisation.Ces militants, souvent très engagés localement, sont à la fois la mémoire et les forces encore vives du parti. Leurs rangs ont été progressivement désertés au fil des années. En effet, en 2007, le PS comptait plus de 200 000 adhérents : le sommet historique avant la chute. Une hémorragie militante entamée avec le quinquennat Hollande, miné par les divisions internes et les choix impopulaires (loi Travail, déchéance de nationalité…), puis accentuée par l’irruption d’Emmanuel Macron, qui a siphonné dès 2017 une grande partie de l’électorat et des cadres socialistes.
Les revers électoraux qui ont suivi n’ont fait qu’aggraver la situation : en 2017, le PS tombe à 30 députés. En 2022, même dans le cadre de la NUPES , le groupe socialiste mené par Olivier Faure plafonne à 31 élus. Le PS, longtemps hégémonique à gauche, doit désormais composer avec une gauche éclatée. La création de la NUPES puis de la NFP a ravivé les lignes de fracture entre ceux qui prônent une alliance stratégique avec La France insoumise, et ceux qui veulent maintenir une identité socialiste autonome, plus sociale-démocrate.
En 2024, le PS revendique environ 50 000 adhérents, avec une participation de 39 000 militants au congrès de Nancy: Une remontée significative du nombre d’adhérents, notamment grâce à une stratégie d’ouverture et à des scores plus élevés lors de l’élection européenne du 9 juin 2024, qui avait amené le PS en premier parti de gauche français avec 4 points de pourcentage de plus que la France insoumise
Faure contre Mayer-Rossignol : deux lignes, deux gauches
Le dénouement final, bien que serré, apparaît presque logique. Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen et président de région, incarne l’aile sociale-démocrate du parti. Il défend des alliances avec les forces modérées de gauche, comme Place publique de Raphaël Glucksmann. De l’autre, Olivier Faure, premier secrétaire depuis 2018 et député, assume une ligne d’union de la gauche, avec la NUPES puis la NFP, tout en maintenant ces derniers mois, une prise de distance avec LFI. Faure, malgré les critiques, est parvenu à maintenir la barque socialiste à flot. Sa réélection le place en position de force pour préparer les élections cruciales à venir, notamment les municipales de 2026 et la présidentielle de 2027.

Sur le territoire Auvergnat, la relation entre Cédric Van Styvendael, maire PS de Villeurbanne, et Hélène Geoffroy, maire PS de Vaulx-en-Velin, illustre bien ces différentes idéologies. Tous deux socialistes, ils incarnent des visions divergentes : Geoffroy, critique de la direction nationale, défend une ligne plus ferme sur les questions républicaines et sécuritaires, elle apparaît alors comme un soutien à Mayer-Rossignol. Van Styvendael, lui, reste attaché à une logique de coalition avec les forces de gauche, y compris LFI. Ces divergences risquent d’être mises en lumière à l’approche des municipales de 2026.
La métropole Lyonnaise : les élections européennes ont ravivés les tensions au sein de la gauche
Depuis le trouble causé par les élections européennes de 2025,en Auvergne Rhône-Alpes, et plus particulièrement dans notre métropole lyonnaise, les tensions entre socialistes et insoumis persistent. La liste PS menée par Raphaël Glucksmann a récolté 13,8 % des voix, contre 9,9 % pour LFI avec Manon Aubry. Un résultat qui, sans être écrasant, a renversé le rapport de force symbolique à gauche : le PS, vu comme un parti en chute libre il y a encore quelques années, est repassé devant LFI. Il redevient alors la première force électorale du bloc de gauche. Une évolution que Jean-Luc Mélenchon voit d’un mauvais œil. Il doit désormais composer avec un PS plus autonome et donc moins contrôlable. La construction d’un “front populaire” ne sera plus dictée par LFI seule.
En 2024, Jean-Paul Bret, ancien maire PS de Villeurbanne, était sorti de sa retraite pour affronter Gabriel Amard (LFI) aux législatives. Il se posait alors en défenseur « d’une gauche responsable », dénonçant la ligne clivante de Jean-Luc Mélenchon, dont Amard, ressorti vainqueur, se trouve être le gendre. Depuis, le loup est entré dans la bergerie. LFI semble préparer une liste autonome à Villeurbanne pour les municipales de 2026. Le maire PS sortant, Cédric Van Styvendael, pourtant soutenu par des élus insoumis dans sa majorité, se voit d’ores et déjà visé.
Jean-Luc Mélenchon, qui a quitté le PS en 2008, ne cache plus son hostilité à son ancienne maison. « J’ai dû payer Glucksmann de 100 circonscriptions pour que les socialistes acceptent de signer une fois de plus un accord. » Le message est clair : l’alliance avec le PS n’est pas désirée. Dans ce contexte, Olivier Faure tente de maintenir l’unité en jouant la carte de l’apaisement et du compromis.
Article signé Jade DUPOND.