À l’approche de l’élection présidentielle 2022, le Lyon Bondy Blog a décidé d’aller à la rencontre de jeunes militants des différents partis politiques. Pour notre onzième portrait, nous avons interrogé Pauline Husseini, jeune militante du parti Lutte Ouvrière.
Longtemps sans attache politique, Pauline Husseini milite aujourd’hui à 29 ans pour Lutte ouvrière, en parallèle de son travail d’informaticienne dans une boite qui vend des respirateurs. Mais ça n’a pas toujours été le cas : avant de s’engager, elle votait blanc et s’intéressait peu à la politique. Pourtant, elle nous explique avoir toujours été révoltée par la société dans laquelle elle vivait, venant en aide à ceux qui en avait besoin par des actions humanitaires ou du bénévolat.
La rencontre avec le parti
Originaire de Colmar, Pauline a grandi en Alsace avec des parents très peu politisés, qui parlaient de l’actualité sans l’associer à des partis politiques ou des programmes en particulier. Elle a fait ses études d’informatique à Strasbourg puis à Paris. Ensuite, elle s’est installée à Lyon pour son premier travail en 2015, alors qu’elle avait 22 ans. Deux ans plus tard, lors de la campagne présidentielle, la jeune femme fait la connaissance « de camarades » de Lutte Ouvrière. « Ils étaient devant une fac où je bossais. Ils m’ont interpellé en me demandant ce que je pensais de ce qu’il se passe dans le monde », nous confie-t-elle.
Une rencontre qui l’a marquée puisque c’est à partir de ce moment-là qu’elle choisi de s’engager et surtout, de voter pour un parti pour la première fois de sa vie. « J’étais très fière de le faire ; ça m’a convaincu ! » Tout est allé vite, raconte-t-elle : elle participait aux cortèges, reprenait leur slogan… Même si Pauline n’était peut-être pas persuadée par toutes les propositions lorsqu’elle a voté, elle se disait : « Il faut dire quelques chose dans cette société, parce qu’en votant blanc je ne montrais rien de très explicite, alors qu’en votant Lutte ouvrière je signifiais explicitement que j’étais pour la révolution et foutre en l’air le capitalisme. » Elle était aussi contente de rencontrer d’autres révoltés et de voir que derrière le parti, il y avait des idées solides. « Ça m’a donné des armes pour se battre ». Elle précise qu’elle est également allée voir d’autres groupes politiques et qu’elle a discuté avec d’autres militants pour voir quel mouvement lui allait le mieux.
« Je milite un peu tout le temps »
Aujourd’hui, la politique est « un peu toute [sa] vie », rigole-t-elle avec un fond de vérité. En réalité, Pauline ne fait pas de séparation entre sa vie de militante et le reste : « Je milite un peu tout le temps. Même au travail, je ne cache pas que je milite et que je suis engagée à lutte ouvrière, je discute de l’actualité ». Dès le matin, lorsqu’elle va travailler, sa préoccupation est de trouver une manière de changer cette société. Pour la militante, cela passe par la construction d’un parti des travailleurs et par la compréhension des rapports de force actuels. Elle souhaite « comprendre pourquoi en ce moment, ça pète. ». Elle se demande également si à l’image de la guerre en Ukraine, « ça peut péter aussi en France ».
Elle porte une attention tout particulière à l’actualité, qu’elle suit quotidiennement à la télé, à la radio ou sur papier. Son constat est alarmant : le monde est chaotique et va de plus en plus vers la barbarie. « Aujourd’hui, on pourrait donner à manger à tout le monde et toutes les 10 secondes, il y a quelqu’un qui crève de faim. C’est quand même dingue ! » Elle ne peut pas concevoir qu’on puisse rester la conscience tranquille et les « bras ballants ». Mais l’objectif pour elle n’est pas de « briguer un mandat », ni d’« être gestionnaire de cette société », mais bien que ce soit les travailleurs qui prennent le pouvoir. « Être militante pour moi c’est se battre contre cette société au quotidien. »
« Il faudrait qu’on s’organise et se rassemble derrière un drapeau »
Pour se faire entendre, Pauline Husseini milite sur les marchés, fait du porte à porte, participe aux grèves ou encore réalise des campagnes d’affichage, notamment pour les élections présidentielles. « J’aimerais que nous les travailleurs, on arrête de se faire tout petit parce qu’on fait tout tourner dans cette société. Il faudrait qu’on s’organise et se rassemble derrière un drapeau. » Elle avoue a demi-mot que le parti ne vise pas tellement « le fauteuil » présidentiel ; impossible selon elle, d’améliorer « cette société capitaliste ».
Le but est bel et bien de combattre, de lutter contre le système actuel, sans « programme de gouvernance » et « sans réforme ». Des idées qu’on peut défendre à tout âge, soutient la jeune militante, « qu’on ait 80 ans ou 20 ans ». Pour elle, c’’est d’ailleurs très important et très riche de militer avec des camarades de tous les âges, qui n’ont pas les mêmes expériences de vie. Au même moment, elle est interpellée par des jeunes militants Lutte Ouvrière qui donnent des tracts dans la rue, puis finit par dire : « J’espère, pourquoi pas, d’ici 10 ans, voir la révolution ».