Au meeting de soutien d’Emmanuel Macron, les partisans rejouent la musique du progressisme contre l’extrême droite

A quelques jours du 1er tour de l’élection présidentielle, un meeting de soutien au président sortant s’est tenu à Croix-Rousse. Christophe Castaner, Marisol Touraine, Agnès Panier-Runacher et Patrick Mignola se sont succédés à la tribune pour conjurer le sort des derniers sondages.

Alors que l’hypothèse d’une victoire de Marine Le Pen au second tour devient crédible, les soutiens d’Emmanuel Macron ont jugé bon de tenir un meeting dans la ville berceau de La République En Marche (LREM). Environ 400 militants, dont plusieurs dizaines de Jeunes avec Macron et nombre de députés LREM du Rhône, étaient présents dans la salle de La Ficelle à Croix-Rousse pour applaudir Christophe Castaner, Marisol Touraine, Agnès Panier-Runacher et Patrick Mignola. Leurs discours se situent dans la continuité du meeting de La Défense, qui avait réuni 30 000 militants le 2 avril dernier.

Derrière l’idée du « dépassement politique », l’interpellation des électeurs de gauche

Le slogan « ni de droite, ni de gauche », utilisé en 2017 pour caractériser LREM, est une ligne de force largement reprise lors du meeting, comme une réponse aux accusations de droitisation. Le mouvement serait débarrassé de toute idéologie : Christophe Castaner, venu du Parti Socialiste (PS), ministre de l’intérieur de 2018 à 2020 et aujourd’hui président du groupe LREM à l’Assemblée Nationale, parle de « dépassement politique ». Les orateurs ne se sont pas privés d’exploiter la présence d’élus venus de tous horizons pour l’illustrer.

Ils ont pu compter sur Patrick Mignola, député de Savoie et Président du groupe Modem à l’Assemblée Nationale, ou d’anciennes figures lyonnaises du PS comme David Kimelfeld, président de la métropole de Lyon de 2017 à 2020. Marisol Touraine, ministre de la Santé sous François Hollande, a pris soin de s’adresser aux électeurs de gauche de LREM: « Je suis une femme de gauche qui se revendique de gauche, social-démocrate, féministe convaincue ». A C.Castaner d’ajouter : « Je suis issu de cette gauche et attaché à ses valeurs ». La même stratégie avait été adoptée lors du meeting de la Défense le 2 avril dernier. Tous concourent à construire l’image d’un Emmanuel Macron comme figure du « rassemblement, de l’unité ».

Un étendard progressiste conjugué à des attaques contre l’extrême droite

Face aux sondages qui créditent désormais Marine Le Pen (MLP) de 47% des intentions de vote au second tour, les intervenants n’ont eu de cesse de marteler le « grand rabougrissement, le repli de la France sur elle-même » que promet une élection de l’extrême droite. Marisol Touraine a pris soin de lister les symboles qui font de la France une terre d’accueil et un État de droit impliqué dans la construction européenne, mais qui sont dénoncés par MLP : IVG, droit du sol, contribution au budget européen. Elle précise que son programme est « politiquement abject, mais aussi économiquement funeste », faisant référence à certaines mesures comme la nationalisation des autoroutes ou la suppression des impôts sur le revenu pour les moins de 30 ans. Tous les discours réservaient un moment pour rappeler que MLP est une « fidèle amie de Poutine ».

Cependant, les soutiens d’Emmanuel Macron sont conscients qu’agiter la menace de l’extrême droite n’est pas suffisant pour faire oublier que le président-candidat n’a pour ainsi dire pas fait campagne pour défendre son bilan. C’est C. Castaner qui s’est chargé de le défendre, tissant en filigrane l’idée d’un sacrifice héroïque : « Chaque heure utilisée pour la campagne était volée au combat qu’il menait pour tenter de rétablir la paix en Ukraine, sauver des hommes, des femmes, des enfants ». A lui de conclure : « Emmanuel Macron porte un projet clair, honnête, réaliste, quand MLP et Zemmour portent comme projet un passé fantasmé ».

Une volonté de mettre en valeur un bilan industriel

Agnès Panier-Runacher, ministre déléguée chargée de l’industrie, a incarné la dernière intervention consacrée aux réalisations économiques concrètes du quinquennat, dont la « reprise en main de la souveraineté industrielle ». Elle affirme qu’« il n’y a jamais eu autant de construction et d’extensions d’usines », tout en précisant que « la reconquête industrielle n’est ni rapide, ni facile ».

Chaque critique a obtenu sa réponse. Le Président se droitise ? « Des mesures de droite ont mené à des résultats de gauche, et des mesures de gauches à des résultats de droite ». Le président n’a pas fait campagne ? « Il essaie de trouver chemin d’un cessez le feu en Ukraine ». Le président méprise les Français ? « La guerre en Ukraine empêche de voir derrière le chef d’état, un homme emphatique proche de ses concitoyens ». Selon un sondage pour RTL, 4 français sur 10 sont encore indécis. Les soutiens d’E.M tentent de mobiliser les citoyens qui penseraient que sa victoire est jouée d’avance afin d’éviter la surprise d’une victoire de Marine Le Pen au second tour.

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