CovidAir : un dépistage par expiration en phase expérimentale

Les personnes venues se faire tester peuvent se faire dépister par le nouvel appareil CovidAir ; il suffit de souffler dans le tube. Crédit : Inès Pallot

Ce jeudi matin, la Région AuRA a présenté le projet CovidAir : un appareil capable de détecter la Covid-19 dans l’air expiré, à la manière d’un éthylotest. Retour sur un dispositif innovant.

Installé depuis mars dans le centre de dépistage et de vaccination du Palais des Sports de Gerland, le tout nouveau dispositif CovidAir « permet d’identifier et de quantifier les molécules gazeuses présentes dans un échantillon d’air, pour faire le diagnostic de l’infection par le SARS-CoV-2 », indiquent les scientifiques à l’origine du projet. Le travaux ont été pilotés par l’Institut des agents infectieux (IAI) des Hospices Civils de Lyon, et porté notamment par deux scientifiques : Christian George, directeur de recherche CNRS, responsable de l’équipe initiatrice du projet CovidAir et Alexandre Gaymard, virologue à l’IAI des HCL et investigateur principal de l’étude.

Christian George précise que les travaux ont « démarré il y a quelques mois. Actuellement, on est à plusieurs milliers de personnes inclus au long terme dans l’étude. On propose aux personnes venues pour se faire tester d’essayer le CovidAir et on leur explique le protocole. » L’utilisation est simple : il faut souffler dans un tube, et le résultat survient en quelques dizaines de secondes. « Dans quelques semaines, on verra la fiabilité sur la population générale et on saura si, in fine, on a un diagnostic instantané, poursuit le scientifique. Jusqu’à fin mai, on aura atteint le nombre de volontaires cibles. Initialement on visait 3 500 personnes ; aujourd’hui on essaye de monter à 4 500. Ensuite, on va traiter les informations, les données, on va comparer les résultats obtenus sur notre machine par rapport aux résultats des PCR. On saura à ce moment-là la fiabilité, courant du mois de juin. »

Des premiers essais fructueux à l’hôpital de la Croix-Rousse

À ce jour, les seules informations dont les HCL disposent sur la fiabilité de l’appareil sont celles obtenues en testant 150 personnes à l’hôpital de la Croix-Rousse. Le résultat provisoire : une efficacité qui s’élève à plus de 95 %. En effet, la machine avait été installée auparavant au sein de l’établissement dans les services dédiés aux patients atteint de la Covid, pour faire les premiers essais en 2020. Christian George explique : « L’idée a démarré il y a un an, avec l’aide de la région. On est spécialisé dans la qualité de l’air. On s’est dit qu’on pouvait appliquer cette technique de dépistage au virus de la Covid. L’idée de ce protocole est vraiment une analyse sur une durée d’une expiration, de quelques dizaines de secondes. »

Christian George, responsable de l’équipe initiatrice du projet CovidAir, a présenté le dispositif. Crédit : Inès Pallot

« Le protocole le plus avancé au monde »

Il y a plusieurs équipes dans le monde qui travaillent sur une analyse de l’air expiré. Le responsable du projet souligne que « c’est un démarrage un peu nouveau en termes de diagnostic lyonnais, et le protocole le plus avancé au monde ! Avec les instruments qu’on dispose ici, on a franchi un cap sur la reproductibilité, sur la précision de la mesure, sur le nombre d’informations collectées, puisqu’on est à plusieurs dizaines de milliers d’informations collectées par seconde par expiration. »

Seulement, Bruno Lina, virologue chercheur au centre international de recherche en Infectiologie de l’INSERM et membre de l’équipe CovidAir, préfère préciser que le projet est « encore dans une phase d’optimisation. On va peut-être pouvoir restreindre les paramètres étudiés pour terminer sur un petit nombre de produits. Dans cette phase de process, on affine l’outil, on l’améliore et potentiellement, on pourra réduire sa taille aussi. » Quant à l’application a plus grande échelle, elle dépendra des autorités sanitaires, indique Christian George. À terme, la machine pourrait permettre de tester rapidement et massivement.

Inès Pallot

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