Les trente-sept adolescents des associations Sport’A Vie et Club Rhône-Alpes Diversité vivent dans la sphère d’une coupe du monde à part qui se déroule dans le pays du futebol. Autour d’eux, des centaines de milliers de supporters présents dans la ville de Salvador de Bahia contribuent à animer l’ambiance festive et passionnelle. Ils donnent leur impression sur ces acteurs essentiels du football.
Une semaine après avoir survolé l’Atlantique et les fuseaux horaires, le lundi 9 juin dernier, le terme portugais « adeptos » a pris toute son ampleur pour les adolescents lyonnais, grenoblois et pierrefittois. Ceux qui apportent une part de leur culture ou de la langue de leur pays. Ils sont déjà là aux aéroports internationaux et à la cafétéria où l’on ne peut résister à l’envie de taquiner un trentenaire colombien bariolé du maillot jaune, bleu et rouge en haussant les épaules et en lâchant : « Ira sin Falcao ». Cinq minutes après, l’addition payée et souriant, il vient nous taper dans la main : pas de rancune. Six jours plus tard, la Colombie disposait de La Grèce (3-0) sans le tigre de l’AS Monaco, blessé lors d’un match en coupe de France face au club rhodanien du MDA Chasselay.
Les Brasileiros vont au bout de leur passion pour la Seleçao
Le jeudi 12 juin, jour de l’ouverture du mondial brésilien, les supporters ont fait honneur à la Seleçao devant les écrans géants des quartiers populaires de tout le pays. A tel point que le lendemain, à Pelourinho les services publics affectés à l’entretien des pavés se sont également montrés à la hauteur. L’apocalypse a finalement été balayée pendant la nuit par le soulagement de la victoire brésilienne sur les Croates (3-1). D’origine portugaise, Joao Timoteo (14 ans) évolue à l’AS Lyon La Duchère et vit à dans le neuvième arrondissement de Lyon. Il remarque :
« Les supporters brésiliens font beaucoup la fête. A Pelourinho, il y a énormément de décorations et d’ambiance. Les rues sont pleines du matin au soir. Tout le monde porte des maillots du Brésil même les sans-abris et il y en des millions qui sont vendus tous les jours. J’en ai même acheté un sur place pour 70 reales (23 euros). Qu’ils soient vrais ou faux, ça n’a pas d’importance. Ce qui compte, c’est la passion. Le fait que tout le monde en a rassemble les gens. »
La place Terreiro dei Jesus surplombe le grand quartier populaire classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Depuis une terrasse de café, on assiste à des démonstrations de capoeira. C’est ici que l’on a compris que les supporters hollandais avaient envahi la ville bien avant le choc de vendredi dernier contre l’Espagne (victoire 5-1 des Bataves). Journalistes, caméras, photographes : ils attiraient l’attention. Dans les rues, on pouvait assister à d’impressionnantes processions. Un carnaval de Rio avec des cars, des maillots, des klaxons, des voitures bariolées et des gens de toutes générations maquillées. Direction l’Arena Fonte Stadium de Salvador de Bahia. Voir son déjeuner au restaurant interrompu par ce spectacle n’apparaissait finalement pas comme une contrainte. Il avait plus de style que celui des supporters ivres du PSV d’Eindhoven ou de l’Ajax d’Amsterdam sur la place des Terreaux à Lyon avant les matchs de ligue des champions. Avec l’optimisme qui accompagne les hôtes brésiliens dans leur vie, mais aussi celui des pays touchés par la crise. Trois jours après, ce sont les Allemands qui s’y sont illustrés en atomisant le Portugal (4-0) de Cristiano Ronaldo.
Les Hollandais sont des supporters impressionnants
Mohamed Sammar (14 ans) joue dans la même catégorie au sein du club duchérois. Il a été impressionné par ces images de rassemblements :
« Ils étaient très nombreux. Je ne savais pas qu’ils étaient aussi passionnés. C’est surprenant de voir autant de supporters faire un voyage aussi long et couteux. Ils sont tellement festifs qu’on est emporté dans leur passion. Le défilé de vendredi m’a impressionné. Il n’en finissait pas. Cela ne m’étonne pas qu’ils aient gagné 5-1. »
Au Brésil et au Portugal, les hôtels sont appelés Pousada. Le Sobredo 25 qui reçoit les adolescents du projet Brazil 2014 accueille également des supporters allemands, japonais, portugais ou anglais qui descendent un à deux, le temps du match de leur équipe. Les Soteropolitano (habitants de Salvador) les accueillent avec le sourire et le pouce levé. La rivalité germano-brésilienne ou celle des cousins lusophones (portugais et brésiliens) est loin.
Luis Antonio Sampaio Leacerda (66 ans) est le gérant de la Pousada. Il a déjà participé à un projet avec Pelé qui consistait à préparer les enfants à la coupe du monde et aux structures de son organisation. Celui-ci avait échoué à cause du manque de financements. Une autre facette des défauts des dérives dans son organisation avec les investissements qui ont mené aux révoltes. Toutefois celui-ci reste « satisfait, car l’évènement nous a permis de faire des travaux pour accueillir les supporters de toutes les nationalités. Nous avons eu des clients japonais et allemands, et d’autres nations. Il y a des supporters qui ne sont pas venus que pour supporter leur équipe, mais aussi pour découvrir la ville. Il y a une cohabitation dans l’hôtel entre les différentes nations. »