par Ce jeudi 20 février 2025, la préfecture du Rhône a organisé une conférence de presse au CFA des Compagnons du Tour de France, concernant les accidents du travail dans le domaine du BTP, en présence de plusieurs services de l’Etat. Les mots d’ordre de cette réunion ont été “la sécurité” et “la prévention” au travail.
“En moyenne, deux personnes perdent la vie chaque jour au travail” : c’est par ces quelques mots que la conférence de presse sur les accidents du travail dans le monde du BTP a débuté ce jeudi. De nombreux élus étaient présents pour cette table ronde : le directeur régional des Directions Régionales de l’Economie, de l’Emploi, du Travail et des Solidarités (DREETS), Régis Grimal, deux membres d’entreprises de BTP, deux intervenants de la Caisse d’Assurance Retraite et de la Santé du Travail (CARSAT) et Catherine Devidal, directrice de l’OPPBTP. Cette réunion s’inscrit dans la campagne nationale qui a été lancée en 2024 par le ministère du Travail, pour sensibiliser plus largement les salariés du domaine du BTP, où le travail manuel est très fréquent. L’objectif est donc de favoriser le changement de comportement des salariés sur le long terme avec des campagnes sur la sécurité du travail. D’après le rapport annuel 2023 de l’Assurance Maladie, publié en 2024, 555 803 accidents du travail ont été recensés, soit une diminution de 1,5 % par rapport à 2022. Mais le nombre de décès a malgré tout augmenté, passant à 759 en 2023, soit 21 de plus qu’en 2022. En 2023, c’est 74130 accidents de travail qui ont eu lieu sur la région AURA dont 83 décès en 2024. Des chiffres significatifs qui touchent particulièrement le secteur du commerce et des transports.
Actes de prévention
Les deux membres d’entreprise ont témoigné au micro de leurs actions menées pour sensibiliser aux risques au travail. C’était la première fois que les deux intervenants prenaient la parole lors d’une conférence de presse. Jean Christophe le Ny, pour la société Alain Le Ny, affirme que la sécurité des “compagnons” est bien prise en compte et que des après-midis sont consacrés à la formation et à la sensibilisation des risques liés au travail, autour de thèmes tels que le port du harnais, le repos, le sommeil, etc. Cette entreprise, créée en 1933 et comprenant 96 personnes, participe actuellement à la reconstruction de Notre Dame de Paris, depuis mai 2023. Ce chantier historique est l’occasion pour cette entreprise de préconiser une nouvelle procédure sur les charges que portent les travailleurs. Et quand un accident se produit, une réunion est organisée afin d’éviter de reproduire les mêmes accidents, en utilisant notamment un arbre des causes.
Sarah Ribeiro, de l’entreprise MSM42, est arrivée quant à elle dans la boîte de son père pour effectuer un diagnostic général de l’entreprise entre 2022 et 2023 en raison d’un cas d’alcoolémie présent dans l’entreprise. Anciennement aide-soignante, elle a entrepris des contrôles et des formations sur la prévention et la sécurité au travail, pendant 6 mois.
L’objectif était d’éviter que les situations précédentes se reproduisent, notamment en raison de l’expérience de l’état de santé de son père, aujourd’hui 58 ans, qui fait face depuis à de nombreux problèmes de perte de mémoire.
Encadrement financier de la CARSAT
Christophe Bonnaud (Auvergne) et Olivier Godefert (Rhône Alpes) travaillent pour le CARSAT, qui a pour mission d’intervenir auprès des entreprises pour les questions de sécurité et prévention. Il y a une centaine de préventeurs qui interviennent dans les entreprises d’Auvergne-Rhône Alpes. Trois catégories d’entreprises sont ciblées : celles où un accident mortel s’est produit pour voir les accompagner dans une meilleure démarche, les entreprises présentant de nombreux accidents graves, occasionnant des arrêts de plus de dix jours et enfin, celles où la moyenne d’accident est élevée.
Des accompagnements sont mis en place entre 6 et 18 mois, pour leur fournir les outils (analyse, TPE, chute) et les démarches nécessaires pour améliorer leur situation. Celles où les accidents sont les plus nombreux nécessitent un plus long accompagnement, car un diagnostic doit être fait pour offrir le service le plus adapté. Pendant les quatre prochaines années, 35 millions seront mis à disposition par an aux entreprises en AURA, pour financer des conseils, études, diagnostics, formations, matériels et équipements nécessaires pour investir dans la prévention. Depuis 2024, les aménagements poste de travail et la prévention des Troubles Muscolo-Squelettiques (TMS), peuvent également être subventionnés.
“Mieux vaut prévenir que guérir”
Catherine Devidal, directrice de l’OBBPTP en AURA a expliqué le rôle de premier plan de cet organisme, qui a pour mission est de réduire la sinistralité et aider les entreprises à structurer une prévention efficace, “une culture de la prévention”. Le véritable enjeu principal est une “mobilisation” des entreprises sur le sujet de la prévention, et leur faire prendre conscience des nombreux risques et accidents qui pourraient être évités. Elle affirme que ce n’est “pas une contrainte mais un levier”, pour celles-ci, qui aboutira à une meilleure performance des entreprises en BTP. Des outils digitaux sont mis à disposition ; sur la plateforme en ligne, il est possible de retrouver des plans d’actions, des affiches, et des offres documentaires sur les bonnes pratiques de prévention, qui sont issus du terrain.
En 2023, on dénombre 4 millions de visites du site internet, qui se veut accessible à toutes et tous, afin de faire profiter aux plus grands nombre d’organismes, quel que soit le secteur. Avec l’élan de la campagne nationale de 2024, Catherine Devidal et les différents intervenants espèrent un accompagnement digne des objectifs fixés, car “il vaut mieux prévenir que guérir” et éviter les difficultés.
Article signé par Ryoma Novel
