La députée de la 11e circonscription de Seine-Saint-Denis a entamé une tournée dans plusieurs villes françaises pour présenter son nouveau livre, L’Avenir, c’est l’esprit public. Elle était de passage aux Halles de la Martinière ce jeudi 10 avril, en présence d’autres élus du groupe Écologiste et Social.
Le point de départ du nouvel essai de Clémentine Autain ? “La décrépitude du public”, écrit-elle dans les premières pages. Une critique partagée par les écologistes Sandrine Rousseau, Boris Tavernier et Marie-Charlotte Garin, qui étaient dès 20h aux côtés de leur collègue dans le plus ancien marché couvert de Lyon, devenu un tiers-lieu éco-responsable. “On ne peut pas être un individu libre sans un toit sur la tête, sans avoir de quoi manger, sans pouvoir se soigner, sans éducation, sans accès à la culture” martèle l’ex-Insoumise. Sur la table qui la sépare d’une audience d’environ 70 personnes, un drapeau violet au logo de L’Après, acronyme de l’Association pour une République écologique et sociale. L’organisation, qu’elle a co-fondée en quittant LFI, était à l’origine de la soirée.
Un plaidoyer pour les services publics
“On ne compte plus les fermetures de classes” regrette la députée du Rhône, la première du quatuor à prendre le micro. Marie-Charlotte Garin a par la même occasion dénoncé la disparition de services de proximité comme les bureaux de poste, un écho évident à celui de Jean-Macé, clos en octobre sur son territoire électoral. Mais la plus jeune représentante du groupe à l’Assemblée, qui assure “faire de la politique pour tout le monde”, a surtout insisté sur le logement social : “pour 10 personnes qui l’attendent, une personne l’obtient”. Un chiffre qui coïncide avec les demandes et les attributions rapportées par la Métropole de Lyon pour 2024. Quant à son voisin de la 2e circonscription, il a fait de l’alimentation son crédo, plaidant pour la proposition de loi sur la Sécurité sociale alimentaire dont il est signataire.
Sandrine Rousseau n’arrivant que plus tard, les deux élus lyonnais ont laissé la parole à la tête d’affiche. Elle a déploré la saturation des universités et des hôpitaux publics, racontant avoir été “extrêmement frappée par un fait divers”, celui de Lucas Mannina en 2023. Ce technicien hydraulique de 25 ans est décédé d’un choc septique aux urgences de l’hôpital varois de Hyères, suite à “plusieurs dysfonctionnements”, selon le rapport de l’inspection générale des affaires sociales. L’autrice n’a pas non plus manqué d’évoquer “le scandale des EHPAD”, révélé il y a trois ans par Victor Castanet dans son ouvrage Les Fossoyeurs. Ce journaliste d’investigation a mis au grand jour les maltraitances subies par les résidents et les détournements d’argent public qui étaient monnaie courante au sein de nombreux établissements du groupe Orpea.
Le manifeste d’un projet politique
Si cette affaire illustre bien quelque chose, Clémentine Autain estime qu’il s’agit des défaillances causées par “quarante ans de politiques néolibérales”. Elle pointe du doigt une “marchandisation” et une “folie consumériste, productiviste”, appelant à une réflexion collective autour de la question “de quoi avons-nous réellement besoin ?”. Tout en l’admettant “complexe”, elle propose d’y répondre en ravivant “l’esprit public”, “le nous du commun, non pas le nous de l’exclusion mais celui de l’inclusion” et de la “justice sociale”. Devant les militants et journalistes venus l’écouter, la députée a exhorté l’Etat à cesser de rester “passif”, à “piloter”. Une mission qu’elle ne juge pas solitaire, mais qui nécessiterait de s’appuyer sur les collectivités locales, l’ESS et le tissu associatif. Ce projet politique semble d’ailleurs en avoir séduit plus d’un, puisque l’adjoint au maire Laurent Bosetti à profité de cette étape de la tournée pour annoncer son départ de LFI au profit de L’Après.
Après avoir échangé avec son auditoire, Clémentine Autain a accepté de répondre aux questions du Lyon Bondy Blog :
Aurélien, militant du parti Génération·s, autre membre du groupe Ecologiste et Social, a questionné les intervenants sur l’inclusion des quartiers populaires et des quartiers ruraux dans ce projet politique. Pour en savoir plus, le Lyon Bondy Blog est allé à sa rencontre :
Article et interviews signés par Cecilia Adrián Tonetti
Crédit photo : Adrien Drioli