Le 7 février dernier, Christelle Bardet publie son livre Quand maman plantait des brosses à dents. L’auteure lyonnaise saisit les mots et les manies d’une manière poétique dans le but de raconter l’histoire de sa maman, Mireille, atteinte d’Alzheimer, qu’elle a accompagnée pendant 14 ans.
En 2002, le père de Christelle Bardet décède des suites d’un cancer de la gorge. Quelques mois plus tard, l’auteure part en vacances avec sa maman et détecte quelques soucis. Parfois, elle se levait en plein milieu de la nuit pour faire son lit, d’autre fois elle ne savait plus comment convertir l’argent. Christelle met ça sur le choc de cette perte, en plus d’avoir un terrain dépressif, que l’on retrouve souvent chez les malades.
6 mois plus tard, les signes sont de plus en plus apparents. Suite à un rendez-vous avec un spécialiste, le diagnostic est sans appel : malgré une autonomie et une liberté infinie, puisqu’elle conduisait encore sa voiture et avait un travail avec les enfants, Mireille, 56 ans, a la maladie d’Alzheimer. En accord avec la neurologue, Christelle décide de taire le nom de cette pathologie pour ne pas inquiéter sa maman.
« Dieu merci il n’y a jamais eu de drames »
Suite à cette nouvelle, Christelle Bardet prend conscience qu’elle va devoir gérer ça au jour le jour, « ça laisse une grande part d’improvisation ». Son ouvrage renferme énormément de moments détaillés passés avec sa maman. A la lecture de celui-ci, les secrets de Mireille sont mis à nus d’une manière touchante et sans artifices. Lorsque l’auteure évoque une chanson que sa maman appréciait, les paroles vont y être inscrites à la fin du chapitre.
La maman de Christelle était très autonome et très libre, c’est pour cette raison que le diagnostic a été un vrai choc pour l’auteure. Elle explique que le décès du mari de Mireille a été le révélateur de la maladie, « ce n’est pas l’élément qui fait apparaitre la maladie en tant que telle mais c’est ce qui provoque la maladie ».
Malgré quelques problèmes évoqués pendant ses heures de travail, il n’y a jamais eu de véritable drame. Le plus difficile pour Christelle a été le placement en maison, un sentiment d’abandon l’a envahi même si elle avait conscience que l’aide qu’elle pouvait apporter avait atteint ses limites.
« Si je l’avais laissée là-bas c’est sûr qu’elle serait partie beaucoup plus tôt »
L’isolement social et la solitude sont des facteurs importants dans la perte d’autonomie, « une personne qui va être entourée ne réagira pas du tout de la même manière ». Les malades d’Alzheimer étant assez confus, il est nécessaire de « ne pas les mettre dans une situation d’échec et de les accompagner ». Mireille a été longtemps suivie au quotidien par les « fées », comme sont appelés les proches par l’auteure. Cette dernière précise que « la prise en charge, notamment affective, est extrêmement importante ».
L’environnement qui entoure le malade doit inévitablement être sain et rassurant. Dans son ouvrage, Christelle Bardet raconte l’évolution de la maladie qui a touché sa maman. Le placement dans un établissement dans lequel le personnel ne s’occupait pas bien d’elle aurait pu lui être fatal. De la même façon, les jours de fêtes ne doivent pas être oubliés, « ce n’est pas parce qu’ils perdent leur appréhension des évènements qu’ils n’en ont pas conscience non plus ».
Selon France Alzheimer, la maladie touche 3 millions de personnes aussi bien directement qu’indirectement. Christelle Bardet a vécu une relation d’échange et d’amour pur en traversant de mauvais moments mais aussi des bons moments comme le voyage à Saint-Tropez qu’elle raconte de manière détaillée dans son livre.