« C’est de plus en plus difficile de rendre la justice dans ces conditions-là »

Une mobilisation nationale regroupant magistrats et avocats s’est tenue ce mardi, en réponse à un appel des syndicats. À Lyon, plusieurs dizaines d’avocats, greffiers et magistrats se sont réunis au tribunal correctionnel pour dénoncer de mauvaises conditions de travail et une justice qui peine à remplir son rôle.

Dans une grande salle du tribunal correctionnel de Lyon, ils sont là. Magistrats, greffiers, avocats, tous sont réunis pour la même raison. Dénoncer des conditions de travail déplorables, alerter face à une justice de plus en plus défaillante. « Il y a une colère, mais surtout une grande tristesse face à l’état de la justice », déplore un magistrat au cours de la réunion publique. Tous évoquent « un sous-effectif chronique », des dossiers repoussés sans arrêt, d’autres jugés sans prendre le temps.

Véronique Drahi, déléguée régionale du syndicat de la Magistrature.

S’ajoutent des logiciels dysfonctionnels, des départs non remplacés, des hommes et femmes fatigués par un rythme effréné. En clair, les acteurs de la justice font face à une charge de travail trop grande dans des conditions qui ne s’améliorent pas. Un constat difficile qui complique et entrave le rôle de la justice, du troisième pouvoir.

Véronique Drahi.

L’année dernière Le Monde publiait une lettre signée par plus d’un tiers de la profession. Nommé la tribune des 3000, magistrats et greffiers dénonçaient déjà ces conditions de travail. Cependant, « la situation est malheureusement la même que l’an dernier », souligne l’assemblée publique.  

Des annonces ministérielles insuffisantes

Début novembre, Éric Dupond-Moretti, ministre de la Justice, présentait son budget devant le Sénat. 9,6 milliards pour 2023, soit 710 millions supplémentaires (environ 8%). Une augmentation qui peut paraître conséquente, mais qui reste « largement insuffisante », explique Véronique Drahi, déléguée régionale du syndicat de la Magistrature. « Concrètement, à Lyon il faudrait deux fois plus de juges et pour le parquet il faudrait quatre fois plus de procureurs pour être dans la moyenne européenne. », détaille la magistrate. Actuellement la ville compte 116 juges, 42 procureurs et 460 greffiers. Pour être dans moyenne européenne il faudrait 288 juges et 183 procureurs uniquement à Lyon. Au niveau national pour atteindre cette moyenne la justice nécessite 10 945 juges (7535 actuellement) et 6880 procureurs (1605 actuellement).

Une mobilisation qui pourrait s’intensifier

Les acteurs de la justice se mobilisent rarement. Ils ne sont pas autorisés à faire grève et ne peuvent donc que difficilement montrer leur mécontentement. Pour autant, ils disposent de plusieurs moyens pour s’exprimer, détaille Thomas Fourrey, avocat au barreau de Lyon et secrétaire général du SAF (Syndicat des Avocats de France).

Thomas Fourrey, avocat au barreau de Lyon et secrétaire général du SAF.

Une situation compliquée qui pose plusieurs dilemmes.

Thomas Fourrey.
Plusieurs dizaines d’avocats, magistrats et greffiers étaient présent lors de cette réunion publique.

Pour conclure cette réunion publique, magistrats, greffiers et avocats ont tenu à rappeler qu’ils ne souhaitent « qu’offrir une justice de qualité aux justiciables ».

Léo Ballery

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