Début février, la ville de Bron a été labellisée « Cité éducative » : une distinction gouvernementale à destination des politiques éducatives dans les quartiers prioritaires. Elle a pour objectif de décloisonner le travail fait par les acteurs de l’état, de l’éducation nationale et du monde associatif.
La labellisation comme « cité éducative » vaut pour trois années et correspond à un appel à projet du gouvernement à destination des politiques éducatives dans les quartiers prioritaires. La ville de Bron en compte deux, Parilly et Terraillon. Un des objectifs est de décloisonner le travail qui peut être fait d’une part par l’éducation nationale (écoles, collège, lycée, université), d’autre part par la ville, les acteurs de l’état et les acteurs associatifs. François-Xavier Penicaud, adjoint au maire délégué à l’éducation de la ville de Bron, souligne la volonté municipale de construire un plan et un programme d’action qui donne la priorité à l’éducation : « On a une conviction partagée avec les acteurs de l’État et de la ville que l’éducation est la mère de toutes les politiques. C’est celle d’où peuvent venir les plus grandes inégalités mais aussi celle qui peut être la source de la construction durable de la cohésion et de la réussite pour tous ».
Les trois cinquièmes des investissements de la mandature dédiés à l’éducation
La ville de Bron avait donné la priorité à l’éducation dès la mandature précédente. Elle a été sélectionnée cette année grâce à la poursuite d’un travail partenarial très fort entre les acteurs éducatifs de la ville. De l’été à l’automne dernier, ont été mis en place une série d’ateliers de travail associant les parents d’élèves, les enseignants, les acteurs associatifs, les établissements scolaires et l’ensemble des équipes municipales participant de l’effort éducatif. « Le projet de Bron a été retenu car ce n’était pas la promesse d’un travail coopératif et partenarial, ce travail était déjà initié et il avait besoin d’être renforcé », précise François- Xavier Penicaud.
La participation de la ville est à la hauteur de 25% de l’effort global, le reste étant pourvu par l’État. Cela correspond à 100 000 euros pour la ville et 300 000 à la charge de l’État par an pour faire vivre le projet de cité éducative. En plus de cela, sur la durée du mandat municipal, l’éducation est le premier budget d’investissement de la ville : 33 millions d’euros au total, ce qui représente les trois cinquièmes du budget d’investissement. La majorité sera matérialisé dans des constructions : une nouvelle école aux Genêts, plusieurs extensions d’établissements comme l’école Louise Michel ou Pierre Cot et Jean-Moulin à Teraillon, un programme de rénovation et de végétalisation des cours d’écoles co-construit par les élèves et personnels d’établissement.
Soutenir les grandes innovations nationales
La ville de Bron a été reçue cette année également car elle accompagne un certain nombre d’innovations au bénéfice de l’égalité des chances dans les quartiers. Par exemple, elle travaille avec l’Institut des Sciences Cognitives de Bron, sur un plan de recherche et d’expérimentation d’une technique d’apprentissage précoce du français auprès des publics allophones, doublé d’un travail de sensibilisation des familles. « Dans un certain nombre de quartiers populaires et d’écoles REP et REP+, nous avons le problème d’avoir des enfants qui arrivent en maternelle sans avoir eu de bain linguistique francophone à la maison et donc qui prennent un retard dès le départ qu’on a du mal à faire rattraper ensuite », confie l’adjoint au maire délégué à l’éducation.
Un travail sur plusieurs fronts pour mieux vivre à l’école et s’orienter
Tout un volet de la cité éducative est dédié aux questions d’orientation, d’insertion et d’emploi notamment via le comité local d’action contre le chômage (CLACC), lancé début 2021. Il sert à mettre en synergie la cinquantaine d’associations ou d’institutions qui travaillent sur les questions d’emploi. « Au lieu que chacun informe ses bénéficiaires de ses actions, on donne la possibilité à chacun d’être la caisse de résonnance des actions des autres » explique l’élu Brondillant. Les résultats ne se sont pas fait attendre : « Cette stratégie nous a permis en 2021 de multiplier pratiquement par 3 le nombre d’entretiens d’embauches. Là où on avait une personne qui avait deux entretiens d’embauches, aujourd’hui on a deux personnes qui ont trois entretiens d’embauche ».
La lutte contre le harcèlement scolaire est également un cheval de bataille. Un partenariat a été mis en place avec l’éducation nationale le dispositif gouvernemental PHARE. Il a pour vocation de former les personnels éducatifs et les agents de la ville comme les Atsem au traitement des situations de harcèlement scolaire. En collaboration avec les parents d’élèves et l’association HUGO !, la municipalité élabore un flyer à destination des familles, du corps enseignant et des enfants. Une grande campagne d’affiche dans toute la ville est également prévue : « On croit que la lutte contre le harcèlement scolaire ne doit pas être portée de façon intimiste avec les personnes déjà sensibilisées ou les délégués de parents, c’est une affaire sur laquelle chacun doit-être en capacité de déceler les situations, la campagne a pour vocation de toucher les 40 000 Brondillants. »
Le plan de rénovation urbaine du quartier de Parilly mené conjointement avec la Métropole et l’État devrait apporter une mixité sociale au sein des groupes scolaires. Outre les actions sur le bâti, la valorisation de l’école passera également par la lutte contre le décrochage scolaire, les discriminations et travailler sur l’estime de soi des élèves.