Depuis dix ans, l’auto-organisation de la Boxe Populaire Croix-Rousse propose des entraînements ouverts à tous et toutes. Des valeurs de solidarité et d’intégration marquées par un soutien envers des jeunes migrants.
Créée il y a environ 10 ans par des personnes en recherche d’emploi, la Boxe Populaire Croix-Rousse est une auto-organisation qui ne reçoit pas de subventions. Pour monter sur le ring, pas besoin de cotisations, les prix varient selon la situation de chacun. Les entraînements hebdomadaires de la Boxe Populaire Croix-Rousse prennent place dans une des salles d’un centre multisport. Le dimanche, de 16 à 19h, une dizaine de boxeurs échangent des jabs dans le respect et la convivialité. Issus de tout horizons sociaux, de tout âges et de toutes nationalités, une chose les rassemble : leur amour pour la boxe.
Des valeurs d’ouverture bien définies
Depuis deux ans, la Boxe Populaire Croix-Rousse ouvre ses portes à des mineurs non accompagnés (MNA). Ces jeunes, venus d’Afrique, ont donc la possibilité de pratiquer la boxe gratuitement et même de faire de la compétition, en cas d’assiduité. Une trentaine d’entre eux a déjà pris les gants à Croix-Rousse, un quartier très engagé dans le soutien aux jeunes migrants, et qui avait notamment participé à la manifestation du 12 mars.
Parmi les nouveaux arrivants, Ibrahim, réfugié guinéen, témoigne de son parcours et de son désir de perfectionner ses uppercuts : « Je suis venu en France pour y faire de grandes choses. J’ai traversé la Guinée, le Mali, le Maghreb, l’Italie et puis la Suisse pour venir travailler ici, mais surtout y faire de la boxe. Cela faisait deux ans que je m’entrainais seul, et maintenant, j’ai la chance de boxer ici, dans un club très solidaire ».
Participer aux entraînements et faire des matchs est très important pour les MNA. Ces jeunes pourront alors témoigner, avec l’appui de leur expérience à la Boxe Populaire Croix-Rousse, de leur intégration et de leur bonne volonté devant la justice pour faire reconnaître leur minorité. Une initiative qui dépasse le cadre du sport.
Un entraînement type
Les séances commencent par une bonne demi-heure d’échauffement, où les muscles se chauffent pour enchainer sur plusieurs petits exercices de perfectionnement de certains coups. Le matériel utilisé provient de divers dons. En fin de séance, la pesée traditionnelle est effectuée pour les boxeurs qui partent prochainement en compétition. S’ensuit enfin un dernier instant de partage, où une assemblée générale de tous les membres est organisée sur le tatami. En cercle, ils font un bilan de l’entraînement, et tout le monde peut s’y exprimer. C’est aussi le moment où sont proposés, débattus et votés les décisions concernant la boxe populaire.
Nelson, l’un des fondateurs et encadrant de cette auto-organisation, en détaille la spécificité : « Ce n’est pas un club, c’est une boxe populaire. On n’aspire pas à réaliser les mêmes choses. Un club va chercher à avoir le plus grand nombre de licenciés, de coupes et de médailles, alors que la boxe populaire vise à offrir l’accès de la boxe à tous et toutes ».
Le phénomène de la boxe populaire est assez répandu en Europe Méditerranéenne, que ce soit en Italie, en Espagne, ou dans le sud de la France. Il existe même en Europe des fédérations de boxe populaire, avec une gestion professionnelle.
Des ateliers à thème
Pour se renouveler, la Boxe Populaire Croix-Rousse, toujours dans une volonté de partage, propose une à deux fois par an un atelier self-défense féminine. Victoria, venue essayer cette discipline, raconte ce qu’on lui a enseigné : « J’ai appris que le but du self-défense, c’est d’être efficace, de neutraliser l’agresseur et de se sortir de toute situation. Je considère que j’ai le droit de me promener partout, donc si je peux avoir des techniques d’auto-défense, c’est encore mieux ! ».