Beatmaking : une ascension dans l’ombre

Le beatmaking est une création de pistes musicales rythmées qui est sans doute le point le plus important pour le hip hop et bien sûr le rap. Derrière chaque grand artiste et musique de rap actuel se cache un beatmaker. Voici donc un focus sur cet art numérique.

L’arrivée du Beatmaking est étroitement liée avec l’arrivée du DJ dans les années 70. Le cheminement jusqu’à la totale reconnaissance du rôle d’un beatmaker n’a pas du tout été simple (encore aujourd’hui). De la non-reconnaissance jusqu’au vol, les beatmakers sont vus comme « les hommes de l’ombre ».

Les années 70 : La face cachée de l’industrie 

C’est donc pendant l’arrivée de tout un univers musical (hip hop, rap) que la création du beatmaking s’est glissée aux États-Unis. Les créations sont appelées des « beats » ou encore des « prods » et c’est là-dessus que les rappeurs posent leur voix. Pas du tout mis en avant, les beatmakers voient assez rapidement leur production être utilisée sans reconnaissance. 

Dans les années 70, ce rôle ne parle à personne. Dans l’imaginaire collectif, il s’agit juste d’assembler des pistes musicales, rien de très élaboré. Une majorité de rappeurs produisent d’ailleurs eux-mêmes leurs  » beats » et les utilisent simplement. L’importance durant cette époque est la rythmique imposée par le poseur de voix, les paroles et l’engagement. On ne se soucie pas trop de ce qui sert de musique en fond et très souvent, c’est à Capella que les shows se produisent.

La montée en puissance  

Au fil du temps, le beatmaking a su se forger une place de plus en plus importante. Les auditeurs de rap veulent des musiques plus construites et plus profondes. La musique ne se joue plus dans la rue ou dans certains endroits, mais est maintenant diffusée aux quatre coins des États-Unis et même du monde. 

Les grands de l’industrie musicale ont compris que pour produire un « hi »t, il faut derrière une prod qui assure :  » Ambitionz az a Ridah » de Tupac, « Still Dree  » de Dr Dre et Snoop Dogg, « The message » de Nas… Tous ces classiques du rap ont évidemment une « prod » mythique qui envoûte les auditeurs. 

Malgré l’importance du rôle du beatmaker, pour beaucoup leurs productions se font voler par les rappeurs en n’étant tout simplement pas créditées. Les auditeurs entendent les beats, mais sans réellement se soucier de qui les produit derrière. Un écart se crée alors entre les beatmakers qui triment et ceux qui vont adopter un double rôle. 

La double casquette

Dr Dre et Kanye West sont deux légendes du rap, mais ont surtout opté pour la double et sont loin d’être les seuls. Dr dre est de base un beatmakeur et se définit d’ailleurs comme tel. Il a produit lui-même ses plus grands morceaux et même ceux des autres notamment Eminem. Kanye West est aussi réputé pour produire lui-même ses morceaux.

Eminem et Dr Dre produisent le son « Rap God« 

Sur la scène francophone, le rappeur belge Damso produit lui aussi une majorité de ses sons. La reconnaissance du beatmaking est en fait totalement adoptée par les rappeurs. Ils savent l’importance d’un bon beat. Pour les auditeurs, il aura fallu attendre quelque temps pour que le rôle soit apprécié à sa juste valeur (et encore…)

L’ère d’internet 

L’ère d’internet a tout changé pour le beatmaking. YouTube ou encore SoundCloud ont plus que jamais aidé à démocratiser cet art. Depuis les années 2010, les beatmakers semblent enfin faire leur route seuls.

Désormais on peut entendre des tags sur chaque prod (signature numérique des beatmakers) et ainsi reconnaitre les artistes derrière la prod : Pyroman, I am the danger, Bella trak sont tous des tags connus dans le rap français.

Plusieurs ont d’ailleurs lancé leur chaîne YouTube à succès, comme Ysos, pour ne citer que lui. Énormément de duo Beatmaker/ rappeur sont d’ailleurs mis en avant comme Josman feat Eazy Dew ou encore Vald feat Seezy.  Des milliers de « prod » sont vendus sur internet faisant le gagne-pain des beatmakers.

L’arrivée de l’intelligence artificielle risque d’impacter fortement le monde de la musique ( et l’impact déjà) . Des interrogations se posent déjà sur le potentiel remplacement des intelligences artificielles dans le monde de la musique. Le beatmaking est un art qui s’aide des assistances numériques pour produire des compositions. Il y a fort à parier que les intelligences artificielles soient bientôt un outli plus que nécessaire pour produire des « beats ». Et quant aux beatmakers, ils vont encore plus devoir se démarquer pour qu’on puisse les reconnaitre. 

Dorénavant, nous connaissons tous le rôle de Beatmaker mais comme le rap, ce n’est pas toujours simple d’en vivre totalement. Bon nombre de compositeurs numériques sont en difficulté. Le beatmaking s’est fait sa propre route, mais une route qui reste toujours moins éclairée que celle des rappeurs. 

Luan Martinez

La rédaction

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